François Bayrou est tombé dans un piège, mais à l’envers de ce qu’il croyait - un piège machiavélique, la surestimation.
Le pressentant, j’avais pourtant prévenu le 7 mars dernier ; « Et si le Modem était la quatrième force politique ? » - No réponse -.
Comme Ségolène avec sa grosse colère décalée lors du débat, ayant compris malheureusement trop tard, F. Bayrou, avec une peur panique devait faire un gros coup d’où la lecture en urgence du livre de Dany le Rouge et l’élaboration d’arguments d’attaque lamentables (déjeuners + histoires vieilles de 50 ans). La peur a inhibé son self-control et nous a découvert un autre homme qui a dû souffrir pour traverser tous les déserts. N’est pas Mitterrand qui veut.
Malheureusement les confessions et les contritions ultérieures sont encore plus déconcertantes. Le « côté batailleur » fait sourire. Ce n’est pas à la hauteur de la catastrophe. Les branches de rattrapage se cassent une à une.
Le Modem battait de l’aile depuis les municipales et les sénatoriales. Faut-il le rappeler ; le Modem, agrégation d’électeurs esseulés en 2005, n’est que l’émergence d’un refus de la gauche de la Gauche d’être responsable et d’assumer ses choix, laissant le PS faire n’importe quoi et Sarkozy arriver au pouvoir. Les citoyens – certains – ont décidé de rentrer en Résistance, de ne plus se laisser mener en bateau.
Les écœurés, nouveaux adhérents du Modem, faute de replis sur autres choses, tenaient à un fil. Pour eux, F. Bayrou, malgré ses défauts, n’ayant pas le charisme de Jean Lassalle, n’était pas pire que les autres. Avec une image d’homme nouveau, ayant bien évolué, intègre et authentique, peut-on condamner quelqu’un sur des soupçons ? Ne pouvant l’approcher, replié derrière sa structure de parti, personne ne pouvait sonder ses intimes convictions. Toutefois, un doute, une peur d’avoir été floué une nouvelle fois, s’insinuait tout doucement dans les esprits.
Pourtant, ce désastre était prévisible. C’était mathématique. Sachant qu’un très grand nombre d’adhérents actifs ne se mobilisaient plus, - voire sont partis-, prenez 17% à la présidentielle + 40% de votants à cette européenne, les 14% étaient largement surestimés. Tout fonctionnait, comme bien des fois, sur une machine de guerre accaparant des électeurs gavés de médias – la méthode Coué : on est fort parce qu’on dit que l’on est puissant, LE PS est fort parce que c’est le parti de Jaurès et de son histoire, on va réussir, car on ne peut pas échouer, etc..
Dans l’hypothèse d’une campagne terne et sans éclats, une non-campagne, avec des bobards, de l’inversion de sens, de l’emploi de mots flatteurs, de la rhétorique et de la démagogie dans tous les camps, les sondages ont donc donné au Modem, depuis longtemps, un poids important, bien trop important. Alors, j’attendais le piège. Si le pire ennemi de Sarkozy c’est lui-même, pour Bayrou c’est ses non-dits et son autoritarisme interdisant toutes remarques de ses proches – trébucher par son propre aveuglement, son propre isolement et son stress. Ah ! qu’il est beau l’argument facile et sentencieux de la sarkozie ! Avis aux contrevenants, si le Modem est tombé, c’est à cause de son anti-sarkozisme primaire ! Alors pourquoi "Abus de pouvoir" s'est-il si bien vendu ?
Le plus effrayant sont ces nombreux politiciens de tous partis, jeunes et moins jeunes, tous vieux dans leur tête, sortant d’écoles juridiques, économiques ou science-politiques apprenant, avec cynisme, à manipuler, à faire cracher, à plumer le client pigeon ou l’électeur gogo. Ils en sont même à parlementer sur les teasings les plus accrocheurs, les plus vendeurs. Nous sommes dans un système de castes avec, en bas, les intouchables corvéables à merci – la populace méprisable – et en haut d’innombrables chapelles. On a, avec le dédain et la haine qui vont ensemble, l’intelligencia avec les intellectuels, le bling-bling avec la jet-set, la mafia avec les crapules, les artistes avec le showbiz, les journaleux avec les journalistes, les anti-Tout avec les fanatiques, etc... – société figée, société sclérosée, société communautariste -. Un système à bout de souffle ouvrant les portes aux nationalismes et à la catastrophe. La crise économique actuelle n’en est qu’un des effets collatéraux. Ce n’est, hélas, que le début. On ne parle pas de ces 80% de gens entre 18-35 ans qui n’ont pas voté. « Cela ne sert à rien, les choix sont déjà faits ». On ne parle pas de cette future union entre le PPE et le PSE pour contrer les anti-européens - « A quand un parlement européen avec plus d’anti-européens en son sein ? A quoi ça sert l’Europe ? C’est fini. » L’Europe s’effondrant dans une abstention record, ouvre les portes aux mafiacraties libérales et ouvre les bras aux extrême-droites. Et tout le monde s’en fiche.
Maintenant, il ne reste plus qu’à espérer qu’une fois encore, en attendant que ces Gauches refusant de réagir au lendemain du « NON » se réveillent, qu’« Europe Ecologie » ne soit pas un agrégat d’électeurs esseulés ! Si non, on repart de nouveau pour un tour à vide. Trois ans, c’est court et c’est rien. On risque de tourner longtemps. L’Histoire se rappellera de 2007, trop de gens, déléguant la politique à des professionnels sans contrôle, ont cru que le sarkozisme faisait parti de l’alternance classique Gauche-Droite, - grossière erreur - .