De l'art de manier la langue de bois et d'enfoncer des portes ouvertes.
Pas besoin de consulter les bulletins scolaires de Fleur Pellerin pour être certain qu’elle a brillamment obtenu 20/20 à chacune des épreuves de langue de bois lors de ses années de formation commerciale à l’Ipesup, à l’ESSEC puis à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. Il suffit de lire son entretien dans Libération de ce jour : trois pleines pages pour ne (presque) rien dire, si ce n’est que « oui, c’est vrai, il y a un risque de fragilisation de la création et de sa diffusion, mais en aucun cas notre héritage culturel ne peut être dilapidé. » Et Fleur Pellerin a beau appeler à « un sursaut des consciences » (ça ressemble à quoi, une conscience qui sursaute ?) et « récuser » la « critique sur l’absence de vision et d’ambition sur l’avenir », on cherche en vain, dans ses propos, la moindre trace d’un début de commencement d'ébauche une telle vision-ambition. Ah si : elle va proposer aux collectivités territoriales « un pacte » (de responsabilité ?) : « Je dis aux élus locaux si vous vous engagez sur trois ans, l’Etat s’engagera à vos côtés sur trois ans. » Quelle formidable innovation : c’est déjà ce qui se pratique dans tous les « conventionnements »… Non, mais sérieusement, c’est qu’elle travaille, Fleur Pellerin : « à un projet de label pour leur donner [aux centres d’art conventionnés] une forme d’assurance sur une participation de l’Etat dans la durée. » Il n’y a personne, dans l’entourage de Fleur Pellerin, pour lui dire que c’est inutile qu’elle travaille pour rien (et qu’elle pourrait ainsi épargner un peu de temps pour lire, par exemple) : cette « forme d’assurance » existe déjà (existait ?) depuis belle lurette, sous forme de conventions pluriannuelles. Ne nous étonnons de rien : il paraît (information que nous n’avons pu vérifier) que le mémoire de fin d’études de Fleur Pellerin à l’ESSEC était intitulé : « De l’art d’enfoncer des portes ouvertes en veillant à ne pas casser la porcelaine de l’héritage. »