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Billet de blog 30 septembre 2015

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Un petit chef d’Etat et un grand marchand d’armes

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A défaut d’être populaire, François Hollande se targue volontiers d’être cohérent. Dans un documentaire diffusé récemment sur France 3, on le voit, appréciant les avis des commentateurs de la vie élyséenne : « Ce qui ressort des commentaires, c’est la clarté : il y a une ligne, il y a un cap, il y a une méthode ». Il savoure une efficacité potentielle, une reconnaissance à venir. Il est satisfait de l’image présidentielle, complaisamment retouchée, que lui renvoient son petit staff de communicants et les journalistes accrédités. Il est dans sa bulle, il se paye de mots. Et le miroir déformant l’accompagne aussi dans ses déplacements internationaux. Notre président est alors le  chef d’Etat d’une grande puissance, membre permanent du Conseil de sécurité, tout pénétré de son importance, alors même que sa politique, alignée sur celle des USA,  le condamne aux seconds rôles.

Après l’intervention française en Syrie contre des bases de l’Etat islamique, la voix de notre Président à la tribune des Nations Unies  reste inaudible. Ses déclarations, ses propositions, afin de lutter contre DAESH ne trouvent aucun écho  et tous  les protagonistes savent aussi que des raids aériens sporadiques ne peuvent changer la donne sur le terrain. La ligne, le cap, la méthode sont incomprises. Il n’est que trop évident que ces  actions militaires sont menées à des fins de communication  - on ne peut rester inactif face à une menace terroriste que l’on agite en permanence face à l’opinion publique -  sans avoir pour objectif  une résolution  globale des conflits dans cette région du monde.

Certes, « on ne peut pas faire travailler ensemble les victimes et le bourreau » ; certes, il faut lutter contre la dictature de Bachar el-Assad.  Mais, ce qui est vrai en Syrie doit l’être également à l’échelle de la région. Or les occidentaux sont depuis longtemps discrédités car ils conduisent, depuis le découpage de l’empire ottoman,  une politique qui ne vise pas à l’émancipation des peuples mais à servir leurs propres intérêts et notamment à « sécuriser » leurs approvisionnements en pétrole.  Avant les balles des attentats du 7 janvier, avant la déstabilisation de l’Irak, de la Lybie,  de la Syrie,  il y a des politiques désastreuses, incohérentes ,  il y a des dictatures que l’occident a aidées puis combattues par pur opportunisme, sans tenir compte de la souffrance des peuples, dans un esprit de prédation ;  il  y a la frustration, la misère, le ressentiment.

Quel peut être le crédit d’un pays qui, depuis des années maintenant, aux côtés des Etats-Unis, soutient inconditionnellement et imperturbablement la politique raciste et colonialiste de l’Etat hébreu ?

Quel peut être le crédit d’un pays qui livre des Rafale aux monarchies du golfe et en particulier à l’Arabie saoudite, le grand allié, qui vient de condamner à la décapitation un jeune chiite de 19 ans pour avoir manifesté à l’âge de 17 ans contre le régime ?

 Comment  peut-on  faire entendre sa voix face à Poutine au moment même où l’on vient de s’engager à revendre les deux porte-hélicoptères Mistral à l’Egypte gouvernée par le maréchal Sissi qui, par une politique répressive aveugle, est en train d’attiser les mouvements islamistes  les plus radicaux ? (lire ici)

François Hollande fournit en munitions une poudrière, alimente le chaos avec une grande persévérance, et s’étonne  qu’on lui refuse le rôle de sauveteur en chef.

De fait, il dispose du crédit qu’il mérite, celui d’un petit chef d’Etat et d’un grand marchand d’armes.  Le combat contre le terrorisme requiert un meilleur ambassadeur.

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