(Texte écrit le 01 avril 2006)
Il y a 20 ans, Chirac nous proposait la méthode Thatcher : tôt ou tard nous serions forcés de suivre la marche forcée vers le libéralisme économique, quitte à bafouer les grands principes de solidarité, d'équité, de citoyenneté qui fondent notre république.
A cause de ce CPE, goutte d'eau faisant déborder le vase, nous sommes aujourd'hui dans un nouveau combat de résistance à la destruction totale du contrat social; une défaite ouvrirait encore plus la porte à des décennies d'anéantissement et de servilité.
Le président, élu grâce au réflexe républicain au deuxième tour après avoir exploité, avec la complaisance des média, quelques faits divers bien choisis à la veille du premier tour, se devait d'être à l'écoute du peuple afin d'acquérir une légitimité. Or, il est sourd et aveugle : on nous a donc volé notre élection.
Ce président de la république n'est que le reflet des élites déjà converties à la marchandisation généralisée des biens et des services, qui en fait, donc, une république bananière n’ayant plus aucun contre-pouvoir, sauf celui de blogs et de quelques rares média.
Il a décidé de déclarer la guerre à la masse laborieuse en la précarisant, en l’humiliant, en la dissolvant : un CDI 20 heures par-là, un CNE par ici, une tournante annuelle de CPE pour des emplois non qualifiés de manutentionnaires. Comme pour la sécurité sociale pompée par certaines professions libérales sans scrupules, la chasse aux aides publiques et aux niches fiscales est ouverte. La prise en otage de la Politique.
Comme Pétain, en capitulant sans scrupules et sans honneur, il range la politique française au rang d’une ambassade des marchés financiers internationaux : une reddition effective, marché de dupe, faisant croire que la France garderait son train de vie et ses engagements démesurés, juste pour donner l’illusion d’un monde démocratique heureux et non-décliniste.
Le personnel de l’entreprise France, en devenant une "ressource humaine", a été déchu de sa citoyenneté et a perdu sa dignité, au bénéfice des multinationales qui en ont fait une variable d'ajustement de leurs profits.
Quand donnera-t-on seulement le droit de vote aux actionnaires et aux entrepreneurs, seuls véritables acteurs économiques de la nation ?
Quand refusera-t-on le droit de vote et de référendum à ces veaux incultes, à ces esclaves des temps modernes drogués de consumérisme et de surinformation, piégés et enchaînés virtuellement ?
Pour virtualiser la France sur la scène internationale, il faut des élites qualifiées et déshumanisées : de vrais petits robots bien formatés, matheux, stratégiques et psychorigides sortant tous des mêmes écoles. Ils ont en commun :
- le même vocabulaire limité (« respectons le suffrage républicain », « respectons le client », « j’entends, j’écoute, je respecte », « bonjour », « au revoir »),
- le même sourire commercial, médiatique et méprisant,
- la même courtoisie décalée et hautaine («pour répondre à votre question cher Monsieur… »),
- la même rigidité impressionnante (« je vous donne l’ordre de.. » ),
- le même self-control malgré les rictus, le même mensonge décomplexé.
Ils sont partout, dans toutes les administrations, dans tous les postes économiques et stratégiques. Dans cette caste fermée, dans cette OPUS-DEI civile, aucun n'a le souci de la collectivité, du bien commun, et de la transparence.
Ils nous considèrent comme des conservateurs, des particularistes centrés sur leurs acquis. Ces "anti-CPE" seraient : soit des casseurs, soit des réactionnaires apeurés, soit bientôt des TERRORISTES. En passant sournoisement en douce puis en force, ils ont simplement peur qu'on leur casse leur monde.
Eh bien ! OUI ; nous sommes entrés en RESITANCE : la révolte du peuple. Nous ne sommes pas de la chair à canon pour cette guerre économique. On attend plus que l’étincelle d’un appel du 18 juin pour un monde réellement libre, ouvert aux autres.
A quand, des leaders nous annonçant la GLASNOST salutaire, reconquérant le cœur des français, libérant ainsi la Politique ?
le 01/04/06