Comment un homme , aussi compétent soit-il , mais isolé par la constitution dans sa tour d'ivoire élyséenne , véritable bunker humain et politique , pourrait il porter sur ses épaules toute la complexité du pays et du monde qui l'entourent ? Impossible !
Le diagnostic est accablant :
D'abord , d'un point de vue purement psychologique , les pouvoirs exorbitants conférés à un seul homme par la constitution de la Cinquième République sont proprement inhumains voire supra- humains , n' attirant depuis sa fondation que des hommes imbus et maladivement obsédés par le Pouvoir , au caractère vaniteux exacerbé , voire souffrant carrément de troubles mégalomaniaques ( De Gaulle ou Macron en sont de beaux spécimens ou encore Mélenchon et Le Pen qui en rêvent...) Par ailleurs , les avantages induits par un tel prestige politique sont un tropisme bien trop fort pour des âmes corrompues par l'argent et le désir névrotique de notoriété ( Sarkozy ) sans parler de l'influence démesurée qu'il procure ou même de la fascination qu'il suscite auprès des femmes ou des maîtresses à "collectionner " ( Giscard , Chirac , Hollande ). Les scandales politico-financiers qui éclaboussent régulièrement toute la classe politique au delà des clivages partisans, en sont la triste illustration : que ne ferait on pas pour financer une campagne électorale dispendieuse en vue d'accéder à cet Olympe inaccessible au commun des mortels et décrocher ce Saint Graal à tout prix ? Une fois conquise , la fonction elle-même développe cette capacité inouïe de transformer profondément l'individu dans son essence et ses idées , au point que l'homme que l'on a élu , est parfois aux antipodes du candidat que l'on a aimé et soutenu, le faisant souvent passer pour traître ou renégat (Mitterrand) . Exception qui confirme la règle , Pompidou , qui a su garder la mesure de ses immenses pouvoirs , probablement aidé en cela par ses origines rurales ( Montboudif ) son goût pour la poésie et sa passion pour la Culture...
Sous un angle plus institutionnel , la rupture d'équilibre entre les trois pouvoirs voulue par De Gaulle , conduit immanquablement à une dérive absolutiste , rendue fatale par la faiblesse congénitale des contre-pouvoirs . Avec pour conséquence inéluctable , l'infantilisation des citoyens et de leurs représentants à l'assemblée , réduits au rôle de figurants , à l'exception des moments de cohabitation forcée . Quelle ironie de constater que les principes démocratiques sont mieux respectés lorsque le pays est paralysé ! Preuve que ces institutions sacralisées par tous depuis De Gaulle , ne fonctionnent plus et ne font pas vivre la démocratie réelle .
Bref , ces institutions inefficaces et dangereuses , non seulement génèrent des candidats narcissiques ivres de pouvoir , aux dépens d'hommes vertueux soucieux du bien public mais , circonstance aggravante , ne permettent plus à l'idéal démocratique de s'incarner dans une fonction politique majeure
Les cinq solutions imaginées ci dessous sont donc frappées au coin du bon sens pour fonder une NOUVELLE REPUBLIQUE :
1) Il faut commencer par abolir la fonction présidentielle pour en finir définitivement avec les derniers vestiges de la monarchie absolue dont le 21 septembre 1792 ( fin de la royauté ) puis le 21 janvier 1793 ( mort du roi ) ne nous ont pas guéri , loin de là , avec le grand retour de la Monarchie républicaine depuis 1958 après les épisodes bonapartistes , la Restauration ou la parenthèse vichyste.
2) L'autre révolution nécessaire est d'avoir l'audace de complètement dé-professionnaliser la fonction élective à toutes les échelles , avec l'introduction d'un tirage au sort d'envergure et le principe d'un mandat unique , révocable et indemnisable à hauteur d'un SMIC mensuel pour faire vivre la Politique mais ne plus pouvoir en vivre grassement aux frais du contribuable .
3) Ainsi , c'est aux citoyens qu'il faut restituer le pouvoir confisqué par une caste de nouveaux privilégiés , les politiciens professionnels soumis aux lobbies de l'argent-roi .
A l'échelle nationale , replacer le centre de gravité politique du pays au niveau d'une Assemblée Législative régénérée par son recrutement renouvelé et son organisation plus adaptée à la modernité d'un monde ouvert : l'Assemblée des 600 , élue pour quatre ans , serait composée d'un tiers de citoyens français tirés au sort , d'un tiers de députés nationaux élus au scrutin proportionnel reflétant parfaitement les forces politique du moment et enfin grande Révolution , pour ouvrir la Représentation au monde : même minoritaire , ce derniers tiers élu , devrait comprendre des étrangers installés en France depuis au moins quatre ans . Quoi de mieux pour faire évoluer en douceur le vieil Etat-Nation périmé et les mentalités archaïques vers plus de supranationalité ? En somme , une configuration qui épouse davantage les défis écologiques , sanitaires , démographiques et migratoires d'un monde où les frontières , ces dernières cicatrices du nationalisme et des tragédies du 20ème siècle , se refermeraient définitivement .
Chaque année , une présidence tournante et collégiale ( cinq directeurs issus de la majorité parlementaire ), représenterait le pouvoir exécutif , comme chef d'Etat et de gouvernement , sans premier ministre , fonction devenue inutile . Que d'économies substantielles en perspective , surtout si l'on supprime sur la lancée les assemblées intermédiaires parasitaires destinées uniquement à offrir un tremplin et une tribune aux carriéristes politiques dans leur curriculum vitae : les conseils départementaux et régionaux de moins en moins pertinents à l'aune de la mondialisation.
A l'echelon local , privilégier toujours la démocratie participative directe avec rotation annuelle des assemblées municipales dont les membres seraient tous tirés au sort parmi des citoyens volontaires et bénévoles de la commune .
4) Pour la Haute Administration du pays , réformer profondément les écoles d'excellence ( E.N.A.) qui ne produisent aujourd'hui que des technocrates véreux et des communicants ignares , épris de management et de bullshit , au service d'un libéralisme deshumanisé . Former plutôt des élites humanistes de la connaissance , rompues au méthodes de la littérature , de l'histoire et de la philosophie , capables par leurs humanités de penser le monde en prenant de la hauteur . L'E.N.S pourrait en être la matrice et le modèle à suivre dans toutes les disciplines .
5) Dans cette perspective , le candidat à la présidentielle de 2022 qui porterait ces propositions révolutionnaires devra s'engager une fois élu , à mettre fin immédiatement à ses fonctions de Président de La Cinquième République pour être remplacé par une Assemblée Nationale Constituante chargée d'élaborer cette NOUVELLE REPUBLIQUE .