Pour soigner une maman d’élève atteinte de wokisme, je suis en train de lire les auteurs arabes du moyen-âge, en y cherchant les preuves de ce qu’elle refuse de croire : l’esclavage arabo-musulman. Les traitements épouvantables. Le viol et la castration. Je commence par les voyageurs, et j’ai trouvé une présentation des Rûs dans Ibn Fadlân. On est là à la source du mot : les esclaves sont au départ des Slaves.
Les récits des voyageurs antiques et médiévaux sont pas toujours véridiques ! Encens passé aux puissants, goût de l’étrange, du merveilleux, le « devisemement du monde » s’accompagne d’affabulation. La frontière n’est pas complètement nette entre les récits de voyage autobiographique et fictif. Marco Polo et Jonathan Swift sont cousins.
On trouve chez le voyageur musulman une critique implicite mais réelle pour les modes de vie des « infidèles », qui le pousse probablement à charger et charrier. Voilà du grain à moudre pour la russophobie ambiante. Voilà justement pourquoi votre Poutine est puante.

LES RÛS Ibn Fadlân traduction de Paule Charles-Dominique
J'ai vu les Rûs qui étaient venus trafiquer et avaient dressé leur campement sur la rive du fleuve Atil. Je n'ai jamais remarqué d'hommes si bien faits. Ils ressemblent en effet à des palmiers. Ils sont blonds et rougeauds. Ils ne portent ni tuniques, ni caftans, mais ils mettent un vêtement qui recouvre un côté du corps et laisse une main libre. Chacun porte une hache, un sabre et un couteau dont il ne se sépare jamais. Leurs sabres ont de larges lames striées qui ressemblent à celles des Francs. Ils ont sur le corps, de l' extrémité des ongles au cou, des tatouages représentant des arbres, des figures ou autres.
Chaque femme porte, sur les seins, une boîte en fer, argent, cuivre ou or, selon la fortune et le rang de son époux. Chaque boîte a un anneau auquel pend un couteau également attaché sur la poitrine. Au cou, elles portent des colliers en or et en argent ; en effet, quand le mari possède dix mille dirhams, il fait faire un collier pour son épouse, quand il en possède vingt mille, il en fait faire deux et ainsi de suite... à chaque dix mille dirhams supplémentaires, il ajoute un collier. Aussi arrive-t-il qu'une femme ait beaucoup de colliers au cou.
Les plus prestigieux bijoux chez les Rûs sont des petits grains verts en céramique qu'on trouve sur les bateaux. Ces gens les payent très cher puisqu'un seul grain coûte un dirham. Ils enfilent ces grains en collier à l'intention de leurs épouses.
Les Rûs sont les hommes les plus sales au monde. Ils ne se lavent ni après avoir déféqué et uriné, ni après les relations sexuelles. Ils ne se nettoient pas les mains après le repas. Ils ressemblent à des ânes errants.
Lorsqu'ils arrivent de leur pays, ils ancrent dans l'Atil qui est un grand fleuve et édifient de grandes maisons en bois sur la rive. Chaque maison abrite dix à vingt personnes, ou plus ou moins. Chaque occupant a un lit sur lequel il s'assoit. Ces gens ont de jeunes esclaves très belles destinées à être vendues aux marchands. Ils font l'amour avec elles, en public. Parfois, plusieurs d'entre eux se livrent à ce plaisir, en présence les uns des autres. Il arrive qu'un marchand soit introduit auprès d'eux pour acheter une esclave et qu'il trouve le Rûs en train de faire l'amour avec elle ; alors, il ne s'en détachera qu'après avoir trouvé son plaisir.
Chaque jour, les Rûs doivent se laver le visage et la tête dans une eau des plus sales et des plus crasseuses. En effet, chaque matin, la servante apporte un grand baquet, rempli d'eau, à son maître qui s'y lave les mains, le visage et les cheveux qu'il nettoie et peigne dans le baquet, puis il s'y mouche, y crache et fait toutes sortes de saletés possibles dans cette eau. Quand il a terminé, la servante passe le baquet à celui qui est à ses côtés pour qu'il accomplisse les mêmes gestes et ainsi de suite jusqu'à ce qu'elle ait fait le tour des habitants de la maison, chacun se mouchant, crachant, se lavant le visage et les cheveux dans ce même baquet.
Dès que les navires sont arrivés à leur ancrage, chaque Rûs débarque avec du pain, de la viande, des oignons, du lait et de la boisson fermentée pour se diriger vers un grand poteau dressé là, qui a un visage humain et est entouré de petites idoles, elles-mêmes cernées de pieux fichés en terre. Chaque Rûs se dirige donc vers la grande idole et se prosterne en disant : « Seigneur, je viens d'un pays lointain avec tant et tant de jeunes filles esclaves et tant et tant de peaux de martre », et il se met à mentionner toutes les marchandises qu'il a apportées. Il ajoute alors : « Je t'offre ce présent. » Puis il dépose ses offrandes devant le poteau. Il dit encore : « Je desire que tu m'accordes la faveur de m'envoyer un commerçant couvert de nombreux dinars et dirhams, qu'il m'achète tout ce que je désire lui vendre et qu'il ne soit pas en désaccord avec moi sur ce que je dirai. » Puis il se retire.
Si cet homme a des difficultés à écouler ses marchandises et que son séjour se prolonge, il apporte une deuxième, puis une troisième offrande. S'il ne peut pas parvenir à ses fins, il fait une offrande à chacune des petites idoles et leur demande d’intercéder : « Ces idoles sont les femmes de notre Seigneur, ses filles et ses fils. » Ainsi, il continue à prier, idole après idole, quémandant, sollicitant leur intercession, suppliant. Cependant, parfois, la vente lui est facile. Il dit alors : « Mon Seigneur a exaucé mes vœux, il faut donc que je le récompense. » Il sacrifie plusieurs moutons et bœufs, fait aumône d'une partie de la viande et emporte le reste qu'il dépose devant cette grande idole et les petites qui l'entourent. Il suspend la tête des bœufs et des moutons aux pieux fichés en terre. La nuit, les chiens viennent manger tout cela et celui qui a fait cette offrande dit alors : « Mon Seigneur est satisfait de moi car il a mangé les offrandes que je lui ai faites. »
Lorsqu'un Rûs tombe malade, on dresse pour lui une tente à l'écart et on le met à l'intérieur, avec un peu de pain et d'eau. Ni on ne s'approche du malade, ni on ne lui parle, ni on ne vient lui rendre visite pendant toute sa maladie et surtout s'il est pauvre ou esclave. Lorsqu'il est rétabli et guéri, il revient parmi eux. S'il meurt, on brûle son corps. Si c'est un esclave, on le laisse manger par les chiens et les oiseaux de proie.
Si ces gens prennent un voleur ou un brigand, ils le conduisent vers un grand arbre, ils lui mettent une corde solide au cou et le pendent. Le condamné restera ainsi jusqu'à ce qu'il tombe en morceaux, sous l'effet du vent et de la pluie.
On m'avait dit que les Rûs, à la mort de leurs chefs, accomplissaient certains rites dont le moindre était la crémation. Or je désirais vérifier. On m'apprit qu'un homme important était mort. On le mit dans sa tombe qu'on couvrit d'un toit, le temps qu'il leur fallut pour lui tailler des vêtements et les lui confectionner, soit dix jours.
Pour l'homme pauvre, on fabrique une petite embarcation dans laquelle on place le défunt, puis on le brûle. Pour l'homme riche, on rassemble ses biens qu'on divise en trois parts : une pour sa famille, une pour lui confectionner des vetements et avec la dernière on prépare de la boisson fermentée qu'on boit le jour où sa servante se sacrifie elle-même et se fait incinérer avec son maître. Les Rûs s'adonnent à cette boisson, nuit et jour. Parfois l'un d'eux meurt, la coupe à la main.
Lorsque le chef meurt, sa famille dit à ses jeunes esclaves, hommes et femmes : « Qui parmi vous mourra avec lui ? — Moi », dit l'un d'eux. Quand il s'est désigné, il ne peut reprendre sa parole ; quand bien même il le voudrait, on l'en empêcherait. En général, ce sont les jeunes esclaves qui se comportent de la sorte.
Donc, lorsque l'homme dont j'ai parlé plus haut mourut, on dit à ses servantes : « Qui d'entre vous mourra avec son maître ? » L'une d'entre elles dit : « Moi. » On la confia à deux jeunes esclaves qui veillèrent sur elle et la suivirent partout ; elles allèrent même jusqu'à lui laver les pieds. On s'occupa du mort, on lui confectionna des vêtements et on lui prépara tout le nécessaire. La jeune esclave, chaque jour, but et chanta, heureuse et épanouie.
Le jour où devaient être incinérés le maître et son esclave, j'étais sur la rive du fleuve où se trouvait son bateau qu'on avait retiré de l'eau et qu'on avait muni de quatre béquilles de bois de peuplier et autre ; on avait aussi placé, autour du bateau, quatre grandes passerelles en bois. Puis, on tira le bateau pour le placer dans ce bâti. Alors, les Rûs se mirent à aller et venir et à parler dans une langue que je ne comprenais pas. Le défunt était toujours dans sa tombe.
On apporta un lit qu'on plaça sur le bateau et on le garnit de matelas et de coussins de brocart byzantin. Survint une femme âgée appelée l'Ange de la Mort qui fit le lit ; elle était chargée de coudre et d'arranger le tout et c'est elle qui sacrifiait les femmes esclaves. Je vis que c'était une sorcière, corpulente et rébarbative.
Lorsqu'on fut arrivé à la tombe du défunt, on enleva la terre qui recouvrait le bois qu'on nettoya. On dégagea le corps qui était dans le vêtement qu'il portait lors de son décès. Je vis qu'il avait noirci à cause du froid qu'il faisait dans le pays. On retira la boisson fermentée, les fruits et la pandore qu'on avait mis dans la tombe. Le cadavre ne puait pas et n'avait que le teint altéré. On lui mit un pantalon, des chaussons, des bottines, une tunique et un caftan de brocart avec des boutons en or. On le coiffa d'un bonnet en brocart, garni de fourrure de martre. On l'emporta pour le mettre dans le pavillon qui se trouvait sur le bateau. On l'assit sur le matelas, le soutint avec les coussins et on apporta de la boisson fermentée, des fruits et des plantes odoriférantes qu'on laissa avec lui. Ensuite on apporta du pain, de la viande et des oignons qu'on déposa devant lui. On amena un chien qu'on fendit en deux et qu'on jeta dans le bateau. Puis, on apporta toutes ses armes qu'on plaça à côté de lui. On prit deux chevaux qu'on fit courir Jusqu'à ce qu'ils fussent en sueur, puis on les mit en pièces à coups de sabre et on jeta la chair dans le bateau. On amena deux vaches qui subirent le même sort. Ce fut ensuite le tour d'un coq et d'une poule qu'on jeta dans le bateau.
La jeune esclave qui voulait être sacrifiée, allait et venait, entrait dans chaque pavillon et s'unissait au propriétaire qui lui disait : « Dis à ton maître que je n'ai commis cet acte que parce que je l’aimais ! »
Vendredi, au moment de la prière de midi, on conduisit la jeune esclave vers une espèce de cadre de porte qu'ils avaient fabriqué. Elle mit ses pieds dans la paume des mains des hommes pour être soulevée au-dessus du cadre. Elle prononça quelques mots, on la descendit et on la souleva de nouveau. Elle fit comme la première fois. Et l'opération fut répétée une troisième fois. On lui donna une poule dont elle trancha la tête qu'elle jeta. On prit la poule et on la lança dans le bateau.
Je demandai à l'interprète ce qu'elle avait dit. Telle fut sa réponse : « La première fois qu'on l'a soulevée, elle a dit : "Je vois ma mère et mon père", la seconde : "Je vois, assis, tous mes proches qui sont morts", et la troisième : "Je vois mon maître assis au paradis qui est beau et vert. » Il est en compagnie d'hommes et de jeunes gens et il m'appelle. Emmenez-moi vers lui ! »
On conduisit la jeune fille vers le bateau. Elle ôta deux bracelets qu'elle portait et les donna à la femme dite Ange de la Mort, son bourreau. Elle retira également deux anneaux de cheville qu'elle portait et les donna aux deux jeunes filles qui la servaient et qui étaient les filles de la femme appelée Ange de la Mort. On fit monter la jeune fille sur le bateau, mais on ne l'introduisit pas dans le pavillon. Survinrent des hommes qui portaient des boucliers et des bâtons. Ils donnèrent à la jeune fille une coupe de boisson fermentée. Alors elle chanta et but. L'interprète me dit : « Ainsi, elle fait ses adieux à ses compagnes. » On lui donna une autre coupe. Elle la prit et fit entendre une longue mélopée. La vieille femme la pressa de boire et d'entrer dans le pavillon où se trouvait son maître.
Je constatai que la jeune fille avait l'air égaré. Elle voulut entrer dans le pavillon, mais elle passa la tête entre le pavillon et le bateau. Alors la vieille femme lui prit la tête et la fit pénétrer dans le pavillon et entra avec elle. Les hommes sc mirent à frapper les boucliers de leurs bâtons pour qu'on n'entende pas les cris de la jeune fille, ce qui aurait pu effrayer les autres jeunes esclaves et les amener à refuser de mourir avec leurs maîtres. Puis, six hommes entrèrent dans le pavillon pour tous s'unir à la jeune esclave. Ensuite ils couchèrent la jeune fille à côté de son maître. Deux d'entre eux lui saisirent les pieds et deux autres les mains. La vieille femme, appelée Ange de la Mort, passa au cou de la jeune fille une corde dont les bouts étaient croisés et la tendit à deux hommes qui la tirèrent. Elle s'approcha avec un poignard à large lame et elle se mit à l'enfoncer et à le retirer, endroit après endroit, entre les côtes de la jeune fille tandis gue les deux hommes l'étranglaient avec la corde et ce, jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Le plus proche parent du défunt, complètement nu, vint prendre un morceau de bois qu'il alluma, puis il marcha à reculons, la nuque tournée vers le bateau, le visage vers la foule, le brandon dans une main, l'autre posée sur l'anus. Il mit le feu au bois qu'on avait disposé sous le bateau après avoir placé la jeune fille sacrifiée à côté de son maître. Puis on apporta du gros et du petit bois ; chacun en avait un bout dont l'extrémité était enflammée et le jetait dans le bûcher qui prit feu, puis ce fut le bateau, le pavillon, l'homme, l'esclave et tout ce que contenait le navire qui s'embrasèrent. Alors un grand vent effrayant souffla, les flammes furent attisées et leur ardeur redoubla.
J’avais, à mes côtés, un Rûs que j'entendis parler à l'interprète qui se trouvait avec moi et à qui je demandai ce qu'il lui avait confié. Il me rétorqua qu'il avait dit : « Vous, Arabes, êtes sots ! » Je lui demandai la raison de ce jugement. Il répliqua : « Vous inhumez les gens que vous chérissez et que vous honorez le plus et la terre, les insectes et les vers le mangent. Nous, nous les brûlons immédiatement et ainsi ils vont au paradis sans tarder ! » Il s'esclaffa et je lui demandai pourquoi. Ce à quoi il répondit : « Son Seigneur, par amour pour cet homme, lui a envoyé du vent pour l'enlever en un instant. » En effet, une heure n'était pas passée que le bateau, le bois, l'esclave, le maître n’étaient plus que cendres sur cendres.
Alors, on édifia, à l'endroit où était le bateau qu'on avait halé hors de l'eau, une sorte de tumulus rond, au centre duquel on ficha un grand poteau de peuplier. On y inscrivit le nom du défunt et celui du roi des Rûs et on se sépara.
Le roi des Rûs a pour coutume d'avoir dans son palais quatre cents hommes parmi ses compagnons les plus braves et les hommes de confiance. Ils doivent mourir quand le roi disparaît et sont exécutés après sa mort. Chacun a une jeune esclave qui le sert, lui lave la tête, lui prépare mets et boissons, et une autre jeune esclave qui satisfait son plaisir. Ces quatre cents hommes s'assoient au-dessous du trône royal qui est immense et incrusté de pierres précieuses. Là, prennent place quarante jeunes esclaves destinées à la couche du roi. Parfois, celui-ci fait l'amour avec l'une d'entre elles, sans quitter son trône et en présence de ses compagnons dont nous avons parlé. Si le roi veut satisfaire un besoin naturel, il le fait dans une cuvette. Quand il veut enfourcher son cheval, on le lui amène jusqu'au trône d'où il le monte. S'il veut descendre du cheval, on l'amène jusqu'au trône pour qu'il y descende directement. Ce roi a un lieutenant qui commande les troupes, livre combat aux ennemis et le remplace auprès de ses sujets.