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Billet de blog 9 janvier 2025

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Nos pseudo-démocraties prétentieuses et pitoyables

Trump a évoqué la possibilité d'annexer le canal de Panama et le Groenland qu'il qualifie de stratégique pour la sécurité économique des USA. Croyez-vous que l'Europe va envoyer des armes à ces peuples pour défendre leur souveraineté ?

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Trump a évoqué la possibilité d'annexer le canal de Panama et le Groenland qu'il qualifie de stratégique pour la sécurité économique des USA.

Croyez-vous que l'Europe va envoyer des armes à ces peuples pour défendre leur souveraineté ?

Croyez-vous que l'Europe aurait envoyé des armes aux Cubains si l’invasion américaine à la Baie de cochons avait réussie ? Il y aurait des bons envahisseurs et des méchants envahisseurs ? Pourtant, en 1959, le peuple cubain avec Che Guevara se souleva contre le régime fantoche corrompu de Bastita à la solde des Américains. Ceux-ci, trois ans plus tard, en 1962, comme tous les pays du Monde, comme la Russie aujourd’hui, ne veulent avoir en aucune façon, des missiles nucléaires ennemis sous leur nez, à moins de trois minutes de leur capitale. Personne n'aimerait vivre avec un pistolet nucléaire sur sa tempe en permanence !


Le deal des missiles de Cuba était simple : j’enlève mes missiles en Turquie vous enlevez vos missiles à Cuba.
Seulement voilà, avec la chute du mur de Berlin, avec son néolibéralisme, le bloc occidental a gagné par KO économique, il est devenu hégémonique en imposant son pré-carré otanien de plus en plus vaste, sa mondialisation sur toute la planète. Il peut exiger ce qu’il veut, faire ce qu’il veut, même faire des sous-humains apatrides dans les pays baltes et en Ukraine puisque ce sont de très anciens méchants d’origine russe, imposer son diktat sur la planète, sa doctrine Monroe sur l’Amérique latine, aspirer, torpiller, anéantir l’Europe vassalisé.


Le deal Turquie-Cuba n’est plus qu’un lointain souvenir. Avec 6000 têtes nucléaires, pour éviter le pire, les méchants russes vaincus, ces dégénérés alcooliques ne peuvent même plus rien exiger, même pas une simple zone de protection de pays neutres à leurs frontières ou le respect des minorités russophones chez ses voisins. Ce privilège est réservé au vainqueur du Monde Libre, du Nouvel Ordre mondial. Le Mexique et le Canada, pays neutres par excellence, n’ont plus qu’à bien se tenir. Pour eux, toute accointance autre qu'US est proscrite sous peine d’interventions militaires. On tue sans sommation, sans droit international. Ainsi, avec ses 800 bases militaires dans 117 pays, le Monde Libre est en guerre en permanence depuis 80 ans, il peut tuer à volonté. Le premier vaincu qui bouge, qui relève la tête, qui ose se rebiffer, doit être neutraliser violemment pour éviter toutes récidives et pour montrer l’exemple aux autres révoltés. Le camp du BIEN a tous les droits, même anéantir, selon lui, presque toute l’humanité remplis de méchants ruskof, chintok, bougnoules, basanés, niakoués, cocos, etc..
C’est du racisme et de la folie pure. A l’instar des suprémacistes, cela ressemble à ces fous religieux qui pensent qu’ils sont les élus de Dieu et qu’ils ont tous les droits. Eux seuls peuvent apporter la lumière sur Terre. On est loin du monde multipolaire se respectant et travaillant ensemble pour résoudre les nombreux défis de l’humanité.


Avec sa grossièreté pour ne pas dire plus, Trump dit tout haut aujourd’hui ce que d’autres, comme les Démocrates, faisaient tout bas hier machiavéliquement. Cela a le mérite d’être clair, de soulever le tapis sur des comportements inadmissibles pour de vraies démocraties. Alors chez nous, tous curateurs aux ordres, les grands prêtres politiciens, journalistiques, économiques de la doxa néolibérale mondialiste se retrouvent tous nus. Ils font semblant de pousser des grands cris d’orfraie. Quels comédiens ! Quels hypocrites !  Les plateaux de télévision, les médias regorgent d'artistes de la manipulation. On vient de leur dérober l’estrade sur laquelle ils hypnotisaient les masses, les gogos qui croient au père noël, aux contes de fées.


Je m’y inclus car j’ai cru naïvement au conte de fées du traité de Maastricht. J’ai même bataillé avec des amis dans des discussions interminables. J’ai honte de ma naïveté, de ma bêtise. Je m’en veux comme un enfant de cinq ans qui vient de comprendre que ses parents lui ont raconté des carabistouilles.


Aussi, ma femme et moi avons pris en 2005 un jour de congé pour étudier le TCE (traité établissant une Constitution pour l'Europe). Le matin nous étions pour le « Oui » et le soir nous étions pour le « Non ». L’attrape-nigaud se trouvait, bien caché, dans les annexes du TCE.


Nous les héritiers des droits de l’humain, des lumières, devant nos gesticulations théâtrales, le monde nous méprise, le monde se rit de nous. La liste de nos renoncements à géométrie variable est longue. Nos irresponsabilités, nos fainéantises, nos insouciances engendrent les catastrophes planétaires, les tueries de masse, les millions, les milliards de morts. L’Histoire est écrite d’avance par nos dénis, par nos mensonges, nos irréalismes.


Dans les soi-disant pays du BIEN, loin des inquisitions, des ostracismes, des anathèmes, des méthodes pseudo fascisantes, il n’y a qu’une manière pour faire adhérer des individus, des peuples, c’est l’EXEMPLE avec un dialogue démocratique parfois tendu, une conduite irréprochable, une justice exemplaire, un respect des autres.
Bref, une conduite d’un saint ou d’une sainte ou encore d'un Gandhi ! Pas un seul reproche !


C’est l’EXEMPLE spirituelle, l’EXEMPLE démocratique, etc...


Dans un monde d’incohérences, on ne combat pas le Mal par le Mal, on ne combat pas l’ostracisme par un autre ostracisme, on ne combat pas la violence par une autre violence.
Même si cela semble efficace à court terme, tout est vain et contreproductif à long terme. L’Histoire en est la preuve. Les anarchistes ne diront pas le contraire.


Où est la démocratie exigeante qui devrait se propager par adhésion fraternelle comme un souffle de liberté qui met les peuples opprimés en marche dans le respect de chacun, dans des échanges équitables.


Au lieu de cela, dans la cour de récréation, vis-à-vis des pays en voie de développement, comme une meute de chasse à courre, nous avons été, et nous sommes toujours, les plus ignobles petits roquets aux ordres d’un caïd, les plus infâmes petits Chihuahuas aux ordres d’un gros bouledogue qui nous a lâchés et nous demande de renter à la niche et de faire le beau une main dans la poche. « Le Sherif est en ville » (J.D. Vance - Munich).
Il était de coutume, jadis, pour garder son hégémonie, qu’il nous arrosa de milliards de dollars d’ingérence redistributive, d’argent sale non traçable du trafic de drogue via des officines de bienfaisance comme l’USAid. Un comble pour des institutions à l’origine humanitaires [..]. Maintenant, gardant le même logiciel, tellement aveugle, tellement stupide, on se retrouve tout nu, hébété, assommé.


« C’est pas du juste, les caïds mafieux sont méchants. Je vais le dire à la maîtresse. »


Nous sommes des enfants de grande section de maternelle jouant à la démocratie dans la salle de classe martyrisant les tous petits dans les classes d’à côté alors que dehors les grands se battent à coups de conflits indirects, en fomentant des coups d’état, à coups de chausse-trappes géniales, massacrants au passage des peuples innocents ; Vietnam, Rwanda, Ukraine, etc.. Des millions de morts pourquoi ?


Pour prouver leur bonne foi devant la communauté internationale, pour garder leur pré carré, le mensonge et la manipulation des masses assujetties sont à leur paroxysme. Pour ne pas finir comme Cuba qui tient toujours tête, dans une Europe lobotomisée, vampirisée, dilapidée, désindustrialisée, mise à la découpe avec rétrocommissions, nos serviles dirigeants en sont réduits à supprimer, un à un, tous nos acquis sociaux, à trouver un coupable idéal, à faire les fonds de caisse en demandant de travailler plus, à demander l’aumône des puissances financières, etc..


Même notre personnel politique obséquieux change, comme par hasard, au gré des mandatures américaines. Allégeances, courbettes, ronds de jambes, mains baladeuses dans le dos et sur les genoux, tout y passe. C’en est grotesque !

L’Eurocratie des marchands a fait main-basse sur tous les pouvoirs des nations ; politique, juridique, médiatique, économique et bientôt militaire et peut-être nucléaire.
En France, de l’extrême Gauche à l’extrême droite via l’extrême centre, acteurs de théâtre hyper-convaincants pour cacher cette dictature soft, nos institutions nous font croire que les pouvoirs existent toujours ; les fameux contes de fées.


Voyez-vous sur les plateaux de Télévisions des européens pour une autre Europe, des souverainistes des nations, n’ayant pas fait allégeance à cette Eurocratie financière ?
Le pire c’est que celle-ci joue avec ces idéalistes stupides et escroqués. Elle les laisse survivre pour un temps faisant des votes défouloirs à la marge. Mais quand le défoulement devient un danger, l’élimination est bien réelle via des prétextes fallacieux ou en standby comme ingérences étrangères, fraudes fiscales, corruptions avérées, viols aggravés d'agents secrets, kompromat, pédophilie, etc..
Chaque dictature invente ses propres systèmes d’éliminations.

Est-ce encore de la démocratie quand un candidat favori du peuple roumain, gênant pour l’Eurocratie sans peuples et nos bases militaires, est emprisonné et éliminé ?


Est-ce encore de la démocratie quand 13 millions de citoyens ont voté en toute confiance, pendant 40 ans, pour des partis défouloirs maintenant majoritaires, ne servant à rien ? Mettez-vous à la place de ces citoyens escroqués ! Leur vote inutile n'a jamais compté, à ranger dans l’abstention. Et à chaque élection, on s’étonne pendant quelques minutes du problème démocratique avec un taux d’abstention élevé, très vite oublié !


Depuis les années 2000, on ne vote plus « Pour » mais « Contre ». A chaque fois, comme un troupeau de moutons guidé par des chiens de berger hyper-vigilants, des forces obscures financières,  juridiques et médiatiques nous dictent le tableau de départ et nous envoient dans leur solution, à grand renfort de manipulations.


Dans ce monde injuste, dans cet archipel français, pour ceux qui refusent de s’abstenir, ces partis défouloirs bidons ne sont que le résultat de nos inconséquences, de nos compromissions, de nos lâchetés, de nos égoïsmes, de notre refus d’affronter les problèmes.


Qu’on se le dise : dans cette Eurocratie inhumaine, il n’y a de places que pour ceux qui ont fait une vraie allégeance, qui ont montré patte blanche.
Le tournant libéral français en 1983, le naufrage de Syriza en Grèce, sont les mises aux pas violentes et implacables du système, faisant d'innombrables détresses humaines, des morts invisibles.


C'est triste, c’est notre monde. Nous aurions pu être en Europe un modèle, un EXEMPLE pour la planète si nous n’étions pas devenus des consommateurs idiots !


Et, dans un déni monstrueux, irresponsable, allant vers un désastre monumental, comme des fourmis inconscientes faisant leur job, tout le monde s’en fiche. On ne peut même pas en parler autour de soi sous peine de casser l’ambiance provisoire ; le « Qu’est-ce qu’on y peut » avant « Le chacun pour soi ».

Le pire, c’est que beaucoup sont très contents du système actuel voyant l’apogée de la démocratie libérale resplendissante, de la fameuse mondialisation heureuse. Le reste n’est que complotismes et dictatures diaboliques.


Voir mon billet « Albert Jacquard : Les gavés du Nord.  Médiapart »

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