Jean-Max Sabatier (avatar)

Jean-Max Sabatier

autoentrepreneur

Abonné·e de Mediapart

524 Billets

2 Éditions

Billet de blog 21 juin 2019

Jean-Max Sabatier (avatar)

Jean-Max Sabatier

autoentrepreneur

Abonné·e de Mediapart

Lord Ose

Jeu de mots n’ayant rien à voir avec une pathologie lombaire, et tout avec le manteau d’Harlequin.

Jean-Max Sabatier (avatar)

Jean-Max Sabatier

autoentrepreneur

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le petit apprenti Harry, qui s’oppose depuis qu’il est bébé, à son insu d’abord, en conscience depuis ses onze ans, à Lord Voldemort, est lui aussi un Lord. Un Lord amoureux et timide. Hermione, de son côté, est une sacrée Lady. Cedric, co-champion de Poudlard avec Harry lors du  funeste tournoi des trois quatre sorciers, était aussi un Lord, loyal et courageux. Il n’y a guère que Ron qui ne soit… que le roi… Quant à Cho Chang, elle est responsable de l’eau en question.

Mais la peinture par Joanne de l’amour, de ses élans, de ses émois, de son intelligence, n’est pas à l’eau de rose.

Joanne, j’ai mis du temps à trouver une photo où elle a pas l’air d’un troll. Je suppose qu’elle est un peu comme moi : pas photogénique car incapable de faire sur commande un sourire franc. La photo que j’ai mise dans un des billets précédents, je suis sûr que c’était par surprise.

En tout cas, elle n’est pas un troll. Comment rendre si bien la psychologie d’un garçon amoureux, quand on est une fille ? C’est bête, ce que je dis. Ça doit être Kiffe-kiffe.

Illustration 1

Toujours extrait de L’Ordre du Phénix. Nos apprentis sorciers se sont constitués en cours clandestin de défense contre les forces du mal. Une trentaine de garçons et filles, dont Harry, bien sûr, c’est le prof, Ron, Hermione, et Cho Chang, dont Harry est amoureux depuis l’année dernière, mais qui est allée au bal avec Cedric Diggory, le beau héros défunt, tué par Voldemort, tombé sans être prévu dans le même piège que Harry. L’éveil à l’amour de nos enfants est peint depuis le tout début avec pudeur, humour, et vérité par maître Rowling.
Après une séance, Harry et Cho restent seuls dans la salle sur demande, où on vient de s’entraîner aux sortilèges d’entrave (sens propre) et stupéfixion. Les coussins servent de tapis comme au judo.

Quasiment sûr qu'ils étaient désormais seuls, Harry feignit de remettre de l'ordre dans une pile de coussins en attendant qu'elle dise quelque chose. Il l'entendit alors renifler bruyamment.
Il se retourna. Cho, debout au milieu de la pièce, pleurait à chaudes larmes.
— Qu'est-ce que… ?
Il ne savait plus quoi faire. Elle restait là, immobile, à pleurer en silence.
— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il d'un ton à peine audible. Elle hocha la tête et s'essuya les yeux avec une manche de sa robe.
— Excuse-moi, dit-elle, la voix sourde. C'est simplement… apprendre tous ces trucs… Ça me fait penser… si lui avait su tout ça… peut-être qu'il serait encore vivant.
Le cœur de Harry retomba plus bas que sa place habituelle et sembla s'immobiliser dans les environs de son nombril. Il aurait dû s'en douter. Elle voulait lui parler de Cedric.
— Il connaissait déjà tout ça, répondit Harry, accablé. Il était même très bon, sinon, il n'aurait jamais pu arriver au milieu du labyrinthe. Mais quand Voldemort veut vraiment tuer quelqu'un, on n'a aucune chance de s'en sortir.
Cho eut un hoquet en entendant le nom de Voldemort mais elle soutint le regard de Harry sans tressaillir.
— Toi, tu as survécu alors que tu n'étais qu'un bébé, dit-elle à mi-voix.
— Oui, bon, répondit Harry avec lassitude en se dirigeant vers la porte. Je ne sais pas pourquoi, et personne ne le sait, alors il n'y a pas de quoi s'en vanter.
— Oh, ne t'en va pas ! dit Cho, la voix à nouveau pleine de larmes. Excuse-moi, je suis bouleversée… Je ne voulais pas…
Elle eut un sanglot. Même lorsqu'elle avait les yeux rouges et gonflés, elle était très belle. Harry se sentait désemparé. Il aurait été si content qu'elle lui souhaite simplement un « joyeux Noêl ».
— Je sais que ça doit être horrible pour toi, dit-elle en s'essuyant à nouveau les yeux avec sa manche. M'entendre parler de Cedric alors que tu l'as vu mourir… J'imagine que tu préférerais oublier ?
Harry ne répondit rien. C'était vrai, mais il aurait manqué de cœur en l'admettant.
— Tu es vraiment un bon prof, tu sais, reprit Cho avec un sourire mêlé de larmes. Je n'avais jamais été capable de stupéfixer quoi que ce soit jusqu'à maintenant.
— Merci, répondit maladroitement Harry.
Ils se regardèrent un long moment. Harry éprouvait un ardent désir de s'enfuir de la pièce mais, en même temps, il était totalement incapable de bouger les pieds.
— Du gui, remarqua Cho à voix basse en montrant le plafond au-dessus de la tête de Harry.
— Oui, dit-il, la bouche sèche. Mais il est sans doute infesté de Nargoles.
— Qu'est-ce que c'est, des Nargoles ?
— Aucune idée, dit Harry.
Elle s'était rapprochée de lui. Harry eut l'impression qu'on lui avait stupéfixé le cerveau.
— Il faut demander ça à Loufoca, heu, je veux dire à Luna, ajouta-t-il.
Cho émit un drôle de son à mi-chemin entre le rire et le sanglot. Elle était encore plus près de lui, à présent. Il pouvait voir les moindres détails de son visage.
— Je t'aime beaucoup, Harry, tu sais.
Il était incapable de réfléchir. Une sorte de fourmillement le parcourait en lui paralysant les bras, les jambes et le cerveau.
Elle était beaucoup trop près. Il voyait chaque larme accrochée à ses cils…

Lorsqu'il retourna dans la salle commune, une demi-heure plus tard, il trouva Ron et Hermione confortablement installés devant le feu qui brûlait dans la cheminée. Presque tous les autres étaient partis se coucher. Hermione était occupée à écrire une très longue lettre. Elle avait déjà rempli la moitié d'un rouleau de parchemin qui pendait de la table. Ron, allongé sur le tapis, essayait de finir son devoir de métamorphose.
— Qu'est-ce que tu faisais ? demanda-t-il lorsque Harry s'enfonça dans un fauteuil à côté d'Hermione.
Harry ne répondit pas. Il était en état de choc. Une moitié de lui-même aurait voulu raconter à Ron et à Hermione ce qui s'était passé tandis que l'autre moitié préférait garder le secret jusqu'à la tombe.
— Ça va bien, Harry ? s'inquiéta Hermione en le regardant par-dessus l'extrémité de sa plume.
Harry haussa les épaules d'un air incertain. En vérité, il ignorait s'il allait bien ou pas.
— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Ron qui se hissa sur un coude pour mieux le voir. Qu'est-ce qui s'est passé ?
Harry ne savait pas très bien par où commencer et n'était toujours pas sûr d'avoir envie de leur raconter quoi que ce soit. Au moment où il décida finalement de ne rien dire, Hermione prit les choses en main.
— C'est à propos de Cho ? demanda-t-elle d'un ton de femme d'affaires. Elle t'a coincé après la réunion ?
Pris par surprise, Harry, l'air hébété, acquiesça d'un signe de tête. Ron ricana mais il s'interrompit en croisant le regard d'Hermione.
— Et… heu… qu'est-ce qu'elle voulait ? demanda-t-il d'un ton faussement désinvolte.
— Elle… , commença Harry, la voix rauque. Il s'éclaircit la gorge et recommença :
— Elle… heu…
— Vous vous êtes embrassés ? demanda vivement Hermione.
Ron se redressa avec une telle brusquerie que sa bouteille d'encre se renversa en projetant son contenu un peu partout sur le tapis. Indifférent au désastre, il regarda Harry d'un air avide.
— Alors ? demanda-t-il d'une voix pressante.
Harry regarda tour à tour Ron, dont l'expression se mêlait de curiosité et d'hilarité, puis Hermione qui fronçait les sourcils. Enfin, il répondit « oui» d'un simple hochement de tête.
— HA !
Ron lança le poing en l'air dans un geste de triomphe et éclata d'un rire si bruyant qu'il fit sursauter, à l'autre bout de la pièce, quelques élèves de deuxième année à l'air effarouché. Un sourire contraint s'étala sur le visage de Harry tandis que Ron se roulait sur le tapis. Hermione jeta à Ron un regard de profond dégoût et reporta son attention sur sa lettre.
— Alors ? dit enfin Ron en levant les yeux vers Harry, comment c'était ?
— Humide, dit Harry en toute sincérité.
Ron fit un bruit qui pouvait exprimer au choix la jubilation ou la répugnance.
— Parce qu'elle pleurait, reprit Harry d'un ton abattu.
— Oh, dit Ron, son sourire s'effaçant légèrement. Tu embrasses si mal que ça ?
— Sais pas, dit Harry qui n'avait pas vu les choses sous cet aspect et sembla soudain inquiet. C'est possible.
— Bien sûr que non, dit Hermione d'un air absent, sans cesser d'écrire sa lettre.
— Comment tu le sais ? dit Ron d'un ton abrupt.
— Tout simplement parce que Cho passe la moitié de son temps à pleurer, ces temps-ci, répondit Hermione d'un ton absent. Elle pleure pendant les repas, aux toilettes, un peu partout dans le château.
— Un bon baiser, ça aurait dû lui remonter le moral, commenta Ron avec un sourire.
— Ron, dit Hermione d'un air très digne en trempant la pointe de sa plume dans son encrier, tu es le butor le plus insensible que j'aie jamais eu l'infortune de rencontrer.
— Ça veut dire quoi, ça ? s'indigna Ron. Tu connais des gens, toi, qui pleurent quand on les embrasse ?
— Oui, c'est vrai, dit Harry, d'un ton où perçait le désespoir, tu en connais, toi, des gens comme ça ?
Hermione les regarda tous les deux avec une expression proche de la pitié.
— Vous ne comprenez donc pas ce que Cho peut ressentir en ce moment ? demanda-t-elle.
— Non, répondirent Harry et Ron d'une même voix. Hermione soupira et posa sa plume.
— Eh bien, évidemment, elle est très triste à cause de la mort de Cedric. En plus, je pense qu'elle ne sait plus très bien où elle en est parce qu'elle aimait Cedric et que maintenant elle aime Harry sans arriver à déterminer qui elle aime le plus. Ensuite, elle se sent coupable en pensant que c'est une insulte à la mémoire de Cedric d'embrasser Harry et elle se demande ce que les autres vont penser d'elle si elle se met à sortir avec lui. D'ailleurs, elle n'arrive sans doute pas à définir ses sentiments pour Harry parce que c'est lui qui se trouvait avec Cedric quand il est mort et donc, tout cela est très embrouillé et très douloureux. Ah oui, il faut aussi ajouter qu'elle a peur d'être exclue de l'équipe de Quidditch de Serdaigle parce qu'elle vole très mal en ce moment.
Un silence un peu étonné accueillit ce discours.
— Il est impossible de ressentir tout ça à la fois sans exploser, dit enfin Ron.
— Ce n'est pas parce que tu as la capacité émotionnelle d'une cuillère à café qu'il en va de même pour tout le monde, dit Hermione d'un ton féroce en reprenant sa plume.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.