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Billet de blog 3 août 2023

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RENOUVEAU DU NUCLEAIRE ? QUELQUES ELEMENTS

Les chiffres les plus officiels le démontrent : le monde compte de moins en moins sur le nucléaire pour résoudre les problèmes d'énergie ou de dérive climatique. Le monde, mais pas la France. Quels que soient les gouvernements, contre toutes les évidences, notre pays s'entête dans ce qu'il faut bien appeler un dogme..

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Il est déjà amusant de voir que les différents organismes officiels, que ce soit l'AIEA (Agence Internationale de l'Energie Atomique), la World Nuclear Association, l'AIE (Agence Internationale de l'Energie), ou d'autres, les chiffres varient…  Mais en moyenne, quelle est la situation du nucléaire aujourd'hui ?

 Il y a aujourd'hui environ 436 réacteurs (à 1 ou 2 près) opérationnels et connectés à des réseaux électriques. Ce qui ne veut pas dire que ces réacteurs sont tous en état de marche : il n'y a qu'à voir les arrêts de tranche des 56 réacteurs français en 2022.Ces réacteurs représentent une puissance installée de 390 GWe (390 000 MWe)  environEt ces 436 réacteurs sont opérationnels dans 32 pays (USA 93 réacteurs, France 56, Chine 55, Russie 37….) et sur ces 32 pays, 15 disposent de moins de 5 réacteurs.

 Il y a 57 (ou 56 ?) réacteurs officiellement en construction : 15 en Chine, 4 en Corée, 3 en Russie et en Turquie…  et 1 en France (notre EPR…), et a des dates diverses : en Slovaquie, la construction du réacteur Mochovce-3 a commencé en 1987.Ces réacteurs en construction représentent un potentiel de 62 GWe.

Enfin, depuis le début de l'ère nucléaire civile, on a mis à l'arrêt définitif d'environ 200 réacteurs, soit un potentiel d'un peu plus de 100 GWe. 

Ces 62 GWe de construction ne compensent pas les 100 GWe d'arrêt : en d'autres termes, le nucléaire s'éteint, et ne représentera pas une solution viable pour résoudre même partiellement les problèmes climatiques – sauf en France, à  en croire nos gouvernements…

 Pour ce qui concerne la production d'électricité à partir du nucléaire, malgré les problèmes de 2022, la France reste championne, avec 63 % d'électricité nucléaire. Pour ce qui concerne la planète, la part du nucléaire dans l'électricité, qui représentait 3%  en 1973, en est aujourd'hui à quelques 10%. Et on notera que cette part, qui a augmenté jusqu'en 1996 avec 17,6 % n'a cessé de décroître depuis. Sur le plan de la production d'électricité aussi, la part du nucléaire ne cesse de diminuer.

De même que la part des fossiles, qui passent de plus de 75 % à 65 %, tandis que les renouvelables électriques (hydro, solaire, vent) passent de moins de 1 % à près de 9%.

 Alors qu'à l'évidence le monde recourt de moins en moins sur le nucléaire, en France nos gouvernements, quelle que soit leur orientation, s'obstinent à croire en ce qu'il faut bien appeler un dogme, au-delà de toute logique.

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