Le phénomène Macron semblait avoir lessivé ce que l’on nommait sans ciller les « partis de gouvernement ». Surfant sur une crise profonde du paysage politique, qui voyait la chiraquisation (c’est à dire « gauchisation ») de la droite après la giscardisation de la gauche, sur l’utopie européiste et mondialiste et sur les gouffres amers de l’état providence, Macron est arrivé en disant qu’il allait réformer le système des retraites. Cette nécessité était bien perçue dans l’ensemble par une opinion ayant compris que la démographie et l’augmentation de l’espérance de vie la rendait incontournable. Il s’en disait capable ! J’avoue que j’ai coupé dans son boniment.
Quelle honte ! Une personne instruite comme moi ! Un « honnête homme » ! Croire qu’il suffit de le dire pour le faire ! Après 1983, après le coup du Karcher.
Enfin bref. Résultat : centre mou roi. PS en miettes, LR en miettes. Naissance d’un charognard de fort calibre, LFI. Et progression accélérée du RN.
Grâce à une collaboration sans vergogne avec l’islamo-gauchisme, le PS a sauvé davantage de députés que LR. Avec des Darmanin par exemple, on a pu avoir l’illusion que le macronisme absorbait LR comme un trou noir. C’était oublier que Macron est une émanation du PS, de Hollande, de la trahison ultra-libérale gauchiste, et que la plupart de ses cadres viennent de ce que l’on nomme sans hésiter « progressisme ».
À présent, on y voit différemment, et plus clair. Le PS n’en finit pas de se rouler dans la fange anti-sémite islamiste, pour cause électoraliste. Quoi de plus honteux qu’un juif anti-sémite ? Les rares rodomontades de certains comme Jérôme Guedj, qui semble croire à une émancipation, n’y feront rien. Quand il s’agira de retourner à la gamelle, je vous fiche mon billet que le cul retrouvera la chemise.
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En fait, la réaction thermidorienne se fera à droite. Elle possède un homme d’honneur, Bruno Retailleau. Votes « non » en 2005 et en 2008. Vendéen, c’est important. Qui a su s’imposer comme ministre de l’intérieur, à une époque où des nullités de préférence sont nommées. Sous Barnier, et sous Bayrou. Depuis un an, nous avons un ministre qui parle juste. Qui parle le langage des « honnêtes gens ». Dommage qu’il se contente de parler, diront certains, surtout au RN ! C’est injuste. La pseudo-démocratie française est verrouillée, par un conseil constitutionnel et par une justice en partie politisée, aux ordres de la doxa woko-progressiste de Maastricht. Et le législatif butte sur le « droit », ce qui est un comble. L’impuissance française n’est pas seulement due à l’imposture macrubuesque, adoubée par la gauche et l’extrême-gauche, elle est plus profonde : une instance rejette les lois de bon-sens, une autre laisse en liberté les criminels, et cartonne les gilets-jaunes. Tous les sondages d’opinion montrent qu’une forte majorité du peuple veut en finir avec le laxisme judiciaire, l’immigration sans frein, la lâcheté face au frérisme, etc. Mais le cons-cons argue à chaque fois d’une non-constitutionnalité du bon sens et de l’honneur.
L’honneur.
Notion galvaudée elle aussi.
D’un côté par sa réalité tribale. L’honneur qui consiste à voiler et serrer la femme. L’honneur qui se lave dans le sang. L’honneur à la machette des enfants fous. L’honneur de quartier, de secteur, de point de deal.
D’un autre, par la philosophie ! Montaigne oppose l’honnête à l’utile, Machiavel en fait fi. L’honneur à la chrétienne fait partie de ces valeurs à déconstruire en priorité. Une partie du paysage politique acte sans vergogne cette disparition de l’honneur. La honte règne en maître à l’Élysée, et sur certains bancs de l’Assemblée.
Merci Macron, merci LFI, merci les écolos. Grâce à vous, l’honnête et l’honneur reprennent du poil. Vous donnez les preuves. Vous donnez les preuves de votre déshonneur déshonnête, aux deux sens du terme. Car l’honneur ne contient pas que la droiture et la vertu. Il contient aussi le savoir et la sagesse, la courtoisie, la conversation, l’humilité. L’honnête homme, idéal humaniste, idéal des Lumières, mort dans les flaques de sang de la Terreur. Peut-être, d’ailleurs, est-ce sa naissance en Ancien Régime qui l’a condamné ? Les Aymeric Caron, Stéphane Séjourné, Ersilia Soudais, Emmanuel Macron, Louis Boyard, Gabriel Attal, Sébastien Delogu, Yaël Braun-Pivet, Sandrine Rousseau, insultent autant le courage que l’intelligence, la modestie que la politique, le respect que la raison.
Voilà pourquoi j’aime bien le slogan de Bruno Retailleau. La France des honnêtes gens. J’ai rêvé il y a quelques années d’un « parti des gens ». « Gens », ça contient la gentilité, la gentillesse. « honnêtes gens » est presque un pléonasme. Mais « gens », c’est dévoyé aussi. Les « gens » font parfois chier. Les « gens » ont un peu tendance à devenir foule, à devenir émeute, à devenir populace, à devenir racaille votante et élue. À devenir « malhonnêtes ».
« honnêtes gens », c’est mieux. Un idéal sans ambigüité.
Ces derniers temps, LR se déglingue encore un peu sur le solaire et l’éolien. Il y a aussi la question de la proportionnelle, qui devrait donner le motif de démission du futur candidat Retailleau. Peut-être qu’un mouvement des honnêtes gens règlerait la question du parti qui se voulait gaulliste, mais s’est fait chiraquien puis sarkoziste. Et qui réunit des gens honnêtes à des opportunistes classiques.