Jusqu’où Donald Trump s’engagera-t-il pour presser les belligérants et devenir le faiseur de paix à Gaza ? Un peu plus ? Ou au maximum ? Le sort des Gazaouis pris dans l’étau du génocide en dépend pour une bonne part. Et leur destin pèsera lourd dans la balance du Nobel de la Paix (de cette année ou de la prochaine).
Le prix diplomatique et politique est à la hauteur de l’enjeu. Jusqu’à peu, Donald Trump se tenait aux côtés des partisans du « Grand Israël », celui du gouvernement de Benjamin Netanyahou allié aux partis des colons de la Cisjordanie. Mais surtout celui des évangéliques américains auprès desquels Donald Trump s’était engagé, en 2016, pour obtenir leur soutien dans la présidentielle, à déplacer l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem et ce faisant en finir avec la ligne des deux États. Promesse tenue dés qu’il s’installa à la Maison Blanche en 2017. Revenu au pouvoir en janvier de cette année, il nomme un nouvel ambassadeur à Jérusalem, Mike Huckabee, un pasteur évangélique qui, cerise sur le gâteau, a de l’expérience politique ayant été un gouverneur républicain de l’Arkansas.
Les évangéliques américains sont engagés de longue date avec Israël. À une hauteur de 72% en 2003, selon un sondage du réputé Pew Research Council - « Les protestants évangéliques blancs sont de loin les plus susceptibles de croire qu’Israël a été donné aux Juifs par Dieu et qu’il accomplit la prophétie biblique de la seconde venue » du Christ. D’une lecture littérale des dernières pages des Évangiles, celles attribuées à Jean de Patmos, consacrées au Jugement dernier et à la Fin des temps, les évangéliques exhument jusqu’au lieu de la bataille décisive des Fils de la Lumière contre les armées de l’Antéchrist, en Galilée, au mont Meguido ou en ancien grec Armageddon, un mot passé dans le langage courant aux États-Unis où il est synonyme de guerre nucléaire.
S’aliéner les évangéliques partisans du « Grand Israël » aurait un coût électoral pour Donald Trump, l’an prochain, lors des élections de mi-mandat. Or le scrutin s’annonce serré. Traditionnellement, c’est un scrutin défavorable au parti du président en place. Donald Trump dispose actuellement d’une majorité extrêmement étroite dans l’actuelle Chambre des représentants – 5 parlementaires dans une assemblée de 435 membres.
Or, les partis des colons israéliens sont opposés au processus de paix. D’ici quelques jours, le monde entier mesurera à ses efforts combien Donald Trump tient au titre de Faiseur de paix.
(Pour un récit documenté des négociations de Donald Trump avec les évangéliques, voir Donald Trump, la politique à la renverse, pp. 39-43)
