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Billet de blog 13 août 2025

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Comme un bateau sans ailes

Les travailleurs de la mer sont en deuil de leur dignité, de leur honneur, de leur esprit. Quelque part, c’est plus triste que s’ils n’étaient pas rentrés au port.

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L'écrit est pauvre, la voix est majesté. Comme un avion sans aile, la chanson de Charlélie Couture perd son charme avec la transcription. L'écrit tue le jeu de mot, tue le jeu, tue la liberté, tue l'interprétation.
Cependant, l'écrit et le dessin, la peinture, l'image, la littérature... permettent autre chose : le surréalisme. Mon « bateau sans ailes » n'est plus un jeu de mot, d'accord. Mais c'est devenu un jeu philosophique et poétique. Un sujet de Magritte.


"Les dix huit bateaux perdus en Bretagne sont tous revenus au port." 
Fred Vargas et son personnage Leguennec sont entrés dans l'implicite avec cette tempête, et en ressortent avec cette fin heureuse. 
Et je pense à un chalutier emprisonné, à ces pêcheurs pécheurs pris dans un coup de filet, dans deux coups de filet, même. Celui de la brigade des stups, à Ouistreham. Et donc, celui des narcoracailles qui font à présent travailler un peuple déclassé, un peuple de pêcheurs appauvris par l'Europe, suicidé par l'Europe. Et lui-même de plus en plus gangrené par la consommation de coke. Les nouvelles petites mains du business, c'est des grosses mains calleuses de travailleurs de la mer, des petites embarcations desservant les porte-conteneurs provenant d'Amérique. Des mains de marins qui deviennent esclaves des feignants, des bons à rien, des trafiquants, des criminels, des empoisonneurs. 
Et parfois esclaves de la dope, aussi.
La nef, la cathédrale, la coquille de noix héroïque est devenue lamentable, s'est échouée, va rester en cale sèche, en prison. Les anges ont perdu leurs ailes.
Les travailleurs de la mer sont en deuil de leur dignité, de leur honneur, de leur esprit.
Quelque part, c’est plus triste que s’ils n’étaient pas rentrés au port.

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