MANIFESTE DE BELÉM
PACTE MONDIAL DES JEUNES POUR LE CLIMAT / GLOBAL YOUTH CLIMATE PACT
Nous, signataires, jeunes du Pacte mondial pour le climat, accompagnés de professeurs et de scientifiques issus de tous les continents, élevons cette voix collective portés par une conviction profonde : la crise climatique est également une crise économique, sociale, éthique et éducative. Les sécheresses, les migrations forcées, la perte d’emplois et l’augmentation des prix des denrées alimentaires érodent déjà les piliers du bien-être mondial. Nous ne faisons pas face uniquement à une urgence environnementale : nous vivons une véritable crise de civilisation.
Nous reconnaissons les avancées scientifiques et politiques obtenues lors des conférences internationales, mais dénonçons aussi la lenteur et l’insuffisance de l’action gouvernementale, dont la passivité amplifie les dommages et repousse des décisions qui ne peuvent plus être différées. Nous l’affirmons clairement : aucun accord climatique ne sera efficace sans une transformation culturelle et éducative profonde, capable de renouveler les valeurs, les pratiques et les économies qui soutiennent la vie.
ARGUMENTS : POURQUOI L’ÉDUCATION DOIT ÊTRE UN PILIER DE LA COP30
1. Sans éducation, il n’y a pas de transformation durable.
Les technologies propres et les investissements verts demeurent insuffisants si persistent des mentalités privilégiant le profit immédiat au détriment du bien commun. Seule l’éducation peut cultiver une conscience d’interdépendance et de responsabilité planétaire, fondement de toute économie solidaire et régénérative.
2. L’inaction politique a un coût économique dévastateur.
L’absence de décisions fermes multiplie les pertes agricoles, énergétiques et d’emploi, en particulier dans les pays du Sud global. Il est urgent de former des citoyens capables de comprendre, d’exiger et de soutenir des politiques cohérentes avec la justice climatique.
3. Les jeunes ont besoin d’outils, et non seulement de discours.
Il est injuste d’exiger de la jeunesse qu’elle résolve une crise pour laquelle elle n’a pas été préparée. Les systèmes éducatifs doivent développer des compétences du XXIe siècle — pensée systémique, résilience, collaboration, leadership éthique — essentielles pour l’employabilité verte et l’entrepreneuriat durable.
4. La transition énergétique et économique doit être également éducative et inclusive.
Sans cela, elle ne fera qu’approfondir les inégalités existantes. Seule une éducation véritablement transformatrice garantit que les communautés les plus vulnérables participent à la transition écologique et en bénéficient, contribuant ainsi à réduire les inégalités sociales et économiques
APPEL À L’ACTION : NOS DEMANDES POUR LES PROCHAINES COP
1. Reconnaissance formelle de l’éducation à l’action climatique comme pilier stratégique des prochaines
COP
Nous demandons que l’éducation bénéficie du même niveau de centralité que la mitigation, l’adaptation et le financement. Sans éducation, il n’y a pas de progrès : le savoir génère argumentation, conscience et mobilisation. Actuellement, l’éducation de qualité n’est pas équitable et l’accès à l’information reste limité. Même dans les espaces « verts » des COP, la présence de la population générale est réduite. La rhétorique officielle se répète fréquemment, produisant un « marketing vert » qui ne se traduit pas par des résultats concrets.
2. Engagements financiers concrets pour transformer les systèmes éducatifs
Nous demandons des investissements vérifiables pour actualiser les curricula, former les enseignants et produire des ressources pédagogiques durables, avec une attention particulière aux pays du Sud global. L’expérience récente au Brésil montre que des investissements ponctuels, comme ceux réalisés pour la COP30 à Belém, ne se maintiennent pas toujours dans le temps. La déforestation, l’insécurité alimentaire et la faible protection des populations autochtones persistent. Le manque de financement adéquat affecte également l’agriculture et l’économie, amplifiant les pertes dans le contexte d’événements climatiques extrêmes.
Les ressources existent ; ce qui fait défaut, c’est la décision politique et l’orientation vers des modèles productifs durables.
3. Création d’un mécanisme permanent de participation des jeunes et des éducateurs aux décisions éducatives des COP
Il est nécessaire que les réseaux de jeunes et d’éducateurs participent au suivi et à la mise en œuvre des décisions. La jeunesse dispose de préparation et de propositions, mais manque de visibilité, de soutien et de conditions matérielles. Des projets, des technologies, une formation émotionnelle et un appui politique sont nécessaires, depuis les instances locales (conseillers municipaux) jusqu’aux instances fédérales.
4. Inclusion explicite de l’éducation dans les Contributions Déterminées au niveau National (CDN / NDC)
Les NDC doivent lier les engagements éducatifs aux engagements climatiques et économiques. Le savoir scientifique et les savoirs traditionnels existent, mais il manque des espaces pour les écouter. La désinformation reste élevée et la population a peu d’opportunités de participer ou de comprendre les politiques climatiques. Les énergies durables et les produits écologiques restent inaccessibles pour beaucoup, rendant la transition injuste et inviable. Sans s’attaquer aux inégalités, il n’y aura pas de préservation de l’environnement. Il est nécessaire de valoriser les cultures locales, en particulier les savoirs autochtones, et de communiquer de manière accessible et culturellement appropriée.
5. Que l’accès au savoir soit démocratisé lors des COP.
6. Que soient intégrées dans le cursus scolaire, dès la première année, des actions concrètes, des projets et des notions vulgarisées en faveur de la préservation de la nature et de la protection de l’environnement. Il est nécessaire que les jeunes se sentent pleinement immergés dans ces actions. Cela doit devenir un
véritable acquis culturel. Les jeunes doivent prendre conscience des conséquences de leur mode de vie sur l’environnement à toutes les échelles.
7. Que soit créée une bibliothèque communautaire universelle et participative (supervisée) afin de partager connaissances et expériences environnementales et sociétales.
8. Qu’un temps suffisamment long soit mis à disposition pour la réalisation de projets permettant de réfléchir, repenser et remettre en question avant d’être entendus. Il est fondamental d’offrir aux jeunes la possibilité d’être réellement écoutés.
9. Que les jeunes soient représentés lors des consultations et participent à la prise de décisions à toutes les échelles, en particulier lors des COP.
CLÔTURE ET ENGAGEMENT
Nous ne venons pas pointer des coupables, mais convoquer à la coresponsabilité. Nous ne sommes pas des spectateurs : nous sommes des jeunes, des éducateurs, des scientifiques et des citoyennes et citoyens conscients que l’inaction coûte des vies, des emplois et l’avenir. Notre outil le plus puissant est l’éducation — et c’est avec elle que nous souhaitons transformer et soutenir l’avenir.
Monsieur le Président, Madame la Ministre, honorables délégués : l’éducation est climat, économie et justice. Il n’y aura pas de développement durable tant que le savoir, l’éthique et l’action resteront dissociés. Que la COP30 marque un point d’inflexion historique, où enseigner à prendre soin soit aussi urgent que réduire les émissions, et apprendre à vivre ensemble soit aussi stratégique que financer la transition.
Avec espoir, urgence et conviction, ce manifeste est signé par les jeunes présents à la COP30 de Belém (11–15 novembre 2025) ainsi que par les 58 000 jeunes du programme Global Youth Climate Pact.
Belém, Brésil — novembre 2025.