Jean-Luc GASNIER (avatar)

Jean-Luc GASNIER

Inactif en activité, membre d'ATTAC33, de nationalité française mais terrien avant tout

Abonné·e de Mediapart

638 Billets

3 Éditions

Billet de blog 30 janvier 2016

Jean-Luc GASNIER (avatar)

Jean-Luc GASNIER

Inactif en activité, membre d'ATTAC33, de nationalité française mais terrien avant tout

Abonné·e de Mediapart

Chapeau l’artiste !

Jean-Luc GASNIER (avatar)

Jean-Luc GASNIER

Inactif en activité, membre d'ATTAC33, de nationalité française mais terrien avant tout

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mme Taubira s’en est allée, sur son vélo,  modeste accessoire au service d’une sortie flamboyante. Elle a quitté  le gouvernement parce que : « parfois résister c’est partir ». Elle avait paraît-il beaucoup résisté en restant au ministère de la Justice pendant plus de trois ans.

La vie de Christiane Taubira est une vie de résistance.

Elle avait résisté bien sûr, avec fougue et brio, lors du vote de la loi instituant le mariage pour tous, aux attaques de ces adversaires traditionnels de l’extrême droite et de la droite extrême qui s’étaient déchaînés contre cette ministre de couleur. Le peuple de gauche, révulsé par les injures racistes et les accusations indignes portées à son encontre, en avait fait sa passionaria du moment.

Mais ce n’est là qu’un haut fait d’armes parmi d’autres : tout au long de sa carrière politique Christiane Taubira s’est signalée par une grande indépendance d’esprit et par des prises  de position particulièrement courageuses pour une femme de gauche. Son parcours est jalonné de repères marquants pour tout citoyen attaché à l’éthique républicaine et à la cohérence d’un engagement, valeurs d’ailleurs si essentielles pour nos responsables socialistes.                                                      

Christiane Taubira a toujours choisi  de résister :

résister tout d’abord, en tant que députée de la Guyane, nouvellement élue, à  la tentation de ne pas voter la confiance au gouvernement Balladur, c’était en 1993 ;

résister à ses camarades socialistes en 2002 pour céder aux injonctions de son ami Bernard Tapie l’implorant de se présenter à l’élection présidentielle : « C’est fabuleux », « parce que tu es femme , que tu es black ». . .

Résister encore et toujours depuis son entrée au gouvernement Ayrault en 2012 . . .

Résister par exemple  à la demande d’annulation - formulée par de nombreuses associations -  de  la circulaire Alliot-Marie sur le boycott des produits étiquetés « Israel » mais en provenance des territoires occupés ;

résister à tout mouvement d’humeur et à l’exercice d’un petit contre-pouvoir  lorsque Rémi Fraisse est tombé au barrage de Sivens, victime d’une grenade offensive ;  résister à l’envie de demander véritablement des comptes aux responsables et au gendarme coupable de ce geste criminel ;

résister à toute pression sur les magistrats lors des  multiples acquittements d’agents de  force de l’ordre convaincus de violence auprès de manifestants ou de gens ordinaires, résister aux demandes de libération de Georges Ibrahim Abdallah, incarcéré depuis plus de trente ans,

résister à la tentation de dialoguer avec les syndicats de son ministère. Céline Parisot , secrétaire général de l’USM déclarait voir la ministre « une ou deux fois par an. Les autres, on les voyait plus souvent. Pour le projet de loi de réforme de la procédure pénale, on a découvert le texte dans le Monde. On a demandé communication du texte, on l'a eu quarante-huit heures après. On ne nous avait pas exposé le détail de ce qui était projeté. Depuis 2012, on discute plus avec les services du Premier ministre et du ministre de l'Intérieur qu'avec ceux du ministère de la Justice. On ne comprend pas, on n'a jamais eu une relation si distante avec un ministre. » ;

résister aux terroristes et aux activistes  de tout poil avec  la loi sur le Renseignement ;

résister en reculant devant la mise en place de l’état d’urgence et en entérinant l’encadrement des libertés publiques et individuelles, résister en  substituant le policier au juge et en livrant les citoyens à l’arbitraire des décisions préfectorales, résister en actant l’affaiblissement  du droit ;

résister à demander une justice clémente pour les salariés Goodyear ;

résister à la tentation de démissionner dès l’annonce de la perte de nationalité pour les binationaux coupables d’actes terroristes ;

résister aux arbitrages défavorables et au  sentiment d’impuissance pendant plus de trois ans . . .

Résister, résister puis partir enfin, lassée ou délaissée. . .

Partir donc mais partir avec panache, avec toute la prestance et le verbe requis.  Partir en oubliant le souci de soi mais en clamant «  la fidélité à soi, à nous ». Partir car une ministre de gauche, la dernière, ne peut rester dans ce gouvernement de droite. Partir et devenir une icône, l’icône de la gauche.

 Chapeau l’artiste !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.