Certains qui gagnent peu cotiseront peu tandis, que d’autres gagnant beaucoup cotiseront beaucoup. Donc, au final, petits salaire petite retraite et gros salaire grosse retraite. Ceux qui ont travaillé dur et longtemps pour un salaire de misère, auront une retraite courte et de misère! Ils auront vécu pauvres, vieilliront pauvres, mourront pauvres! Et de leur point de vue ( temps passé au travail et pénibilité du travail), ce n’est pas juste! L’universalité, la vraie, (et l’égalité qui va avec), pensent-ils, voudrait que chacun touche la même somme à la retraite et pendant le même temps.
Mais une telle égalité à d’autres semblera insupportable. Comment diront-ils, j’ai cotisé beaucoup et je touche peu, tandis que lui, qui a cotisé peu va toucher la même chose que moi! De leur point de vue (argent cotisé), ce n’est pas juste!
On perçoit que, même si ce dernier raisonnement ne tient pas compte du temps très inégalitaire pendant lequel les uns et les autres vont profiter de leur retraite, les notions de justice et d’égalité sont parfois difficiles à concilier…
Il y a des égalités injustes aux uns qui semblent justes aux autres et inversement. Tout dépend où on se trouve, de quelle fenêtre on voit le monde. C’est une question de point de vue.…
Le problème, c’est que notre société ne semble plus voir que d’un seul point de vue… En effet, ceux qui s’expriment dans les médias, ceux qui décident sont tous des gens qui n’ont pas de soucis d’argent. Et qui pensent comme des gens qui n’ont pas de soucis d’argent.
Jamais à l’assemblée nationale et particulièrement dans la majorité, il n’ y a eu autant de représentants des cadres supérieurs et des professions libérales. Jamais dans un gouvernement il n’y a eu autant de ministres fortunés. Et, cerise sur le gâteau, se trouvent à la tête de l’état deux hommes d’affaires, deux hommes d’argent: c’est un ancien banquier qui préside la république et un ancien lobbyiste qui est premier ministre…*
Pas d’ouvriers, pas d’employés, pas de chômeurs, pas de sdf, pas de petits commerçants, pas de petits artisans, pas de petits fonctionnaires, pas de petits agriculteurs, pour diriger le pays ou proposer les lois. Seulement des gens qui ont de l’argent. C’est comme si le peuple ( entendu comme l’ écrasante majorité de la population qui gagne peu ou pas beaucoup) déléguait le pouvoir à une minorité de gens fortunés pour décider de son sort. Vrai problème de représentation: les gens pauvres, les gens modestes, les gens à revenus moyens délèguent à des gens riches ou très riches le soin de défendre leurs intérêts.
Les défendent-ils?
Réponse: non.
La première mesure significative de ce gouvernement de gens fortunés fut la suppression de l’Impôt sur la Fortune!
*E Philippe a été directeur des affaires publiques du groupe AREVA de 2007 à 2010