Les médias associatifs ou coopératifs, donc à but non lucratifs, ont maintenant pris une place relativement importante dans le paysage de l’information en France. Ils ont même créé un « Club des indé ». Basta, Blast, Fakir, Le Média, Médiapart, Politis, Reporterre et une myriade d’autres chaînes Youtube ou web, cherchent les abonnements et les dons de lecteurs et spectateurs pour vivre, survivre, tenter de se développer.
Ils sont donc indépendants des investisseurs, financiers et autres annonceurs qui font vivre la presse commerciale.
Mais ils sont dépendants de ceux qui les achètent, leurs lecteurs. Autrement dit, ils sont aussi indépendants que les médias publics de qui on exige qu’ils fassent de l’audience pour continuer à exister. S’ils n’ont pas de lecteurs pour les acheter, ils disparaissent.
C’est pourquoi je serais très curieux de connaître précisément la sociologie du lectorat de Médiapart, par exemple, le plus important de tous, qui se pose comme la référence de la presse de gauche, qui critique moins les organisations de gauche que celles de droite ou d’extrême droite, mais qui ne s’engage pas dans les campagnes électorales pour le ou les candidats de gauche les mieux placés, histoire qu’ils aient une petite chance de plus de gagner… Politis pratique de même, comme si on leur demandait d’être, non pas honnête avec eux-mêmes, mais objectifs… La vieille lune. Au secours, Zola, Jaurès !
Il me semble que les lecteurs de Médiapart sont assez peu nombreux dans les cités HLM et les villages ruraux abandonnés par les services publics. On peut supposer que l’essentiel de son électorat se situe dans le centre des grandes villes, en Île de France en particulier, chez les intellectuels de « gôche », militants de temps en temps et plutôt dans un canapé avec un verre à la main.
Et par rapport au lectorat de la presse commerciale, élitiste et populaire confondue, que représente le lectorat de la presse indépendante de gauche ? Pas grand-chose sans doute.
Je veux bien être contredit, mais il me semble que le fossé qui s’est creusé entre les citoyens militants de gauche et l’immense majorité de la population, se retrouve creusé aussi profondément entre la presse indépendante et l’immense majorité du papier journal vendu chaque jour.