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Billet de blog 4 juin 2016

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Enorme bug informatique au Crédit coopératif

Vendredi 3 juin, des clients du Crédit coopératif ont trouvé porte close devant leurs agences. Le site internet du Crédit coopératif se contente d’afficher un « incident technique ». En fait : un énorme bug à… 92 millions d’euros !

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Illustration 1
Le site internet du Crédit coopératif, samedi 4 juin à 19 h

Aucune information ne semble avoir encore filtré. Pourtant, ce vendredi 3 juin dans l’après-midi, de nombreux clients du Crédit coopératif ont trouvé porte close, bien avant l’heure de fermeture de l’agence.

Illustration 2
Levendredi 3 juin, "fermeture exceptionnelle", ici à l'agence Paris Nation, 252 boulvard Voltaire à Paris

Selon une confidence recueillie devant l’agence Paris-Nation, au 252 boulevard Voltaire à Paris, l’ordre de fermeture des agences est venue de la direction générale du Crédit coopératif. En cause :  un énorme bug informatique, qui paralyserait l’activité des agences du Crédit coopératif au moins depuis le 31 mai, et dont les premiers signes auraient commencé voilà déjà plusieurs semaines.

Sur ce problème qui semble être d’une ampleur insoupçonnable, le Crédit coopératif n’a encore curieusement communiqué aucune information à ses clients et sociétaires. Peut-être y a-t-il anguille sous roche ?

Aux commandes du Crédit Coopératif depuis un an, Christine Jacglin, ancienne diplômée de Sciences po Paris  et ex-directrice générale de Banque Populaire d'Alsace, a entièrement recomposé l'équipe appelée à travailler en direct avec elle. Parmi les « chantiers de modernisation » qu’elle a amorcés : le « changement de plate-forme informatique ». Sans lésiner sur les moyens : selon Les Echos du 16 mars 2016, ce chantier de poids nécessitera 92 millions d'euros d'investissements. L'objectif ? "Mutualiser ses coûts informatiques avec le groupe BPCE, dont il fait partie, en intégrant ses plates-formes en mai 2018, et profiter d'innovations déjà mises en place comme la signature électronique. »

L’objectif est aussi strictement financier : « Le Crédit Coopératif espère ainsi profiter à plein de l'engouement pour la finance solidaire et encaisser les chocs liés à la faiblesse des taux. En 2015, pénalisée par ce contexte, la banque a vu ses revenus d'intérêts chuter et ses marges de crédit se contracter. Cumulé à la hausse de ses frais généraux de 4,1 % et à 12 millions d'euros d'éléments exceptionnels liés en partie à un litige fiscal sur l'épargne réglementée, elle affiche un résultat net en baisse de 31,2 %, à 37,8 millions d'euros, pour un produit net bancaire de 401 millions d'euros, en recul de 2,4 %. »

Il faut dire que depuis 2009, date de naissance de BPCE, organe central issu du rapprochement de la Banque Fédérale des Banques Populaires (BFBP) et de la Caisse Nationale des Caisses d'Épargne (CNCE). BPCE est devenu l'organe central du Crédit Coopératif qui, en tant que banque populaire, détient 1 % du capital de BPCE. La BPCE sert à cette date de garantie à la maison mère de Natixis sur environ 31 milliards d'euros d'actifs de GAPC (gestion active de portefeuilles cantonnés), regroupant des actifs toxiques, illiquides et/ou ne correspondant plus à la politique d'allocation de fonds propres de la banque…. Bref, le Crédit coopératif est-il encore coopératif ? En d’autres termes, le bug n’est peut-être pas seulement informatique !

Illustration 3
Le siège du Crédit coopératif à Nanterre


Nota bene (dimanche 5 juin) - Ce matin, le problème semble avoir été résolu. En tout cas, la page d'accueil du site internet du Crédit coopératif est à nouveau accessible, et il est à nouveau possible de consulter ses comptes en ligne (mais toujours aucun mot d'explication ou d'excuse...). Il n'est pas sûr toutefois que TOUT soit réglé. Selon un cadre du Crédit coopératif (qui souhaite évidemment garder l'anonymat), des problèmes répétés entravent depuis plusieurs semaines le site internet de la banque, entraînant des dysfonctionnements (retard de traitement de certaines opérations bancaires) qui oont pu léser certains clients.

Enfin, on peut s'interroger sur le sens de l'investissement colossal (92 millions d'euros) du Crédit Coopératif pour mener ce chantier numérique... Le Crédit coopératif a beau se réclamer de l'économie sociale et solidaire et faire sa réclame autour d'un "Manifeste pour une autre banque"; comme l'indiquait l'article des Echos sus-mentionné : "Pas question pour l'instant de faire table rase de ses 72 points de vente. Mais, comme ses concurrents, le Crédit Coopératif va concentrer et rénover certaines de ses agences : trois fermetures sont prévues cette année à Lille, Bordeaux et Paris. En parallèle, la banque planche sur l'ouverture d'un nouveau centre de banque à distance à Bordeaux. »

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