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Billet de blog 13 avril 2024

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Témoignage d'un enseignant israélien emprisonné pour s'être opposé à la guerre à Gaza

Meir Baruchin, Israélien, professeur d'histoire, a été emprisonné pour avoir critiqué la guerre à Gaza. Il a aussi été victime de harcèlement et de menaces de la part d’autres Israéliens. Une fois libéré, il est retourné à son école où il a été accueilli par des manifestations violentes de la part de ses propres élèves. Cela en dit long sur les valeurs dominantes dans l'éducation en Israël.

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TRADUCTION FRANCAISE

9 février 2024, Un enseignant israélien emprisonné et persécuté pour son opposition à la guerre à Gaza s'exprime

Meir Baruchin, professeur d'histoire israélien de 62 ans et militant anti-guerre, a révélé comment il avait été arrêté en octobre et emprisonné en isolement en tant que "détenu à haut risque" en novembre pour "intention de commettre un acte de trahison" et "intention de perturber l’ordre public" après avoir publié une photo de Palestiniens tués par l’armée israélienne le 7 octobre, en opposition à la guerre contre Gaza. Il a également été victime de harcèlement et de menaces en ligne de la part d’autres Israéliens à cause de cette publication. Lorsqu’il a été libéré de prison et est retourné à son école pour enseigner, il a été accueilli par une "manifestation violente" de la part de ses propres élèves et a été contraint de se barricader dans la salle des professeurs.

Ici en Israël, pendant des générations, nous avons tué les Palestiniens.

Nous avons blessé les Palestiniens.

Nous avons plus de 1 500 Palestiniens en détention administrative.

Nous démolissons leurs maisons, ici à Jérusalem.

Nous avons abattu leurs oliviers.

Nous confisquons leurs biens, les eaux.

La plupart des Israéliens s’attendent à ce qu’ils (les Palestiniens) acceptent cela.

Quand ils (les Palestiniens) ne l’acceptent pas, ils (les Israéliens) réagissent de manière violente.

Ils blâment les Palestiniens.

Pour la plupart des Israéliens, je veux dire nous, nous maintenons des millions de Palestiniens sous occupation depuis des générations.

Ils sont privés de leurs droits fondamentaux.

Pour la plupart des Israéliens, cela peut durer éternellement.

Ne vous méprenez pas : je ne justifie pas la violence.

Mais c’est, je pense, la conséquence réaliste.

Comment pouvons-nous espérer que les Palestiniens vivront éternellement sous occupation ?

Tout citoyen israélien sait clairement que, si vous osez manifester le moindre sentiment envers la population de Gaza, si vous critiquez le meurtre de civils innocents, notamment de femmes et d'enfants, à Gaza,

  • vous serez politiquement persécuté.
  • Vous subirez la honte publique.
  • Vous perdrez votre emploi.
  • Et, dans mon cas, (vous serez) mis en prison.

Je voulais qu’un maximum d’Israéliens sachent ce qui est fait en leur nom.

La plupart des Israéliens ne le savent pas parce que les grands médias ne montrent pas ce qui se passe réellement à Gaza, ce que nous faisons à Gaza.

Ils voulaient que je meure.
Ils souhaitaient la mort de mes enfants.
Ils ont menacé de violer ma fille.

C’était le genre de réactions qui nous avons subies.

J'ai été convoqué à une audience le 18 octobre (2023) et, le lendemain, j'ai été licencié.

La police m'a demandé de venir pour un interrogatoire.

Dès que je suis entré dans le commissariat, ils m'ont saisi les mains et les jambes et ont confisqué mon téléphone.

Ensuite, 5 détectives m'ont escorté jusqu'à mon appartement et ont tout retourné sans dessus dessous.

Ils m'ont mis en isolement dans une cellule sans fenêtre.

Ils m'ont pris ma montre.

Je ne savais ni quand il faisait jour, ni quand il faisait nuit.

Pour eux (ses étudiants), je suis un partisan du Hamas.

Ils ont refusé d'entrer dans la classe et ont commencé une manifestation très très violente.

J'étais littéralement assiégé dans la salle du professeur.

Des dizaines d'étudiants étaient aux fenêtres, frappant aux fenêtres en me maudissant.

TEXTE ORIGINAL EN ANGLAIS

 9 feb 2024, Israeli teacher who was locked up and persecuted for opposing war on Gaza speaks up.

Meir Baruchin, a 62-year-old Israeli history teacher and anti-war activist, revealed how he was arrested in October and imprisoned in solitary confinement as a “high-risk detainee” in November for “intent to commit an act of treason” and “intent to disrupt public order” after he posted a photo of Palestinians killed by the Israeli army on 7 October in opposition to the war on Gaza. He had also faced harassment and threats from other Israelis online over the post. When he was released from prison and returned to his school to teach, he was met with a “violent demonstration” from his own students and was forced to barricade himself in the teacher’s room.

Here in Israel for generations we killed the Palestinians.

We injured the Palestinians.

We have more than 1500 Palestinians in administrative detention.

We demolish their houses, here in Jerusalem.

We cut down their olive trees.

We confiscate their property, the waters.

Most Israelis expect them (Palestinians) to accept it.

When they (Palestinians) don't accept it, they (Israelis) react in violent way.

They blame them, the Palestinians.

For most Israelis, I mean we, hold millions of Palestinian under occupation for generations.

They are deprived their basic rights.

For most Israelis, it can go on forever.

Don't get me wrong: I'm not justifying the violence.

But this is I think the realistic conclusion.

How can we expect the Palestinians to live under occupation forever ?

Every Israeli citizen knows clearly that, if you dare to show the slightest sentiment towards the people of Gaza, if you criticize killing of innocent civilians, including women and children, in Gaza,

You will be politically persecuted,

You will go through public shaming,

You will lose your job

and, in my case, (You will) be put in jail.

I wanted as many Israelis to know what is done on their behalf.

Most Israelis don't know because the mainstream media doesn't show what really goes on in Gaza, what we are doing in Gaza.

They wished me to die.
They wished my children to die.
They threatened to rape my daughter.

That was the kind of reactions that were against.

I was called for a hearing on October 18th (2023) and, the next day, I was fired.

The police asked me to come over for an interrogation.

The minute I walked into the police station, they caed my hands and legs, and confiscated my phone.

Then 5 detectives escorted me to my apartment and ransacked the place upside down.

They put me in solitary confinement in a cell with no windows.

They took away my watch.

I didn't know when it was daytime, when it was nighttime.

For them (his students), I'm Hamas supporter.

They refused to enter the class and they began a very very violent demonstration.

I was literally Under Siege inside the teacher's room.

Dozens of students were on the windows knocking the windows cursing me.

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