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Billet de blog 31 octobre 2016

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Sur le sentier de la croissance ?

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Il fallait faire vite, arrêter la publicité et tout ce tintamarre autour d’un processus volontairement tenu à l’écart du regard citoyen. L’information commençait à circuler et le mouvement de protestation menaçait de s’étendre, de se propager, de prendre de l’ampleur. Il fallait éviter le blocage, trouver un compromis pour éliminer ce grain de sable qui pouvait tout enrayer.  Un petit bout d’Europe faisait de la résistance et s’avisait de défendre les intérêts de quelques malheureux insignifiants. La commission a donc cédé aux exigences de la Wallonie mais sans avoir l’air d’y toucher puisque  « pas une virgule n’a bougé dans le texte du CETA », ce désormais fameux traité de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne,selon le chef du gouvernement belge. L’accord amendé a donc finalement pu être signé ce WE, dans la précipitation, en présence du premier ministre canadien Justin Trudeau.

Même si, grâce à la ténacité des députés wallons,  le document interprétatif annexé au traité apparaît contraignant et présente des avancées notables (Lire l'article de Martine Orange), une  vigilance extrême s’impose car la Commission européenne a déjà largement fait preuve de sa duplicité et de son mépris pour les citoyens. La tentation de passer outre et d’ignorer finalement les concessions arrachées par les wallons doit certainement tarauder l’esprit de Jean-Claude Juncker et de ses acolytes.

Il faut désormais qu’un débat s’engage au niveau des parlements nationaux et tout spécialement en France où le gouvernement socialiste a toujours soutenu et renforcé  la démarche totalement opaque de la Commission  en considérant que le débat devait être cantonné à un cercle restreint de spécialistes. Bafouer le parlement et la démocratie devient d'ailleurs une constante de la politique socialiste. Derrière une communication doucereuse et manipulatrice , destinée à rassurer et à tromper,  une main de plus en plus ferme tend à dissuader tout mouvement de révolte. Les chiens peuvent bien aboyer mais les caravanes de traités et de lois contraires à l’intérêt général passent.  De même que la loi El Khomry représentait, au dire de Manuel Valls, un progrès pour les travailleurs, l’accord CETA nous est aussi présenté sur le mode gagnant-gagnant. Pour le Premier ministre,  le CETA offre de  « nouvelles opportunités respectant nos préférences sociales, environnementales » !  Sans trop forcer le trait, on peutaffirmer qu’il s’agit là d’une  propagande d’essence totalitaire au service d’une toute petite minorité  ( 49.3 pour la loi El Khomry ; négociation secrète  et tentative de passage en force pour le CETA)

La semaine dernière, lors d'un discours à l'occasion du 70e anniversaire du Conseil économique, social et environnemental (CESE), François Hollande déclarait : "Nous avons pris (...) des mesures qui ont permis de redresser les comptes du pays et de retrouver un sentier de croissance, même si elle est encore trop faible".  Parmi ces mesures,  la signature d’accords de libre-échange figure certainement en bonne place dans l’esprit du Chef de l’Etat : le surplus de croissance généré par la libéralisation des échanges est en effet toujours l’argument en dernier ressort opposé aux altermondialistes par les tenants de la mondialisation dérégulée. Or, aujourd’hui, la croissance capitaliste, générée notamment par ces accords de libre-échange, débouche sur un accroissement marqué des inégalités.  Il y a bien longtemps que  la bonne santé des transnationales  n’est plus synonyme de mieux-être pour les habitants de cette planète ( le terme habitant étant à prendre ici au sens large).

En saluant un accord "équilibré" qui"a le potentiel de définir la voie à suivre pour les futurs accords commerciaux", nos dirigeants étalent donc avec impudence leur cynisme et la vacuité de  leurs engagements sociaux et environnementaux.  Ils nous invitent aussi à une mobilisation accrue pour empêcher la ratification du CETA par les parlements nationaux et stopper définitivement les négociations du TAFTA.

La recherche effrénée d’une croissance qui ne profite qu’aux plus riches et qui réduit  à grande vitese la diversité biologique comme en témoigne le dernier rapport du WWF (ici) nous amène plutôt sur le sentier de la guerre.

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