
COMPTE RENDU DES ÉVÈNEMENTS A VENIR
Acte 1 – Le Comité de salut public de la Révolution en cours, associé à la direction invisible du Cours des choses, vient de décréter le vendredi 4 janvier 2019 « Journée sans Macron ». Le jeûne lexical étant favorable à la santé mentale, il est fait vœu de silence quant au nom du Président de la République. En attendant la publication (retardée) du premier épisode du feuilleton « Emmanuel M. ou le grand malentendu », et des révélations exclusivement inédites sur l’affaire Benalla (dès demain), ce vœu de chasteté langagière sera sans doute difficile à tenir, mais : chiche !
Acte 2 - Un seul être vous manque et tout n’est pas vraiment dépeuplé. De Gilets jaunes, oui, il continuera d’être plus ou moins abondamment question. Au fait, pourquoi le Gilet jeune ? Le moine ne fait pas l’habit. Rappelons-nous l’altercation survenue à Lunel le 27 mai 2016, en pleine contestation de la loi travail, entre un syndicaliste et l’alors ministre de l’Economie qui avait lâché cette tautologie (répétition inutile de la même idée sous une autre forme) de bas étage : « Si vous ne voulez pas que la France soit bloquée, arrêtez de la bloquer» ; mais avait surtout donné à son interlocuteur cette leçon de savoir vivre quant au moyen de « se payer un costard », dans un même registre sémantique que l’invitation faite ultérieurement au demandeur d’emploi de « traverser la rue ».
L’irruption hivernale du gilet jaune est une claire invitation de la France en colère à ce que l’hôte de l’Elysée aille se faire rhabiller chez plumeau : étant entendu que le plumeau est une variante du balai, on pourrait dire, de façon pus concise : « du balai ! ».
Mais aussi, comme le rappelle excellement Daphnée Denis dans une vidéo publiée sur Loopsider, des Sans-culottes aux Gilets jaunes, les révoltes se définissent souvent par un vêtement fédérateur.
Acte 3 – Cette année, le Printemps de Bourges commence exceptionnellement le 12 janvier. Au programme : concert de casseroles, chants a capella de slogans divers et variés, cris de ralliement et autres chœurs de révolte. Ce jour a en effet été choisi par La France en colère pour appeler à un « Acte 9 : Rassemblement des Gilets Jaunes au centre de la France. » Les Gilets autochotones, victimes comme beaucoup d’autres de violences policières dans la nuit du 28 au 29 novembre 2018, ne sont pas mécontents de la réclame ainsi donnée à la capitale du Cher. Ainsi que le rapporte le Berry Républicain, François, un porte-parole des « gilets jaunes » du Cher, approuve cette idée d’une manifestation au centre de la France : « C’est très bien. J’étais au courant, cela a été vu avec moi avant de lancer l’appel. »
Bon, Bourges comme lieu de rassemblement central, ce n’est pas évident. Pour un Paris-Bourges, compter 2 heures de trajet (heureusement sans TGV, mais 2 seuls trains directs dans la matinée), mais 6 à 7 heures de train pour un Toulouse-Bourges, avec changement à « t’as voulu voir Vesoul, on a vu Vierzon » ; 3 h 30 pour un Nantes-Bourges avec le seul train direct de la matinée (départ à 6 h 25) ; 4 h 43 pour un Lille-Bourges au prix de 54,50 € (meilleur tarif de la matinée) ;et 5 h 37 pour un Strasbourg-Bourges, avec 2 correspondances et pour la modeste somme de 104,40 € (il y a moins rapide, mais c’est plus cher !). Il est certes admis que les voyages forment la jeunesse. Mais sans doute faut-il voir dans cette décision dé-centralisatrice des Gilets jaunes une réponse des bergers à la bergère de l’Elysée et son allusion de la Saint-Sylvestre à la grande « transformation des chemins de fer ».
Acte 4 – Histoire de voir lus loin et ailleurs, voilà une idée qu’elle n’est pas bête venue d’Inde (signalée par Le Monde d’hier, et que pourraient reprendre à bon escient les Gilets jaunes : le 1er janvier 2019, des milliers de femmes ont formé une chaîne humaine de 620 km au sud de l’Inde, dans l’état du Kerala. Cette manifestation baptisée « mur des femmes », en faveur de l’ouverture du temple de Sabarimala à tous et toutes. En France, ouvrir les temples du pouvoir impur à toutes et tous : bonne idée, non ?