Même que notre président Macron l’avait choisi pour nommer une opération militaro- sanitaire. C’est dire! Mais bon, mon indifférence à la signification exacte du mot ne m’empêchait pas, du moins je le croyais, de comprendre le monde. Et puis, jeudi dernier le choc ...
Le matin, un ami parisien me confie au téléphone, tu sais, c’est pénible la vie en appartement avec ce confinement.... le voisin du dessus fait énormément de bruit depuis qu’il est en résilience...Comme je m’étonne, il m’explique, oui, il n’arrête pas de rebondir du matin au soir! C’est infernal! Heureusement chez les voisins du dessous, c’est calme, ils sont partis en résilience secondaire à l’ile de Ré...J’ai pas voulu paraître bête, surtout avec un parisien, j’ai fait comme si je comprenais.
Le soir, second choc, en regardant un reportage à la télé. L’homme interviewé, environ 40 ans, un ancien trader parisien vivant désormais sur un lopin de terre dans la Drôme échange des salades contre des oeufs (ou l’inverse) avec son voisin, ex courtier en assurances, lui aussi ex parisien. Et voilà que pour expliquer sa démarche et promouvoir le modèle économique (des oeufs contre des salades ou l’inverse) qui va sauver la planète et nourrir ses habitants, il se met à ponctuer chacune de ses phrases du mot résilience... Résilience incomplète, résilience primitive, résilience secondaire, résilience réussie, résilience par ci, résilience par là, il n’a que ce mot à la bouche!. Le reporter a l’air de comprendre... Moi pas!
J’ai pris conscience alors que par la faute d’un mot, j’étais en train de passer à côté d’un pan entier de l’humanité, je me coupais de mon siècle, de ses forces vives, de la modernité! Je découvrais que qui ne sait pas ce qu’est être résilient ne peut le devenir et que qui n’est pas résilient devient un has been! L’horreur! Alors, je me suis jeté sur un dictionnaire...
" Résilience", j’ai tout de suite vu l’importance du mot. Sur lui, il y en avait des pages et des pages. De la résilience partout, dans tous les domaines. J’ai lu, j’ai tout lu et je me suis fait ma petite synthèse, quelque chose qu’il me serait facile de comprendre, facile à retenir, une sorte de définition de la résilience pour les nuls.
Le meilleur synonyme? Effectivement, le rebond! La meilleure image? le ballon!
L’homme serait une sorte de ballon, de balle. Quand il touche un obstacle, il rebondit plus ou moins ou pas du tout. Par exemple, une balle de tennis mouillée rebondit peu, un ballon crevé pas du tout... Et qu’est-ce qu’on fait d’une balle de tennis mouillée ou d’un ballon crevé? On les jette, on les met à la poubelle. Alors pour ne pas être jeté, l’homme-ballon quand il rencontre un obstacle doit rebondir le mieux et le plus haut possible. On mesurera ensuite la qualité de sa résilience à la hauteur de son rebond. C’est simple. On pourrait même imaginer pour motiver les hommes organiser des jeux olympiques de la résilience... Mais là, excusez-moi je m’égare!!
"Résilience"! Une autre image facile à comprendre? Vous tombez dans l’eau, vous coulez, vous touchez le fond, vous allez vous noyer et là, d’une impulsion rageuse du pied vous repoussez le sol, alors vous remontez et refaites surface, vous respirez, vous êtes sauvé! (Enfin, vous l’êtes si vous savez nager... mais si vous ne savez pas, rien n’est perdu... Il suffit d’être résilient plusieurs fois de suite, jusqu’à ce qu’un passant vous jette une bouée). C’est ça la résilience: rebondir obstinément, refaire surface!
On raconte même qu’il y en a qui poussent si fort, des super-résilients en quelque sorte, que tels des missiles tirés d’un sous-marin, ils jaillissent de l’eau et vont se placer directement en orbite autour de la terre. Attention cependant, si tel est votre cas, de ne pas heurter alors un autre objet tournant ou quelconque satellite car on ne sait pas ensuite jusqu’où la résilience dans le vide peut vous conduire... Un rebond éternel vers des espaces infinis?