Denis m’envoie ici un commentaire se demandant si nous n’avons pas nous-même « enfanté l’Etat islamique » et si « le piège qui nous est tendu [n’est pas] l’idée que nous devons faire la guerre ».
C’est vrai, mais essayons d’aller plus loin.
Passée l’émotion et le deuil et sachant que ça va recommencer un jour si on ne fait rien sur les causes, il serait peut-être temps de poser la question et d’y répondre : quelle stratégie pour ramener la paix au Moyen-Orient et en Afrique, en Syrie, au Mali et en Afghanistan ? Comment casser le désir de tuer des monstres qu’en effet nous avons enfantés ? La Police et la Justice ne peuvent pas tout, on l’a bien vu. Comment construire une solution internationale ? Et donc quelle doit être la stratégie géopolitique de la France ?
Tous les spécialistes sérieux le disent, pour vaincre Daesh, les bombardements ne suffiront pas. Ils ne font qu’attiser la haine encore un peu plus. Même à la Télé, il y a eu des experts pour dire qu’il faut une coalition large et une intervention militaire massive sur le terrain pour cibler les vrais ennemis et aider les forces démocratiques syriennes à prendre le pouvoir en organisant des élections libres.
Il faut donc que la guerre, aussi paradoxal que cela puisse paraître, soit elle-même démocratique, en se menant au nom du peuple et avec lui. Et contre Daesh, il faut qu’elle soit décidée par la majorité des pays de la planète. Ils sont tous ou presque membres de l’Organisation des Nations Unies qui est censée organiser cette démocratie mondiale.
Mais qui décide aujourd’hui de ce que fait l’ONU ? La Chine, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie, les 5 membres permanents du Conseil de sécurité qui ont chacun un droit de veto et empêche toute décision de l’Assemblée générale si elle ne va pas dans le sens des intérêts d’un seul d’entre d’entre eux. Ce sont Les 5 premières puissances économiques de la planète, elles prennent les vraies décisions entre elles, s’arrangent pour occuper les pays où il y a du pétrole, de l’uranium et des métaux précieux et vendent des armes aux pays du Golfe qui les refilent à Daesh pour nous faire la guerre jusque chez nous. L’Assemblée générale des Nations-Unis ne sert pas à grand chose, alors qu’elle aurait les moyens d’envoyer massivement des casques bleus partout où c’est nécessaire. Si on la laissait faire.
C’est forcément compliqué, très compliqué et on n’est pas sorti, je sais. C’est le propre de l’utopie que d’avoir toujours raison beaucoup trop tôt. Au moins faut-il la dire pour être d’accord sur ce que nous voulons.