Jean Mézières

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Billet de blog 10 septembre 2008

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Notre nouvel état totalitaire.

Texte écrit le 17/02/2007 sur mon ancien blog.

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Ecrit le 17/02/2007 sur mon ancien blog.

La France a deux gros problèmes liés entre eux: la perte de son tissu industriel qui nous donnait des excédents commerciaux indispensables à nos équilibres et des élites homogènes, surnuméraires, se cooptant, se reproduisant entre elles pour préserver leur caste.


Et comme dans cet effilochage, les places sont de plus en plus difficiles à trouver, c'est le sauve qui peut général. C'est la création d'emplois de complaisance hyperqualifiés en surnombre qui écroule par voie de conséquence notre performance. Sur plusieurs dizaines d'exemples, prenons en un seul : le fiasco Airbus avec son A380, encadré par ces spécialistes Normes ISO, Charte de Qualité, Retour d'Expérience, nouveau management etc.


Comme des capitaines de navires, aux ordres d'un grand ordonnateur, nos patrons de grandes entreprises se font berner par leur propre cour qu'ils ont installée selon le principe de PETER. Après avoir donné un cap, en bons patrons consciencieux, soucieux de vérifier par eux-mêmes le résultat de leur choix, ils contrôlent simplement la position du soleil et l'heure sur leur montre. C'est mal connaître ces "PETERiens" bougrement intelligents, transis de peur, qui sont capables de changer, en cachette, l'heure sur la montre du capitaine pour éviter de soulever le voile sur les dysfonctionnements à bord. Le naufrage d'Enron en est un autre exemple.

Alors sur le manque de résultats, au lieu de remettre en cause tous ses courtisans comme l'a fait Microsoft lors du développement difficile de VISTA, on lance à grand renfort de ressource humaine, de publicité, la démarche "AppétiX" pour redonner goût au travail. Le téléphone arabe fonctionne tellement mal entre la passerelle et la salle des machines que les cinq pauvres malheureux marins machinistes (bac +3 s'il vous plait) sont pliés de rire à ne plus pouvoir travailler devant cette pléthore de jeunes hautement diplômés, convaincus, incrédules et vexés.
Avec cette consanguinité élitocratique, nous sommes au stade prérévolutionnaire des années 1780. Cherchez dans les classes politiques, médiatiques et industrielles les relations surprenantes au sein de nos élites françaises. D'après eux le problème vient de la paresse des masses laborieuses. Il faut les remettre au boulot ou faire une croix dessus et externaliser au plus vite pour préserver les profits restants.
"Un état totalitaire vraiment efficient […] aurait la haute main sur une population d'esclaves qu'il serait inutile de contraindre, parce qu'ils auraient l'amour de leur servitude" (le Meilleur des mondes - Aldus Huxley).

Un état totalitaire vraiment efficient aurait la haute main sur une population victimisée, humiliée, en dénaturant sa parole, ses expressions, ses mots de vie et d'espoir, en lui galvaudant ou discréditant ses symboles, en vidant de sa substance ses valeurs comme "égalité des chances", "dialogue social rénové", "développement durable", "fracture sociale", "rupture". En la faisant travailler jusqu'à 67 ans, elle passerait, ainsi, de la vie active et à la maladie d'Alzheimer sans rien comprendre.

Déjà en 1995, via son directeur de campagne, Chirac nous parlait de cette fracture, de cette spécificité française, pour mieux nous aveugler. Quand quelqu'un parle avec nos mots, nos sentiments, on ne peut le soupçonner de nous abuser.
Si, avant 1789, la force guerrière et le pouvoir despotique suffisaient pour soumettre un peuple à l'agonie, il faut maintenant user d'autres méthodes bien plus diaboliques, pernicieuses et cyniques pour soumettre un peuple qui se retrouve, avec un niveau intellectuel et culturel jamais atteint, dans un pseudo esclavage consumériste. En 2002, l'aveuglement des médias assoiffés de sang et de rentabilité, à trois jours du scrutin sur l'insécurité n'est pas fortuit. Il est bien plus facile de gagner quand on élimine son principal adversaire naïf et autiste avant même le premier tour. De même en 2006, comment croire à l'encensement honnête, tous médias confondus, de Ségolène Royal.

Il n'était que l'outil pour forcer la main, par sondages interposés, aux adhérents socialistes qui allaient tomber dans le piège. N'ayant pas fait leur autocritique, sans repères idéologiques précis, ils se sont retrouvés dans un cercle infernal.

De même aujourd'hui, comment ne pas voir le mitraillage médiatique éhonté‚ sur cette pauvre candidate si peu assurée, si peu charismatique, naïve et angoissée. Les ficelles sont un peu grosses.

A qui la faute? Les bons sentiments socialistes respectables ne font pas bon ménage avec le machiavélisme des Spin docteurs de la caste au pouvoir.
Faudrait-il employer des méthodes Blairistes, Bushistes ou Poutiniennes?
G. W. Bush a été capable d'envoyer un courrier personnalisé à chaque électeur américain en le piégeant avec mansuétude sur son train de vie et ses particularités?
Poutine a été capable d'utiliser stratégiquement les retombées d'un attentat terroriste.

Qu'on se le dise, Nicolas Sarkozy nous aime, il veut notre bien, il est prêt à nous aider directement. Cher Monsieur X, si vous votez pour moi, vous gagnerez une baisse d'impôt (pour les riches) et je vous débarrassais de toute la racaille qui vous entoure. Et cela fonctionne.
Le problème Ségolène Royal résolu, un cessez le feu partiel va s'installer. Malheureusement quand on joue avec le diable, on déclenche des phénomènes imprévisibles; le réel danger, inattendu, vient de François Bayrou qu'il faudra museler, censurer, ridiculiser et "guignoliser" au plus vite par tous les moyens. L'encerclement, en détournant les médias, en les faisant courir sur un seul point futile et dérisoire est un autre moyen aussi efficace.
François Bayrou! Combien de divisions? Combien de propositions? etc..

A moins de créer une guerre artificielle externe ou une révolte téléguidée, brutalement réprimée dans les banlieues, la supercherie ne dure guère longtemps: tout au plus une dizaine d'années. C'est toujours cela de gagné en attendant le déluge écologique. Comme les américains ou les anglais, il ne nous restera plus que la piteuse gueule de bois, des richesses disparues dans des paradis fiscaux, des dettes abyssales et les regards accusateurs de nos enfants.
Il nous faut reconstruire une vraie démocratie en mettant des règles simples et efficaces.
Cela peut aller de l'interdiction de faire rouler des camionnettes publicitaires: agression visuelle et écologique, en passant par la création de véritables services publics bien gérés et interdits à la spéculation financière, jusqu'à donner à ses adversaires politiques, gage d'honnêteté, le contrôle de la cour de compte et le contrôle parlementaire du budget de l'état.
le 17/02/2007

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