Sans toit ni loi est un film magique. Fondé sur la réaction d’une femme qui se révolte devant la mort d’une autre femme, une jeune femme, une SDF, dans un fossé, morte de froid après une chute, après l’incendie du squat où elle s’était réfugiée, et où elle a perdu ses affaires. Une voix off explique au début que cette inconnue avait été petite. Et qu’il faudrait pouvoir rencontrer des gens qui l’avaient connue petite. Devant cette impossibilité, Agnès Varda invente et enquête. Liste les gens, bons et moins bons, qu’elle a croisés au cours de son errance. En fait une fille intelligente et libre. Ce qui est peut-être vrai, ou non, peu importe. Peu d'acteurs professionnels, Sandrine Bonnaire, Macha Merril, Yolande Moreau, qu'était pas encore pro mais qui l'est devenue. Magnifique dans Séverine, par exemple.
Si je parle de ça aujourd’hui, c’est pour un nouveau scandale, bien pire. Mona était morte d’indifférence. Jean meurt de cruauté, de vif intérêt sadique de la part des spectateurs de ces arènes modernes, et d’indifférence des politiques, ARCOM, médias, etc.
J’aurais voulu savoir qui il était, le connaître enfant, ado, bidasse, savoir toute l’adversité qu’il a rencontrée, pourquoi ses faiblesses, pourquoi sa misère… Je suis frappé par son expression. Ce n’est pas celle d’un abruti, au contraire. C’est le visage crispé d’un homme qui se demande pourquoi. Lui aussi est un révolté, même s’il meurt dans la plus abjecte des soumissions.
Il faisait tout ça pour payer un fauteuil roulant à son père. Pauvre père. Pauvre fils. Pauvre Jésus.
J’ai connu un type qui lui ressemblait. Un légionnaire raté. Qu’a pas tenu le choc. Méprisé par ses potes. Il était dingue de la Guerre des Étoiles, c’est à ce titre qu’il était mon client. Aux dernières nouvelles, il était à Notre Dame des Landes, à l’époque du plein boum. J’espère ne jamais entendre parler de lui par l’intermédiaire d’un Kick quelconque.