Vous osez parler, on vous demande de vous taire, vous vous essayez à plaisanter, on vous demande d’être sérieux, vous êtes impertinent, on vous demande d’être conforme. Et bien sûr, si vous voulez polémiquer, on vous dit que ce n’est pas le moment. Vous remarquerez d’ailleurs que la polémique, quel que soit le moment, ce n’est jamais le moment !
Pourtant le confinement des corps ne devrait pas être aussi celui des esprits, car l’esprit critique comme la souplesse du corps se perd vite s’il n’est pas entraîné régulièrement...
Si la dictature est le confinement plus ou moins partiel des corps et en même temps le confinement plus ou moins total des esprits, il y a donc une obligation citoyenne, une exigence démocratique à continuer à se moquer des puissants, de tous les puissants. Si l’esprit de sérieux est souvent un éteignoir de la pensée, l’ironie et l’humour restent d'efficaces contre-pouvoirs.
Problème:( je n’ai pas la réponse !) qui sont aujourd’hui ces puissants dont il est sain de vouloir se moquer? Ces princes qui nous gouvernent ou ces opinions publiques qui les font prince un jour et les chassent le suivant?
Se moquer d'un prince, c’est facile, d’une opinion publique, c'est plus délicat...Il faudrait savoir qui elle est précisément et comment elle se fabrique, pour envoyer ses traits sur la bonne cible ! Qui sont ces gens invisibles, anonymes qui pensent tous en même temps la même chose et veulent peser, pour le meilleur ou pour le pire, sur nos comportements? Est-ce moi, vous, nous, eux, les autres?
A se moquer des princes, dans nos démocraties, on ne risque heureusement pas grand chose, mais se moquer des opinions publiques, c’est se moquer de moi, de vous, de nous et surtout des autres (se méfier des autres, c’est souvent eux le problème!) et risquer d’ameuter, via les réseaux sociaux, une horde tapageuse, haineuse et infinie d’imbéciles...
Car, hélas , la bêtise, elle, n’est pas soumise au confinement.