Ce fut une révélation, dit-il, avec un sourire béat et les yeux ronds, j’ai vu Macron à la télé, je suis tombé à genoux, quand je me suis relevé, je me suis mis en marche…
- Alors vous n’êtes plus de Gauche?
Il hausse les épaules et soupire,
Mon pauvre ami! Si je suis de Gauche? Mais c’est une question du siècle dernier! la Droite, la Gauche, le clivage est dépassé, Je suis un pragmatique, un réaliste, un homme de bon sens!
- Mais, c’est quoi être pragmatique?
- Etre pragmatique, c’est justement être ni de droite, ni de gauche, et de droite et de gauche et tout ça en même temps, de telle sorte que je porte tous les désirs du peuple et que chacun peut se reconnaitre en moi et donc voter pour moi.
- Mais vos idées, vos convictions?
De nouveau il soupire et hausse les épaules,
Mon pauvre ami, ce sont des mots du siècle dernier! Les convictions sont des camisoles qui empêchent les hommes politiques d’être en phase avec le peuple et de se faire élire.
Ce que veulent les gens, ce sont des hommes politiques sans convictions, des éponges qui absorbent leurs peurs et leurs désirs, des miroirs qui leur renvoient leur image, des entonnoirs qui recueillent leurs idées et des becs verseurs qui les leur restituent.
- Mais quand même vous ne trouvez pas, vous qui venez de la Gauche, que la politique économique de Macron est franchement à Droite?
Son sourire disparaît,
Attention, mon ami, critiquer la politique de Macron, c’est faire de la politique politicienne!
- Et l’approuver ?
- En dire du bien? Ah ça, c’est différent! Il jette un oeil sur la brochure "éléments de langage" qui est posée sur son bureau, dire du bien de la politique de Macron , c’est, c’est… C’est faire une analyse objective des faits.
- Allez, pas de langue de bois, dites-moi franchement, pourquoi vous avez changé de bord ?
- Habileté de marin, mon cher... Macron, pour l’instant, il a le vent en poupe...