Régulièrement, je me pose des questions — j’en fais pas exprès —, et je cherche la réponse sur internet, comme tout le monde. La dernière fois, je me suis demandé : « combien de pays dans le monde ont-ils échappé à la colonisation ? » Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir qu’il n’y en a que 5 sur les 196 pays indépendants reconnus par les Nations Unies aujourd’hui !
Le premier d’entre eux est le Japon. Il a essayé de conquérir tous ses voisins, à tel point, j’ai pu le constater moi-même, que ce pays est détesté un peu partout dans le sud-est asiatique, à Singapour ou à Bali, en tous cas ; et pas « cordialement », comme disent les journalistes conformes. On se demande, d’ailleurs, si le Japon ne pourrait pas être considéré comme un pays « occidental » tellement il s’est imbibé de capitalisme américain et de culture européenne. Et, après tout, il se trouve à l’ouest des Amériques et de l’Afrique. Passons.
Le deuxième est la Corée. Le Japon s’y est imposé au début du XXe siècle, mais il ne l’a pas annexé. On peut considérer qu’aujourd’hui la Corée du Sud est occupée économiquement et culturellement par les USA, comme presque toute la planète, mais ce n’est pas une colonie.
Nous avons ensuite la Thaïlande, juste au-dessus des deux Corée, qui a connu une histoire comparable. On peut considérer qu’elle a été sous « protectorat » français, mais elle a échappé à la colonisation pure et simple qu’ont subi le Cambodge et le Laos tout proches.
Après avoir supporté es injonctions de l’«American colonization Society» (Sic), le Libéria, quatrième de la liste, s’est officiellement déclaré République indépendante dès 1847. Là aussi, ce n’est pas si simple au plan économique et culturel, mais le Libéria n’a jamais été le morceau africain d’un pays occidental.
L’Éthiopie non plus, dernier de la liste. Ce beau pays de la corne de l’Afrique n’a jamais eu l’occasion de proclamer son indépendance, vu qu’il ne l’a jamais perdue. Ce n’est pas un paradis pour autant, je sais…
Quelle sorte d’animaux sommes-nous pour nous permettre de telles violences ?
Or, les pays qui se sont donnés le droit de posséder les autres sont seulement une douzaine et tous européens, si l’on considère que la Russie se trouve en Europe : le Portugal, l’Espagne, la Grande-Bretagne, la France, la Belgique et avec moins d’appétit le Danemark, la Norvège, la Suède, l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie et la Russie, donc. Le plus massivement colonialiste fut la Grande-Bretagne, puisqu’elle réussit à gouverner ou administrer dès le 16e siècle et jusqu’à la fin des années 1990, un nombre impressionnant de pays, régions, villes et comptoirs commerciaux sur tous les continents, en commençant par l’Amérique du Nord. Ses envahisseurs, après avoir massacré les amérindiens, réinventèrent même l’esclavage en allant chercher en Afrique les ouvriers nécessaires pour faire tourner les usines naissantes du capitalisme.
Au final, le calcul est simple : sur 196 pays, 12 en ont colonisé 179, soit 90 % de la planète !
Et les mêmes continuent de dominer l’immense majorité des humains économiquement, culturellement, voire militairement s’ils en ont envie. Comme si 12 brebis sur un troupeau de 200 réduisaient les autres en esclavage ! Quelle sorte d’animaux sommes-nous pour nous permettre de telles violences ? Pourquoi les Européens se sentent-ils, encore aujourd’hui, supérieur à tous les autres, au point de les dominer encore, coûte que coûte ? Comment moi-même, puis-je accepter de baigner dans une civilisation ainsi suprémaciste, au point de trouver indispensable d’utiliser un smartphone, sachant bien, pourtant, que des enfants travaillent au Congo dans les mines de métaux rares qui permettent de le fabriquer ? Comment puis-je accepter d’être fier de la francophonie, tandis que des langages vernaculaires, que nous jugeons inutiles, s’éteignent tous les jours ? Comment puis-je admettre que la France, qui possède encore la Guyane, la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Réunion, Mayotte, la Polynésie, la Nouvelle Calédonie, Walis et Futuna et Vanuatu, donne l’impression à ces peuples-là de les négliger, de ne pas les traiter comme des Français à part entière ?
La colonisation est donc une culture de la domination, spécialité de blancs qui croient encore que la terre est plate avec eux au milieu et tout le reste autour.
La décolonisation des esprits est à peine commencée —et j’y contribue merci beaucoup—, mais ça ne va pas être de la tarte, comme ne le disent pas les journalistes conformes.