Agrandissement : Illustration 1
Qu’en termes choisis la crapulerie macroniste avance ses pions.
Lors de l’été dernier, l’Assemblée nationale avait voté la « loi relative à la liberté de choisir son avenir professionnel". Qui viendrait contester « la liberté de choisir son avenir » ? Mieux eut fallu parler de « non-liberté de subir son avenir ». Qu’on en juge… Les premiers décrets d’application de cette loi devaient être annoncés fin octobre. Sans tambour ni trompette, ils ont été publiés le 30 décembre, à la veille des vœux d’Emmanuel Macron, qui annonça sans sourciller vouloir « changer en profondeur les règles de l’indemnisation du chômage afin d’inciter davantage à reprendre le travail », ceci afin de « bâtir les nouvelles sécurités du XXIème siècle. » D’habitude, les clowns sont plus drôles. En Pinocchio de la Présidence de la République, Jupiter-petits bras aurait en fait du parler des « nouvelles sécurités du XXIème siècle. » Ses conseillers en communication lui ont fait remarquer que c’était pas trop glamour.
Peines et sanctions : voilà à quoi le lot des chômeurs sera désormais asservi. Dans une première communication gouvernementale, il fut précisé que les « manquements » des demandeurs d’emploi (par exemple, le fait de ne pas rechercher activement un poste, mais qui peut en juger ?), seraient punis d’une suspension d’allocation pendant un mois – les droits restant acquis et pouvant être utilisés plus tard. Changement de ton dans les décrets d’application : l’allocation sera supprimée (et non pas suspendue) un mois dès le premier manquement.
Autre innovation de taille. Le décret transfère de l’Etat vers Pôle emploi certains pouvoirs de sanction (notamment la suppression de l’allocation). Les agents de Pôle emploi devraient apprécier à sa juste valeur leur changement de fonction : censés aider le demandeur d’emploi à en retrouver un, ils sont désormais enrôlés dans le corps de chasse qui a pour mission de traquer le chômeur . Il faut dire que le gouvernement d’Edouard Philippe, pour financer les cadeaux (fiscaux entre autres) aux plus aisés, exige que 3 à 4 milliards d’euros d’économies supplémentaires soient réalisés en trois ans dans le régime d’assurance-chômage. Soit, très exactement (à peu de choses près), ce qu’a rapporté en 2018 (sur un an, donc) l’impôts sur la fortune, dont on sait que la suppression est, pour Emmanuel Macron, un objectif impérieux. Sans même parler de la fraude fiscale, qui coûte chaque année 100 milliards d’euros (de quoi combler le déficit budgétaire), selon un rapport du syndicat Solidaires-Finances publiques rendu public en septembre dernier. Face à l’ampleur d’un tel phénomène, le gouvernement est loin d’être inactif ! Sans rire, le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, a annoncé à la suite de ce rapport « la mise en place d'un observatoire pour estimer l'ampleur de la fraude fiscale en France, qui devra produire un chiffrage précis dans un an » (autant dire aux calendes grecques).
Peut-être serait-il fort utile, aujourd’hui, de contraindre Emmanuel Macron au chômage obligé, sans allocations ni, surtout, obligation de chercher un autre poste. Bon débarras, quoi.