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Billet de blog 30 juin 2013

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Les trois fronts

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Pour les socialistes français, José Manuel Barroso est un bouc émissaire idéal. En tant que Président de la Commission européenne, il symbolise la technocratie bruxelloise, la politique d'austérité, le libéralisme dogmatique et, bien sûr, la soumission au pouvoir financier. Les revers électoraux récents du PS et la montée concomitante du Front National trouvent là une explication qui vaut presque décharge de responsabilité. Une nouvelle fois, c'est la faute à l'Europe . . .

Mais l'art de la défausse a ses limites : en stigmatisant Mr Barroso, les ministres socialistes,qui montent les uns après les autres au créneau, ne font en réalité que déplorer l'impuissance et la démission de François Hollande face au vrai pouvoir européen : celui de la chancelière allemande Angela Merkel qui impose la politique de l'euro fort à l'ensemble de ses partenaires. Car c'est bien la volonté inébranlable des uns alliée au renoncement des autres qui fournissent le carburant de la politique de Mr Barroso et de la crise systémique, alimentant ainsi la frustration et la colère d'une fraction grandissante de l'électorat européen. Toute une chaîne de responsabilités qui débute dans les différentes capitales européennes explique la montée inquiétante des formations nationalistes de la droite extrême comme le Front National en France ou « Aube dorée » en Grèce.

Les partis de gouvernement qui ont permis, dans un déni démocratique quasi permanent ( avec pour point d'orgue le refus d'entériner les résultats du référendum sur le TCE), l'installation et le développement d'une Union Européenne « atlantiste » et néolibérale ne peuvent prétendre constituer un front républicain susceptible d'endiguer la progression du Front National. L'UMP et le PS travaillent quotidiennement à l'affaiblissement du pouvoir républicain face au pouvoir financier et à la violence des dominants. Ce sont bien les seuls à ne pas pouvoir « crier au loup » ! Notre république est fatiguée, éreintée par les coups de force et les « coups tordus » successifs de ses représentants ; elle menace désormais de se coucher devant des maîtres prétendument en rupture avec le système. Le Front national, en axant son discours sur la dénonciation d'une Europe responsable de la crise économique et sociale, fait obligatoirement des émules car son offre politique paraît radicalement différente de celle des partis « traditionnels », définitivement compromis et discrédités par l'échec économique, social et écologique du modèle néolibéral européen. Notre démocratie est à ce point malade et déréglée que la résistance est désormais représentée, pour une proportion croissante de l'électorat, par un mouvement qui a toujours prôné la soumission au chef et le respect de valeurs réactionnaires. Le Front de gauche qui s'est constitué récemment et qui est systématiquement desservi et dévalorisé par les médias dominants ne réussit malheureusement pas encore à bouleverser la donne politique et à faire valoir sa différence. Des trois fronts, c'est le seul qui soit véritablement porteur d'espoir mais, pour l'instant, le corps social ne sait plus comment dire « non ».

Nous approchons de la période estivale, période de relâchement de l'activité militante et de la vigilance citoyenne, marquée malgré tout cette année par un certain nombre de rendez-vous importants dont le rassemblement des 3 et 4 août à Notre Dame des Landes. Pendant les vacances, le gouvernement avancera dans l'ombre et préparera un certain nombre de dossiers particulièrement inquiétants, porteurs de choix de société qui vont engager notre avenir commun. De la réforme des retraites à la future réglementation de l'activité libérale à l'hôpital (lire ici), le libéralisme continuera à avancer ses pions. . .

Le mouvement alternatif et le Front de gauche devront à la rentrée, plus que jamais, exiger un changement radical de cap. Il faut aussi oeuvrer à un rassemblement encore plus large, plus massif, des forces de gauche opposées à la politique actuelle afin d'offrir des perspectives à l'électorat. Lors des prochaines élections municipales et européennes, le mécontentement populaire trouverait alors un autre exutoire que la radicalité et l'alternance factices du Front National en évitant le piège du Front républicain.

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