Rappelle-toi le tour de France, ces interminables étapes de plaine, que tu regardais, l’après-midi, affalé sur ton canapé, au frais, les persiennes du salon demi fermées. Il ne s’y passait rien. Tu pouvais te laisser aller à somnoler jusqu’à 5 km de l’arrivée… Alors, immanquablement le peloton avalait les vaillants échappés de la première heure. L’un d’entre eux recevrait pour consolation la prime de la combativité et tu étais content pour lui. Il y avait un peu de justice dans ce bas monde…
Rappelle-toi Roland Garros, ces interminables échanges de coups liftés sur la terre battue entre un argentin et un espagnol. Il ne s’y passait rien. Chacun gagnait immanquablement son service. Et la partie se jouait, après des heures et des heures, au tie-break du 5 ème set, à la tombée de la nuit.
Rappelle-toi ces discussions enflammées et sans fin à la télé entre spécialistes, au bistrot entre copains, en famille au repas du dimanche, pour savoir si Olivier Giroud avait sa place en équipe de France, si Mbappé devait jouer à droite ou plutôt au centre de l’attaque.
Rappelle-toi toutes ces heures futiles, ces propos dérisoires, c’était ça le bonheur.