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Ce n’est pas ma haine, mais mon dégoût qui rongeait ma vie! Hélas! que de fois je fus fatigué de l’esprit, en voyant la canaille elle-même avoir de l’esprit !
Et j’ai tourné le dos aux gouvernants, lorsque je vis ce qu’ils appellent aujourd’hui gouverner : trafiquer et marchander le pouvoir - avec la canaille !
J’ai vécu parmi les peuples, étranger à leurs langues et les oreilles closes, afin que le langage de leur trafic et leur marchandage pour le pouvoir me restassent étrangers.
Et, en me bouchant le nez, j’ai traversé, à contrecœur tous les hier et tous les aujourd’hui ; en vérité, tous les hier et tous les aujourd’hui empestent la canaille écrivante !
J’ai vécu longtemps comme un estropié devenu sourd, aveugle et muet, afin de ne pas vivre avec la canaille du pouvoir, de la plume et des plaisirs.
Mon esprit a monté des marches, péniblement et avec prudence ; les aumônes de la joie furent son réconfort, il vécut en aveugle au rythme de son bâton.
Mais que m’est-il donc arrivé ? Comment me suis-je délivré du dégoût? Qui a rajeuni mes yeux ? Comment ai-je atteint d'un coup d'ailes la hauteur où il n’y a plus de canaille assise a la fontaine ?
Mon dégoût lui-même m’a-t-il donné des ailes et les forces capables de capter les sources ? En vérité, j’ai dû voler jusqu’au plus haut sommet pour retrouver la fontaine de la joie !
Oh ! je l’ai trouvée, mes frères! Ici, au plus haut sommet, jaillit pour moi la source de la joie ! Et il y a une vie dans laquelle la canaille n’a jamais trempé les lèvres !