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Billet de blog 31 mars 2025

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Tous connectés !

A l’ère du numérique et de la transition énergétique, nous sommes de plus en plus environnés de robots intelligents et d’un tas de dispositifs électroniques censés nous simplifier la vie et nous permettre dans le même temps d’optimiser notre dépense énergétique. . .

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A l’ère du numérique et de la transition énergétique, nous sommes de plus en plus environnés de robots intelligents et d’un tas de dispositifs électroniques censés nous simplifier la vie et nous permettre dans le même temps d’optimiser notre dépense énergétique.

En 15 ans , entre 2010 et 2025, le nombre d’objets connectés dans le monde est passé de 1 milliard à 50 milliards environ. En France, l’internet des objets (IoT) qui regroupe l’ensemble des appareils connectés, et notamment les appareils sans fil, représente un marché en plein développement avec un taux de croissance de 15 % par an. La domotique, le marché de la maison connectée équipée de technologies éco-énergétiques connaît une expansion rapide.

Du thermostat connecté jusqu’aux volets connectés en passant par le réfrigérateur connecté capable d’adapter sa température en fonction de son niveau de remplissage, toute une batterie de produits à usage domestique sont proposés au consommateur pour administrer son quotidien, lui offrir un meilleur confort de vie et réduire sa facture d’énergie.

Mais dans ce domaine, l’effet rebond ou le paradoxe de Jevons, du nom de l’économiste anglais qui l’a théorisé pour la première fois, fonctionne également : les petites économies d’énergie individuelles ne font pas globalement les grandes économies escomptées et aboutissent même à l’effet inverse à cause de l’augmentation du nombre d’appareils électroniques en service.

Tous ces objets emblématiques de l’ère du greenwashing représentent une part croissante de l’impact environnemental du numérique qui est lui-même de plus en plus important, l’économie du numérique est désormais à l’origine d’ environ 4 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, largement plus que le secteur de l’aviation. Toute une technologie développée pour préserver l’environnement se révèle au final être un accélérateur du réchauffement climatique et de la dégradation de la planète.

Les stratégies marketing des firmes ainsi que la communication gouvernementale sont pernicieuses car elles s’appuient sur des motivations respectables et légitimes pour entraîner les consommateurs candides vers le monde trompeur de la consommation éco-responsable. Dans la maison connectée de la fée électricité, on multiplie sans complexe les gadgets électroniques qui suppriment les petits gestes ennuyeux du quotidien et optimise en permanence l’empreinte environnementale.

ENEDIS, la filiale d’EDF qui gère le réseau de distribution d’électricité, est évidemment un acteur de premier plan de cette transition énergétique qui prétend concilier croissance et écologie. Et cet acteur, filiale d’une entreprise publique d’intérêt national, bénéficie pour son développement de l’aide de l’État et d’un appui qui peut être coercitif. Avec Enedis, vous êtes connecté d’office !

Tout le monde connaît le compteur Linky le boîtier connecté de couleur verte qui enregistre votre consommation d’électricité et dont l’installation a été imposée dans tous les foyers. Si l’on en croit Enedis, ce compteur intrusif « vous facilite la vie , simplifie vos démarches et vous permet de maîtriser votre consommation et votre facture d’électricité». Sur le site de l’entreprise, la liste des services et des avantages offert par ce compteur est impressionnante.

Or, un rapport récent de la Cour des comptes met en évidence que Linky simplifie surtout la vie à Enedis et très peu voire pas du tout à l’usager. Qui va par exemple passer des heures sur son compte Linky pour apprendre à mieux gérer sa consommation globale en la comparant à celle

des foyers qui possèdent les mêmes caractéristiques ou suivre sa consommation au quotidien pour choisir des offres tarifaires qui fluctuent aussi en permanence ?

L’installation forcée des compteurs Linky aura coûté par contre 5,7 milliards d’euros aux contribuables et usagers, l’investissement étant répercuté sur la facture des consommateurs, pour une économie globale estimée à environ 1 % de la consommation d’électricité, bien loin des objectifs affichés.

Et l’impact environnemental de ces compteurs bourrés de composants électroniques fabriqués avec des métaux rares extraits aux quatre coins de la planète est particulièrement questionnable d’autant plus que leur durée d’utilisation est bien inférieure à celle des anciens compteurs : une quinzaine d’années seulement au lieu de 60 ans pour les compteurs électromécaniques.

Le compteur Linky, vanté par Enedis, est représentatif de la transition énergétique du gouvernement : il ne permet pas à l’échelon national de réaliser des économies d’énergie mais sert uniquement les profits d’une entreprise qui, et c’est un comble, l’a imposé avec l’aide de l’État.

Les grands perdants sont les usagers, notamment les plus fragiles, et bien sûr l’environnement.

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