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Billet de blog 6 septembre 2025

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« La Ferme des Animaux » : un miroir intemporel du pouvoir.

Une fable aux vérités universelles

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En 2008, sous la présidence Sarkozy, j’ai écrit une parodie de l’œuvre d’Orwell, intitulée « Le Pays des bêtes », publiée sur Mediapart, pour souligner ce qui saute aux yeux, de nos jours.
(https://blogs.mediapart.fr/jean-mezieres/blog/080908/le-pays-des-betes)

Une fable aux vérités universelles


La Ferme des Animaux de George Orwell n’est pas seulement une fable. C’est un miroir politique, un avertissement cinglant sur la manipulation du pouvoir, la désinformation et les dérives d’une gouvernance mafieuse.


Rien qu’un exemple d’une des dérives : le scandale « Twitter Files » nous amène à un constat accablant : la France a inventé en Europe un complexe de censure institutionnalisée, mêlant lois, pressions politiques et ONG subventionnées. Derrière le discours de protection contre la haine, la criminalité, la pédocriminalité ou les « fake news », c’est une mise sous tutelle du débat public qui se déploie [²].
Avez-vous remarqué que tous ceux qui critiquent notre Union européenne sont invisibilisés, sont proscrits, sont bannis de tout média comme Emmanuel Todd ? Ils sont morts socialement, plus de comptes bancaires, plus de spectacles, plus de plateaux TV, etc..
Je pense à Blanche Gardin, Marc Touati et bien d’autres.
Et on appelle cela de la démocratie !


Bref ! Revenons à nos moutons d’Orwell. À travers cette histoire apparemment innocente d’animaux prenant le contrôle d’une ferme, Orwell dévoile des vérités qui transcendent les époques et les gouvernements. Cette œuvre, bien plus qu’une simple critique du stalinisme, comme on l’a souvent cru à tort à l’époque où l’Union européenne n’existait pas, parle de l’être humain et de sa vulnérabilité face au pouvoir.


Orwell nous montre que le pouvoir corrompt, même les bien intentionnés. La vérité peut être réécrite par ceux qui contrôlent le langage, les médias et l’information.
Oubliant les 26 millions de morts russes, Kaja Kallas, commissaire de l'UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité de l’Union européenne et vice-présidente de la Commission européenne, va-t-en guerre extrême, affirme que ce sont les USA, à eux seuls, qui ont gagné la guerre contre le nazisme. Le reste est négligeable.
L’ignorance, l’apathie et le « je-m’en-foutisme » ne sont pas neutres : ils sont le carburant de l’oppression.
Lorsque nous cessons de penser, quelqu’un d’autre pense à notre place — et cette personne n’est presque jamais de notre côté.


Une résonance contemporaine


Aujourd’hui, "La Ferme des Animaux" est d’une actualité criante pour notre société européenne. Nous vivons à l’ère de la « post-vérité », où ce qui importe n’est pas ce qui est réel, mais ce qui semble convaincant.


Les élites médiatiques, politiques et économiques, perçues comme des « dirigeants aux ordres », exploitent cette dynamique. Les mots comme « justice » et « égalité » sont brandis comme des promesses sacrées, mais derrière ces discours bien articulés se cache un mécanisme de contrôle silencieux qui façonne nos pensées, nos émotions et nos choix, sans que nous nous en rendions compte.


Les réseaux sociaux, les bulles d’informations, les phrases toutes faites et les indignations fabriquées amplifient ce phénomène. L’inégalité, bien que déguisée ou justifiée, perdure.


Les schémas qu’Orwell décrivait, se répètent encore aujourd’hui : en politique, au travail, dans nos relations, et dans la manière dont nous acceptons en silence ce qui nous emprisonne.


La révolution des animaux commence avec de l’espoir, comme l’idée d’une Union européenne démocratique rapprochant les peuples. Mais elle se termine en une tyrannie mafieuse, où les cochons, devenus une copie exacte des humains, dominent.
Cette fin n’est pas seulement symbolique : elle est réelle. Orwell nous pose une question dérangeante :


« Vivons-nous déjà dans la ferme des animaux sans nous en rendre compte ? »


Orwell, visionnaire du langage et du pouvoir


George Orwell (Éric Arthur Blair 1903), n’était pas uniquement un écrivain. Il était un prophète moderne, un visionnaire du langage qui comprenait le pouvoir des mots comme armes de domination.

Ayant vécu les horreurs du 20ᵉ siècle, combattu dans la guerre civile espagnole et affronté la propagande, Orwell a vu de ses propres yeux l’émergence des machines de manipulation de masse, le révisionnisme historique et la perversion du langage par le pouvoir politique. Sa mission était claire : révéler la vérité, même au prix de tout.


Dans La Ferme des Animaux, publiée en 1945, Orwell livre une critique cruelle de l’autoritarisme déguisé en liberté. Il montre comment la tyrannie peut naître de l’intérieur, même avec de bonnes intentions.
Cette fable, comparable à du « Jean de La Fontaine » après l’heure, cache un manuel sur l’âme humaine et un avertissement sur la manière dont le pouvoir corrompt.


Dans son autre chef-d’œuvre, « 1984 », il introduit le concept de « double pensée », la capacité à accepter deux vérités opposées simultanément, une compétence essentielle pour survivre sous une tyrannie. Aujourd’hui, nous appelons cela « infox », « post-vérité » ou « polarisation », mais Orwell avait déjà tout décrit.


Un appel à la vigilance


Relire "La Ferme des Animaux" aujourd’hui, c’est reconnaître les fausses vérités, l’effondrement du sens critique et le rôle de l’éducation — ou de son absence — comme outil d’asservissement. Orwell ne parlait pas seulement des régimes totalitaires du passé ; il parlait de notre époque, de nos choix. Il nous met en garde contre notre tendance à obéir là où nous devrions penser.


Le but de la propagande est de faire passer un mensonge pour une vérité comme "Les russes n'ont pris que 1% de l'Ukraine". Ben Voyons !
Les médias, qu’il voyait comme un champ de bataille, jouent encore ce rôle aujourd’hui.
Et si tout ce qu’on nous promet comme liberté n’était qu’une nouvelle forme d’esclavage ?


Orwell nous pousse à nous interroger :


Sommes-nous éveillés, ou simplement en train de répéter ce qu’on nous a appris à croire ?
En comprenant son message, nous commençons à remarquer les schémas qui se répètent autour de nous. La Ferme des Animaux n’est pas qu’une histoire : c’est un appel à la vigilance, un rappel que lorsque nous renonçons à penser, nous laissons d’autres décider de notre destin.

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