Jean-Marc ADOLPHE (avatar)

Jean-Marc ADOLPHE

Journaliste, ex-directeur revue Mouvement

Abonné·e de Mediapart

161 Billets

0 Édition

Billet de blog 27 février 2022

Jean-Marc ADOLPHE (avatar)

Jean-Marc ADOLPHE

Journaliste, ex-directeur revue Mouvement

Abonné·e de Mediapart

Jean-Louis Bourlanges est-il nazi ?

Pour le Président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, les migrants non-ukrainiens seraient en quelque sorte des "sous-hommes". Jean-Louis Bourlanges doit être sur le champ démis de ses fonctions.

Jean-Marc ADOLPHE (avatar)

Jean-Marc ADOLPHE

Journaliste, ex-directeur revue Mouvement

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Jean-Louis Bourlanges, au micro d'Europe 1, le 26 février 2022

Alors que de premiers réfugiés fuyaient l'Ukraine attaquée par les troupes russes, hier, samedi 26 février, M. Jean-Louis Bourlanges déclarait au micro d'Europe1 : « Ce seront des intellectuels, et pas seulement, mais on aura une immigration de grande qualité dont on pourra tirer profit ».

Ces propos ne sont pas seulement choquants ("tirer profit"). Ils sont absolument scandaleux.
Une immigration "de grande qualité". C'est-à-dire que d'autres immigrations, venues de Syrie ou d'ailleurs, seraient de qualité moindre. En d'autres termes : des sous-hommes. L'expression "sous-homme" a été utilisée pour la première fois en 1922 par l'auteur américain et membre du Ku Klux Klan Lothrop Stoddard dans le titre de son livre "The Revolt Against Civilization: The Menace of the Under-man" (en français : "La révolte contre la civilisation : la menace du sous-homme"). Stoddard désigne ainsi ceux qu'il juge incapables de fonctionner dans la civilisation, qu'il attribue généralement (mais en partie seulement) à des causes raciales. Le terme a ensuite été adopté par les nazis à partir de la traduction allemande de ce livre, Untermensch (pluriel : Untermenschen), pour décrire des « êtres inférieurs » non aryens.

Donc : Jean-Louis Bourlanges est-il nazi ?
Jean-Louis Bourlanges n'est pas n'importe qui. Né à Neuilly-sur-Seine en 1946, il est député des Hauts-de-Seine depuis 2017. Membre du MoDem, proche d'Emmanuel Macron, il est présentement Président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. A ce titre, ses propos ne sont pas seulement plus-que-zemmouriens, ils sont inadmissibles. Il est apparemment nécessaire de rappeler à M. Bourlanges l'article 1er de la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen qui stipule que "les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune".
Il faut encore lui rappeler les trois premiers articles de la Déclaration universelle des Droits de l'homme et du citoyen :

"Article 1
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

Article 2
1. Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
2. De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté.

Article 3
Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne."

Nul migrant, nul réfugié, ne saurait être de moindre qualité que tel ou tel autre. Monsieur Bourlanges, s'il vous reste encore un soupçon de dignité, ayez la décence de vous retirer de votre charge. Nous ne saurions davantage "tirer profit" de vos élucubrations nauséabondes.
Et si vous ne parvenez seul à prendre cette décision, que les parlementaires de notre République française, gravement souillée par vos propos, aient le courage et la lucidité de vous dessaisir sur le champ de vos fonctions Président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Vous êtes indigne de parler au nom de notre pays, indigne d'incarner un tant soit peu la "représentation nationale".

Jean-Marc Adolphe, rédacteur en chef des humanités
www.leshumanites.org

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.