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Billet de blog 30 janvier 2025

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Blues ensoleillé, joie sous la pluie.

Le quartier au soleil est triste ce matin.  Après-midi pluvieux, la joie vient par le jouet.

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Illustration 1

Les travaux sont à peu près terminés, sauf en ce qui concerne la barre située en face de nos boutiques, qui inexplicablement, semblent figée dans un état d’inachèvement perpétuel, je ne sais pour quelle raison. Juste en face de la librairie, il y a un vieil homme qui habite. Il a été mécanicien sur les gros bateaux qui font la navette sur l’Oise et la Seine. Ça fait une semaine qu’il ne passe plus, regarder les vélos, discuter avec les ouvriers, ou moi, ou d’autres habitués des lieux. Sa femme est à l’EHPAD, depuis deux ou trois ans. Je crois qu’il a dans les 90 ans. Sa femme m’avait raconté qu’il ne sait pas lire, car à cause de la guerre, il n’y a pas eu école. Je n’avais pas bien compris s’il avait huit ans en 40 ou en 45.
Un autre homme ne passe plus. Retraité lui aussi, il a été mécanicien auto. Cancer, alcool, tabac. Il passe deux ou trois fois par jour acheter une canette chez l’épicier ethnique. Il la boit, assis sur une bitte anti voiture bélier. Tous les mois, il entrait chez moi pour qu’on regarde sur internet quand la retraite serait virée. 
Il y a encore d’autres gens que je ne vois plus. La famille qui a repris le Franprix a été expulsée. Il y a un avis d’huissier sur chacun des rideaux métalliques. Je crois qu’ils se sont fait bien embrouiller. Étrangers au quartier, ils ne savaient peut-être pas que la fréquentation était gravement en baisse, à cause de la démolition de la tour principale, et des travaux, qui limitent la circulation et le stationnement.  Des Pakistanais, ou Indiens, ou Srilankais, je ne sais pas. Je crois qu’ils en ont bien chié, j’ai souvent entendu des éclats de voix. Probablement des esclandres dus à des gens qui demandent crédit, à qui on refuse. Heureusement, il n’y a pas eu de coups de couteaux.
Eux, ils ne reviendront pas. Mon marinier et mon mécano, j’espère que si.
La photo, c’est la tour détruite.

Plus tard au même endroit.

Illustration 2

Le vélo se vend peu en hiver, c’est logique. Encore, cet hiver, grâce à la grève des bus, j’en ai vendus un ou deux. Plus un ou deux que j'ai mis sur Leboncoin. 
Vers quinze heures, une dame et sa fille regardent les vélos exposés. Ukrainiennes ? C’est la fille qui traduit, et on communique comme ça. L’ado veut le decathlon de ville une seule vitesse, 24 pouces. Je règle la hauteur de selle et tâte les pneus. Je regonfle. Maman demande s’il faut gonfler les pneus souvent. J'explique que le vélo est là depuis quelques temps, et qu’en effet, il faut regonfler de temps en temps. Je dis à la fille de tâter le pneu, pour se faire une idée de la bonne pression (j’ai mis trois kilos). Elle part à vive allure. Il tombe une petite pluie. Elle fait deux ou trois allers et retour devant les boutiques, d’un bout de l’allée à l’autre. Elle est heureuse. Je le vois à son visage quand elle passe, et à la fin, quand je lui demande si ça va et qu’elle dit oui. Maman voit la joie de sa fille, et moi je vois aussi la joie de maman. Maman demande si on peut revenir faire gonfler. Oui, ça coûte 1 € les deux pneus ; mais une pompe coûte 3 € ! Je montre comment on fait. Elle prend la pompe. 59 + 3 = 62 €.
La joie !

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