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On a le temps d’en reparler : la 30ème COP sur les changements climatiques n’aura lieu qu’en fin d’année, du 10 au 21 novembre 2025 à Belém, dans le nord du Brésil, capitale de l'État du Pará, aux portes de l’Amazonie. Mais la tension monte déjà. « Cette grand-messe s’avère cruciale puisqu’elle doit aboutir à un accroissement des efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre de tous les pays, au moment des dix ans de l’accord de Paris », écrivaient voici quelques jours Audrey Garric et Bruno Meyerfeld dans Le Monde. « Elle doit également déboucher sur davantage de financements en faveur des pays du Sud pour les aider à faire face aux impacts des dérèglements climatiques. Une gageure dans un monde polarisé où le populisme progresse en faisant reculer l’écologie, sur fond de guerres et d’austérité budgétaire ».
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Malgré cette "urgence climatique", il semble, pour beaucoup d’États, urgent… d’attendre. Ceux-ci avaient jusqu’à lundi dernier, 10 février, pour rendre leur nouvelle feuille de route climatique. Or, selon une base de données de l’ONU, seuls 10 signataires de l’accord de Paris ont soumis leur stratégie actualisée de réduction des gaz à effet de serre d’ici à 2035. Parmi les grands absents : la Chine, l’Inde ou encore… l’Union européenne, confrontée à une montée de partis d’extrême droite hostiles aux politiques en faveur du climat.
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Trumpland ? On n’en parle même pas : c’est plutôt une feuille de déroute. Le nouvel "agent orange" des États-Unis (Trump, en clair), qui a déjà gelé tous les crédits en faveur des énergies renouvelables, a brutalement mis fin le 30 janvier, par décret, aux travaux de plus de 150 scientifiques et autres experts de l’environnement, qui devaient rendre dans moins d’un mois un rapport élaboré sous les auspices du Programme américain de recherche sur le changement climatique, appelé "National Nature Assessment", visant à mesurer l'état des terres, de l'eau et de la faune du pays. Le directeur du projet, Phil Levin un prestigieux scientifique de l'environnement, a appelé ses collègues à passer outre l’oukase de Trump et à chercher les moyens pour achever et publier ce rapport.

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Nonobstant ces vents contraires qui soufflent sur des braises déjà ardentes, la ville portuaire de Belém, au Brésil, sur l'estuaire des fleuves Tocantins et Pará, aussi connue comme la "Cité des Manguiers" (Cidade das Mangueiras en portugais), se prépare à accueillir dignement la prochaine COP. Le défi est de taille. Car l’ancienne capitale (avec Manaus) du boom du caoutchouc (3), a perdu de son lustre d’antan. Le centre-ville historique est largement décrépi, et les favelas ont proliféré : plus de la moitié de la population (1,3 million d’habitants) vit aujourd'hui dans un bidonville.
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Les deux pilotes de la COP 30 viennent d’être choisis par le gouvernement brésilien. La présidence a été confiée à André Corrêa do Lago, actuel secrétaire au climat, à l’énergie et à l’environnement au sein du ministère des affaires étrangères brésilien. Ancien ambassadeur (au Japon et en Inde), ce francophile passionné d’architecture a été chargé des négociations climatiques à la tête de la délégation brésilienne lors des deux dernières COP. Autant dire qu’il connaît son sujet. Et la directrice exécutive de la COP sera une femme, Ana Toni, secrétaire chargée du changement climatique au ministère de l’environnement. Un duo à l’opposé de ce qu’on a connu lors des dernières COP Climat à Bakou, Dubaï (Émirats arabes unis) et Charm El-Cheikh (Égypte).
Celui qui risque d’être le grand héros de la COP 30 à Belém est toutefois plus inattendu. Son nom ? Curupira. Signe distinctif : il a les pieds tournés vers l’arrière, pour mieux brouiller les pistes, afin d'égarer les gens qui essayent de le suivre à la trace, et surtout ceux qui nuisent à son habitat. Ce personnage de la mythologie amérindienne d’Amazonie s’apparente à un gardien vigilant de la forêt... (A suivre)
Texte intégral à retrouver sur les humanités, journal-lucioles :
https://www.leshumanites-media.com/post/curupira-pourra-t-il-sauver-la-plan%C3%A8te