À Nantes, le mardi 14 mars 2023, un petit cortège étudiant retournait pacifiquement dans son université après avoir participé à un barrage filtrant organisé par la CGT contre la réforme des retraites. Les policiers les ont encerclés, « nassés », et ont palpé quatre jeunes filles.
Ce groupe de manifestants pacifique a été encerclé alors que le Conseil d’État, dans sa lecture du 10 juin 2021, a annulé les propositions du ministre de l’Intérieur pour « encercler un groupe de manifestants aux fins de contrôles, d’interpellation ou de prévention de troubles ». Les 4 jeunes filles ont été palpées dans leurs parties intimes sans leur « accord express », requis règlementairement.
« Les gestes décrits sont inexplicables », rapporte maître Anne Bouillon, une de leurs défenseures, dans Mediapart du 18 mars. « L’objectif était a minima d’humilier ». « Les faits que les jeunes filles décrivent », rapporte maître Aurélie Rolland, « des palpations avec les mains à l’intérieur des sous-vêtements nous apparaissent hallucinants. Ils s’accompagnent de propos inadaptés, insultants, humiliants », (les témoins rapportent des propos avilissants, « Je vais te fouiller dans la chatte », « t’es sale, ça me dégoute », etc.) « Les étudiantes décrivent à présent un sentiment d’insécurité, et de stress, qui correspond à ce que les victimes d’agressions sexuelles éprouvent », décèle l’avocate.
Après la plainte en justice des étudiantes contre X pour « violences sexuelles par dépositaire de l’autorité publique », le procureur de la république n’a cependant pas confié l’enquête préliminaire à la gendarmerie nationale, un corps indépendant de la police, mais à l’Inspection générale de la police nationale. Interrogé à l’Assemblée nationale, le 21 mars, le ministre de l’Intérieur n’a pas eu un seul mot pour les 4 jeunes filles de Nantes et a fortiori sur les manquements aux règlements des forces de l’ordre qu’il dirige.
Nous demandons aux organisations des droits de l’Homme, nationales et internationales, de nouveau inquiètes des dérives du maintien de l’ordre en France, de documenter « l’Affaire de Nantes ».
Nous enverrons une délégation des signataires assister aux audiences judiciaires. Ni l’humiliation, ni les violences faites aux femmes n’ont leur place dans la société où nous voulons vivre.
Swann Arlaud, acteur. Mathilde Auneveux, actrice. Naidra Ayadi, actrice.
Anne Benoît, actrice. Louise Beriot, avocate. Jehnny Beth, musicienne. Laurent Binet, écrivain. William Bourdon, avocat. Vincent Brengarth, avocat. Geneviève Brisac, écrivaine. Jean-Louis Brochen, avocat.
Catherine Corsini, réalisatrice. Juliette Crouzet, avocate.
Lomane De Dietrich, actrice. Marie Denarnaud, actrice. Caroline Deruas, réalisatrice, actrice. Audrey Diwan, écrivaine et réalisatrice. Victoire Du Bois, actrice. Luana Duchemin, actrice.
Annie Ernaux, écrivaine. Aude Évin, avocate.
Philippe Faucon, réalisateur et producteur.
Julie Gayet, actrice. Franck Gérard, archéologue, Robert Guédiguian, réalisateur.
Clotilde Hesme, actrice. Jean-Daniel Hesme, fonctionnaire retraité. Christophe Honoré, réalisateur.
Mathilde Jouanneau, avocate.
Lola Lafon, écrivaine. Pierre Lemaitre, écrivain.
Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes. Garance Mariller, actrice. Nicolas Mathieu, écrivain. Christelle Mazza, avocate. Anna Mouglalis, actrice.
Stanislas Nordey, comédien, metteur en scène.
Pomme, artiste, musicienne. Claude Ponti, auteur et illustrateur.
Olivier Rabourdin, acteur. Agathe Rousselle, actrice. Zoë Royaux, avocate.
Jean-Marc Salmon, sociologue. Laurent Simeray, avocat. Leila Slimani, écrivaine. Floriane Stricot, avocate.