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Billet de blog 17 juillet 2025

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Maison sans gestion, maison sans étude, maison sans mesure

oiko nomia : administration de la maison ; oiko logia : étude de la « maison », c’est à dire du milieu. Sandrine Rousseau est à la fois économiste et écologiste, pour le pire et pour le pire.

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Illustration 1

Sandrine Rousseau, professeur d’économie à l’université et députée écologiste, après le passage de la loi Duplomb qui autorise la réintroduction d’un pesticide, éructe à propos des agriculteurs:

"Je n'en ai rien à péter de leur rentabilité et puis je pense que ce n'est pas le sujet. »

Ça fait déjà longtemps que l’écologie politique a déshonoré l’écologie tout court. Les racailles du quartier Paul Brard, où j’ai ouvert la librairie-école il y a bientôt seize ans, ont pensé que j’étais « pédé », parce que je demandais aux gens qui se garaient devant de couper leur moteur. Poliment, en expliquant, « les gaz d’échappement rentrent dans ma boutique ; ils sont cancérogènes ; vous économisez ! ; etc. » Argument du désespoir, quand tout a échoué : c’est interdit par la loi.

Cette démarche n’est jamais passée aux yeux des mecs qui tiennent les murs. Même seize ans plus tard (ils avaient entre 15 et 20, ils ont à présent entre 31 et 36), c’est de ma part écologisme, et je suis donc un « pédé ». Ironie du sort : le lumpen prolétariat nouveau, clientèle de la gauche française, a cette vision de l’écologie. On mesure là le travail d’éducation populaire dont se revendiquent d’ailleurs certains cleubiens, ici sur Mediapart.

Ce petit historique pour en revenir à Sandrine. Que la députée écologiste « n’en ait rien à péter » de la rentabilité des agriculteurs, profession maudite, vrais damnés de la terre, dont le nombre ne cesse de diminuer, par faillites, suicides, non reprise de l’activité, dont le revenu est dérisoire, et qui travaillent des centaines d’heures, sans vacances, sans week end, on le savait ! On s’en doutait de la part de notre gauche caviar. Que l’écologie politique n’ait rien d’écologiste, on s’y est habitués. Le peuple français, d’ailleurs, a compris, dans son ensemble. Les écolos pèsent dans les 5%. Cette saillie a remis un euro dans le juke box d’une critique de l’écologie politique et de sa déconnexion. Au fond, rien de nouveau.
Mais une chose m’étonne : parmi les commentaires, personne ne songe que Sandrine Rousseau n’est pas seulement woko-écologiste. 
Elle est professeur d’économie à l’Université.
Notre écologiste est économiste.
Une économiste qui n’en a rien à péter » de la rentabilité des entreprises.
C’est balaise.
Ayant fini par comprendre qu’elle avait merdé, elle a eu cette défense touchante : en fait, elle parlait de leurs « revenus ».

C’est là lapsus : « rentabilité » est une sorte de blasphème dans la bouche d’une gauchiste. « revenu » convient mieux : là, on revient côté pouvoir d’achat, en terrain syndical.
Mais le fait qu’elle occupe cette chaire d’économie montre de surcroît la déliquescence de l’université française. Car Sandrine Rousseau est bel et bien aussi nulle économiste qu’écologiste.

La question qui nous préoccupe tous, celle des produits phytosanitaires qui permettent une culture intensive et des prix bas, celle aussi de la différence de doctrine selon les pays dans un contexte de mondialisation et de libre échange, dont les agriculteurs font les frais de façon dramatique, nécessite des esprits plus affutés. 
C’est d’ailleurs pas la seule. Quand on a des Macron à l’Élysé ou des Fabius et des Ferrand au Conseil Constitutionnel, il n’est pas étonnant qu’on ait des Boucheron ou des Rousseau en chaire. Des Rousseau, des Soudais, des Delogu à l’Assemblée. 

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