Anne Lauvergeon et nos déchets nucléaires.
Madame, à la manière de Bruno Donnet du Grand Journal sur Canal+, je voudrais vous poser une « putain de mauvaise question ».
Je vous cite sur le plateau de la même émission: « Areva, c’est le leader de l’énergie sans CO², Nucléaire renouvelable…. ».
Puisque vous dites que nos déchets nucléaires sont renouvelables, que les résidus de votre retraitement de La Hague s’en vont, in fine et en partie, en Russie se faire ‘re-enrichir’, quelles colles hyper-performantes utilisent les russes pour ressouder les deux morceaux de noyau d’uranium engendrés par la fission et ainsi reprendre le chemin inverse (8000 km) vers la France pour refaire du combustible pour nos centrales ?
Qu’ils puissent extraire les noyaux lourds non abîmés et nous les renvoyer sous forme de gaz; cela se conçoit. Mais pour le reste je suis dubitatif.
Au fait, votre client EDF paie-t-il les russes pour garder nos déchets ou les retraiter pour en récupérer 10% et laisser le reste chez eux ?
Il semblerait que tout ne soit pas aussi beau dans votre monde de l’énergie « Nucléaire Renouvelable ».
Certes, les villages du Cotentin, rayonnants, hyper bien équipés, sont beaux, bien fleuris et biens bitumés.
Rayonnant de tranquillité et de bonheur, bien sûrs !
Si, comme le disent vos experts, votre radioactivité est dans le bruit de fond de la radioactivité naturelle, J'ose espérer que le taux de cancer est dans un niveau naturel dans ces lieux hautement granitiques !
Un peu de physique, alors faisons simple !
Un neutron frappe un atome lourd de plutonium ou d’uranium enrichi. Le choc scinde ce noyau en deux morceaux (nucléides) produisant deux neutrons supplémentaires et une grande quantité d’énergie. Les trois neutrons iront frapper les atomes lourds voisins et ainsi de suite. C’est la réaction en chaîne. Après quelques temps, si les neutrons ne rencontrent plus assez de noyaux lourds on change le combustible et on repart pour un tour. Sachez également que la France utilise aussi, comme combustible, du MOX ; mélange de plutonium et d’uranium appauvri.
On peut comprendre le retraitement qui permet de faire 1% de plutonium, 4% de déchets « ultimes » et 95% de déchets faiblement radioactifs.
Devant la complexité et les dangers, certains pays - et non des moindres comme les USA - ont abandonner ce retraitement.
Pour rappel, n’oublions pas que nos bombes nucléaires ont une durée de vie très limitée et qu'il faut les régénérer.
Chère madame, de grâce, n'omettez pas "Partiellement" voire "très partiellement" à la fin de votre phrase puisque le plutonium repart dans le MOX. Je ne souhaite pas que le syndrome de la sarkozite aiguë puisse vous toucher : dire la vérité en commençant une phrase et ne pas terminer celle-ci volontairement pour ne pas dire un gros mensonge si par inadvertance vous deviez mettre un complément ou un adverbe circonstanciel.
Remarquez qu’aujourd’hui cette sarkozite aiguë fait plus de ravage que la grippe A !
Malgré les pubs et les avertissements, les gens ne savent se protéger de ce mal-là.
"STOP à la sarkozite aiguë". Ceci est un message d'une vraie démocratie.
Bien à vous
Jean Mézières