Le patron des écologistes Julien Bayou révélait hier sur France Info un document qui sert de base aux négociations des investitures pour les législatives. Ce document table sur 165 circonscriptions jugées « gagnables », très loin des 289 pour tenter d’imposer un premier ministre non macronard.
L’affiche Mélenchon premier ministre n’a aucun sens: tel est donc le point de vue des négociateurs LFI, mais aussi des experts extérieurs, y compris Remi Lefebvre, politologue réputé partisan de Mélenchon. De son côté, le directeur de recherche auprès de l’institut de sondages Ipsos explique aussi ce matin Mathieu Gallard, .« Imaginer que la gauche seule puisse avoir une majorité absolue, ça me semble très improbable »,
Les militants non groupie de LFI - il y a en de plus en plus- le disent aussi tout net, comme François Ruffin ce matin à MDP: « Ce n’est pas en six semaines que l’on va réussir à modifier des évolutions sociales et électorales qui se sont produites sur des années …Je l’ai déjа dit, répété, je n’ai pas d’illusion sur notre fonction législative : elle est nulle. »
Tous se fondent sur le mode de scrutin: il faut 12, 5 % des inscrits pour passer au deuxième tour quand la moitié des inscrits risque comme toujours de s’abstenir. Et avec trois blocs (gauche, fasciste, et fascisateur), le candidat plus modéré ou se situant le plus au centre, donc macronard, est favorisé dans chaque circonscription au second tour par rapport à son adversaire.
Il faut frapper fort ensemble
Mais n’y-a-il rien à faire lors des législatives ? Pas du tout. Il faut frapper ensemble pour que les fascistes et les fascisateurs subissent une défaite, même partielle, et mêem locale. Il est encore possible, malgré tout le temps perdu, de répartir des circonscriptions, en choisissant le candidat le plus à même de faire mordre la poussière aux fascistes et aux fascisateurs. Le danger de la course vers la barbarie, dans la maladie sénile du capital, est réel, en France comme ailleurs. La moindre bataille, même si c’est l’Etat du capital qu’il faudra mettre à bas, participe de la guerre de position qui précède souvent un soulèvement.
Avoir 165 et plus de députés d’opposition, dans le contexte du régime présidentiel, sous la Constitution du « Coup d’Etat permanent » n’aura certes pas plus d’effet demain que hier. Mais dans les circonscriptions où gagnera la campagne anti Macron/Le Pen, jeunes et travailleurs, et tous les opprimés, auront encore plus de courage pour les luttes, et parfois un petit appui institutionnel.
Ce candidat « Résistance contre Macron/Le Pen » doit évidemment être choisi selon des critères objectifs de victoire possible. Ce sera parfois le sortant d’une des formations politiques décidées à mener la campagne unitaire. Ce sera aussi, encarté ou pas, un animateur ou symbole d’une lutte locale ou nationale, qu’elle soit syndicale, écologique, antisexiste, antiraciste, ou contre toute autre exploitation et oppression. On pourrait alors même aller au delà des 165 élus. Hors politiciens, il existe partout de personnes courageuses, lucides, déterminées, fiables et pour cela très respectées.
Pour cela, il faut marcher séparément
Evidemment, pour frapper ensemble, il faut que chaque partie respecte les partenaires, que chaque candidat commun soit totalement libre de sa parole et non aliéné à une orientation qu’il désapprouve. Certains candidats seront favorable à l’expropriation de la bourgeoisie et au socialisme, d’autre à l’aménagement du capitalisme. Ils auront des points de vue différents sur la façon d’arrêter le massacre en Ukraine, et sur tant d’autres sujet. Ils ne seront pas caporalisés, ni menteurs, ni hypocrites, ce qui doit ôter tout respect et envie de voter pour eux. Ils seront tous, au contraire libres et forts pour frapper ensemble, sous une étiquette du genre « Résistance contre Macron/Le Pen ». Le programme commun, c'est simple, c'est agir ensemble pour les chasser: "Résistance contre Macron/Le Pen".
Dans bien des formations politiques, la plupart des dirigeants, plus en mal de sinécures que soucieux de la barbarie qui vient, ne mènent aucun combat réel déterminé, ni ne souhaitent une résistance victorieuse. Ils sont opposés à agir ensemble et ne veulent que caporaliser toute la gauche. La base de leurs organisations peuvent le leur signifier: si ils préfèrent les chaises locales, les fauteuils parlementaires, et les marocains ministériels, qu’ils dégagent eux aussi.
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