75 ans, cancer, en taule, isolé, avocat juif et injonction d’en changer, grève de la faim. L’espérance de vie de Boualem Sansal dans les geôles de la junte algérienne est voisine de zéro. Un peu à la manière des martyrs du 7 octobre, il a au cul, par dessus le marché, une horde de fous furieux et imbéciles, ou bien simplement infâmes. Dans la logique stupide de La France Islamiste, quiconque s’en prend à la junte s’en prend à la fois à l’Algérie indépendante, à l’islam, aux Arabes. Peut-être aussi aux Kabyles ? Dans la logique stupide de La France Islamiste, Boualem Sansal est donc colonialiste, islamophobe, raciste tous azimuts. Dans la logique stupide de La France Islamiste, Boualem Sansal est d’extrême droite.
Cette même stupidité qui pousse inexorablement, depuis des décennies, les désespérés de la gauche vers… ce que l’on nomme toujours extrême-droite, justement, qui est en train de devenir une sorte d’école de la droiture face à l’absurdité nihiliste.
La nouvelle extrême droite
Voici une tronche de nouveau nazi :
Agrandissement : Illustration 1
Voici symétriquement une tronche de nouveau trotskiste (le grand, pas le petit) :
Normal. Orwell spécifie bien que la guerre, c’est la paix, ou que la liberté, c’est l’esclavage.
Autre ennemi de Boualem : Macrubu. Il n’a pas hésité à discréditer son premier ministre et son ministre de l’intérieur, en affirmant qu’il n’était pas question de remettre en cause unilatéralement les accords de 68 : Boualem est pas sorti de taule, les apprentis terroristes et racailles chevronnées sont pas encore sortis de France.
Bref. Boualem va mourir en taule.
Un jeune pourrait estimer que c’est une belle mort, de mourir pour la liberté, au seuil de sa vie. Le vieux que je suis sait au contraire qu’un seul jour compte quand on approche de la fin. Je sais tous les albums de Goscinny, tous les morceaux de Mozart, toutes les chansons de Brassens, tous les essais de Camus qu’une mort prématurée a empêchés.
Mais je sais aussi que justement, ces œuvres-là, sont des morceaux de vie éternelle. Que Mozart revit à chaque fois que quelqu’un l’écoute. Moi, j’ai fait revivre Goscinny un paquet de fois !
Alors, comme une prière, avec plus de ferveur encore, lisons Boualem Sansal. J’avoue que malgré de nombreuses recommandations, je n’avais rien lu de lui. Puis j’ai lu Rue Darwin. Et hier, j’ai acheté 2084. Je suis fauchaga, alors ça a été d’occase. J’ai eu de la chance : quand tu vois une annonce LBC pour un livre de Boualem Sansal, y a souvent la mention « vendu » ou « en cours d’achat ». 2084 est épuisé, premier tirage comme livre de poche. Y vont réimprimer, mais quand ?
Alors quand j’en ai vu un à Sartrouville ! 10 km de la librairie. Chouette ballade en vélo le long de la Seine. Vers 14 heures. 10 degrés, mais des gens en terrasse des restaurants. Des gens en ballade, des chiens, des enfants, des landaus, des joggers, des cyclistes. La sente des ânes à l’aller, descente tourmentée qui m’a forcé à descendre de vélo. La sente des laveuses au retour, j’ai réussi à monter sans descendre de vélo ! Braquet mini, le guignol battait fort tout en haut mais a tenu. Longuette, la sente.
C’est con, mais je suis heureux d’avoir dû payer ainsi mon livre. C’est pas uniquement parce que je suis fauché que j’ai pas pris la moto.
Ah ! J’oubliais. 2084, c’est très beau. Sansal reprend le thème d’Orwell, naissance du doute dans un esprit conditionné, mais ajoute au totalitarisme la dimension religieuse.
En exergue : « La religion fait peut-être aimer Dieu mais rien n’est plus fort qu’elle pour faire détester l’homme et haïr l’humanité. »