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N’y aura-t-il donc aucune limite à l’indécence, à l’obscénité (du latin obscenus, « de mauvais augure »), dans lesquelles se vautrent certains « lieux culturels » ? Le contexte, d’abord…
Ce jour, lundi 14 janvier 2019. Après avoir vu la « Lettre aux Français » d’Emmanuel-Macrotin-qui-se-fout de-notre-gueule (hier soir), après avoir appris (hier soir aussi) que le manifestant Gilet jaune blessé samedi à Bordeaux par tir de flash-ball dans le dos a été plongé dans le coma, après avoir lu ce matin (révélations Mediapart) l’ampleur du cadeau offert par Emmanuel Macrotin aux sociétés concessionnaires d’autoroutes qui nous rackettent joyeusement
Reçu une information du Centre National de la Danse (Etablissement public industriel et commercial, aujourd’hui présidé par un publicitaire, Rémi Babinet, qui a choisi d’installer à Pantin, dans 20.000 mètres carrés, les locaux de son agence BETC, qui a réalisé en 2017 un bénéfice de près de 6 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires de 202 millions d’euros) invitant à participer les 25 et 26 janvier à un événement joyeusement intitulé « OCCUPATION ARTISTIQUE ». Pincez-moi je rêve. Je sais, le concept « d’occupation » est très tendance chez les publicitaires et autres princes du marketing de l’envergure de Rémi Babinet. Mais là, quand même ! En plein mouvement des Gilets jaunes, qui en sera alors à son acte 11, il fallait oser ! Ceux qui s’émeuvent de voir les Gilets jaunes éventuellement récupérés par telle ou telle force politique, ne trouvent apparemment rien à redire, à voir ainsi recyclé ce mouvement de protestation sociale par le marketing culturel de la « société du spectacle » ? Pincez-moi je rêve, bis : de quoi seront donc faits ces deux jours « d’occupation artistique » ? « Les quatorze studios du CN D sont investis par une vingtaine d’institutions culturelles invitées parmi le riche réseau de structures actives pour la danse en France – centres chorégraphiques nationaux, centres de développement chorégraphiques, scènes conventionnées et nationales, festivals, offices régionaux de diffusion. Au CN D, elles trouvent durant ces deux jours un espace-temps commun, une nouvelle visibilité pour les artistes qu’elles soutiennent. » Le bunker de l’entre-soi ne se sera jamais aussi bien porté, merci pour lui ! Et enfin, pincez-moi je rêve, ter. Deux « rencontres » sont d’ores et déjà au programme, avec un intitulé tout droit sorti des cerveaux publicitaires de l’agence BETC : « Désintérêts intéressés » (ben voyons), et « Ce que l’économie fait à l’art » (ah oui, parlons-en).
Il va de soi que je soutiendrais, si elle vient à se confirmer, l’action envisagée par une coordination nationale en cours de constitution : Gilets jaunes dans la culture. Au menu (sur fond de soupçon de détournements d’argent public à des fins privées de fin publique) : occupation en gilets jaunes du Centre national de la danse et empêchement de ladite manifestation, ouverture de négociations avec la direction du lieu (Mathilde Monnier) portant exigence de la création d’un « conseil citoyen » chargé de vérifier les comptes publics de l’entreprise, de faire audit sur les conditions de travail, examen minutieux des droits et passe-droits, etc.