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Billet de blog 1 octobre 2014

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Et si Marine Le Pen passait à l’hydrogène?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je viens d’écouter l’interview de Ségolène Royal parlant d’écologie sur BFM-TV (24 septembre 2014).

Pour l’essentiel, ses propos paraissent exemplaires. D’une part, elle propose un projet de société digne d’une militante écologiste, expliquant que les projets écologiques créent des emplois. D’autre part, elle esquive habilement et sereinement les questions de politiques politiciennes pour se concentrer sur une vision et un projet de société que bien des écologistes attendent depuis des décennies.

Deux bémols cependant :

  • Au plan du nucléaire, les propos de Ségolène reste pour le moins décevants, à mon sens. Comme le faisait Montebourg, elle perpétue un credo nucléaire, expliquant que le nucléaire est une chance pour la France et qu’il s’agit de maintenir les capacités de production. Ségolène ferait bien d'aller faire un tour à Fukushima ou à Tchernobyl. Ce n’est guère rassurant de maintenir encore l'épée de Damoclès du nucléaire qui menace la France, mais aussi ses voisins européens. Faut-il rappeler que tous les 54 réacteurs nucléaires du Japon sont à l'arrêt, par précaution à la suite de la catastrophe de Fukushima en 2011? Ignorant l'exemple japonais, la France de Ségolène campe fièrement sur ses positions nucléaires (58 réacteurs) et elle annonce encore le démarrage de la centrale de Flammanville.
  • Par ailleurs, prétendre que l’écologie n’est qu’une science, c’est un peu court. A côté de la science (ou plutôt des sciences de l’écologie) il y a aussi une politique écologique, consistant à considérer en priorité les données et prévisions issues de la science écologique pour élaborer des décisions d’intérêt commun. Etant donné que c'est la finance qui domine le monde, un parti écologique n'est pas superflu pour (inciter les autres partis à) remettre les pendules à l'heure.

Il reste que, pour ce qui concerne le sujet essentiel de ce blog, Ségolène n’a pas prononcé le mot « hydrogène ». Alors quoi ? Attend-t-elle que Marine lui vole la vedette sur ce sujet d’avenir ?

En 2012, j’écoutais les infos relatives aux présidentielles en espérant entendre le mot “hydrogène”.

Est-ce un hasard si, n’ayant écouté qu’une infime partie des débats, je n’ai entendu qu’un seul candidat citer le mot “hydrogène” ? En l’occurrence, c’était bel et bien Marine Le Pen qui mentionna l’hydrogène comme une énergie du futur, si ma mémoire est bonne.

Comme bien des gens, je n’ai aucune sympathie pour les provocations immorales propres au FN.

Il reste que je n’ai pas pu oublier que seule la candidate du FN a effleuré le sujet qui me tient le plus à cœur, comme une ambition pour la France.

Si l’hydrogène renouvelable était une provocation, ce serait tout le contraire d’une provocation immorale!

Ce qui est immoral, c’est de promouvoir et de soutenir encore les énergies fossiles, comme le pétrole ou le nucléaire, en sachant pertinemment (grâce aux sciences de l'écologie) que cela revient à mettre en danger la survie de l’espèce humaine.

Prôner la voiture électrique sans préciser que cette voiture électrique est alimentée à l’énergie nucléaire, c’est de la publicité mensongère. C'est immoral, quand on considère les risques infinis liés au nucléaire.

Faut-il rappeler que le réchauffement climatique débridé (la peste) tout comme l’accident nucléaire (le choléra) auraient des conséquences catastrophiques pour la France?

  • En cas d’accident nucléaire, tout le secteur de l’agriculture et celui du tourisme seraient remis en question du jour au lendemain, sans parler des conséquences sanitaires directes liées aux radiations… des conséquences qui ne s’arrêtent pas aux frontières nationales.
  • Quant au réchauffement climatique, c’est l’apocalypse mondiale que les scientifiques nous prédisent, si nos dirigeants ne prennent pas le taureau par les cornes. Qui pourrait imaginer que le secteur financier résisterait à cet apocalypse?

Pour en revenir à Marine Le Pen, son paradigme d’une France isolée semble désuet s'agissant du réchauffement climatique ou d’un accident nucléaire dont les conséquences dépassent les frontières nationales. Toutefois, ce paradigme national pourrait se conjuguer avec une politique énergétique de l’autosuffisance nationale. Dès que possible, la France devrait devenir autosuffisante en matière énergétique. D’ailleurs, chaque pays (et même chaque région) devrait viser l’autosuffisance en matière énergétique. Ce serait bien si la France pouvait montrer l’exemple, sachant qu'une grande partie de son territoire est inondée de lumière et d'énergie solaire. Il est vrai que Ségolène Royal préconise déjà de diminuer par deux l’importation d’hydrocarbures.

En termes d’hydrogène, cela veut dire notamment que la France devrait se donner comme objectif de produire suffisamment d’hydrogène renouvelable pour remplacer l’essence et le diesel des voitures et des camions. A l'avenir, cet hydrogène pourrait être produit par des éoliennes et des panneaux photovoltaïques.

Il suffit de constater l’infiniment faible pourcentage de toits recouverts de panneaux (ou de tuiles) photovoltaïques, pour comprendre que le potentiel de production photovoltaïque est gigantesque,... sans rien changer aux paysages. Il suffit aussi de se promener en Allemagne, en Belgique ou dans d’autres pays, pour comprendre que le photovoltaïque (une production décentralisée d'électricité), c’est un choix de société que la France n’a pas encore fait, sans doute à cause de son lourd héritage nucléaire.

Pourtant l'hydrogène renouvelable, c'est un jeu d'enfants, surtout quand on le compare au nucléaire ou au pétrole.

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