Robert Badinter laisse la trace d'un humaniste tenace, qui a fait abolir la peine de mort en France (qui était le dernier état de l'UE, à l'époque, à détenir cette peine dans son "arsenal" judiciaire).
Comme chacun sait, Robert Badinter est décédé le 9 février dernier. Comme chacun sait, le Président Macron a décidé de lui faire rendre un "hommage national" qui s'est déroulé le 14 février devant le Ministère de la Justice.
On lit, ici et là, que la présence de parlementaires de "La France Insoumise" a jeté le trouble dans cette cérémonie, ou "créé la polémique". En effet, la veuve de l'ancien ministre, Mme Elisabeth Badinter, femme de lettres, philosophe, avait émis le voeu que les parlementaires du Rassemblement National et de La France Insoumise soient écartés de cet hommage. Le RN en a profité pour s'abstenir d'un hommage auquel il ne souhaitait pas participer, mais LFI y a délégué deux de ses parlementaires les plus éminents : la vice-présidente de l'Assemblée Nationale, Caroline Fiat, et le sénateur Eric Coquerel, Président de la Commission des Finances.
Bien étrange de lire dans "Les Echos" : "Hommage à Badinter : la présence de députés LFI crée la polémique"; et d'apprendre que M.Macron a cru bon de notifier à LFI le "refus" de "la famille" de la présence d'un groupe parlementaire à un hommage national.
Personne en dehors d'elle et de ses proches ne connaît les motivations de Mme Badinter. Elles sont très mystérieuses en ce qui concerne LFI et leur expression relève d'un amalgame qui n'aurait peut-être pas convenu au principal intéressé. Il est étrange qu'une personne privée puisse croire que l'expression d'un voeu personnel puisse avoir une influence sur le déroulement d'un évènement républicain, qui n'a rien à voir avec des obsèques. Il est même étrange qu'une personne, fût-elle son épouse, pense avoir des droits aussi rigoureux sur la mémoire publique d'un homme public. Voilà une étrange conception des choses, en particulier de la part d'une personnalité elle-même publique dont les convictions féministes ont été affirmées.
On rappellera en conclusion que la loi d'abolition de la peine de mort, principale oeuvre publique de Robert Badinter, a été votée malgré 118 voix contre, toutes issues de la minorité de droite RPR et UDF, vis-à-vis desquelles les actuels groupes parlementaires Renaissance, LR, Démocrates, Horizons, ont un héritage historique certes lointain, mais reconnaissable. On sait d'ailleurs que les positions de certains membres de certains de ces partis n'ont rien d'abolitionnistes.
Allez comprendre...
Billet de blog 22 février 2024
Robert Badinter : hommage national ou hommage familial ?
A propos de l'interdiction, par sa veuve, de présence de parlementaires LFI à l'hommage national rendu à Robert Badinter.
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