Tout dire ? Non... Car toujours je m’inquiète. Attention! Lui, si j’écris ça, que va-t-il en penser? J'en dis trop? Et l’autre, c’est sûr, je vais le décevoir, je n'en dis pas assez. Et ceux-là, si je me moque de leurs gourous, ça va pas leur plaire! Et comme ils chassent en meute, ils vont me pourrir la vie… Et puis il y a tous les autres en embuscade qui comprennent de travers, prennent la Gauche pour la Droite ou l’inverse, tous ces bataillons de susceptibles chroniques obsessionnels, qui s’émeuvent au moindre rien, s’indignent de tout, qui vont décortiquer mes phrases pour voir si par hasard je ne serais pas un islamophobe déguisé en islamo-gauchiste, un macho pur jus déguisé en féministe bon teint, un laïcard étroitement universaliste ou un écolo bouffeur de viande…
Du coup, je n’ose plus rien dire, peur que mon premier mot ne soit le mot de trop.