Dans notre société actuelle, l’ère numérique a des effets secondaires non prévus y compris dans l’Amour.
Maintenant, l’être humain est scotché sur tous ses périphériques numériques au point de détruire à long terme sa santé mentale et physique. De nouveaux et jolis mots pompeux sont apparus en Novlangue comme "distanciel asynchrone" pour dire simplement "vidéo en ligne", etc..
En quarante ans, du bottin des P.T.T., du quotidien Ouest-France, on est passé aux smartphones, GPS, réseaux sociaux et Intelligences Artificielles Générales. On a tout ce que l’on veut en 3 secondes sauf l’Amour, le vrai.
En quarante ans, des MJC, des maisons pour tous, du catéchisme, des mouvements de jeunes JOC & MRJC, des colonies de vacances, des camps d’ado, on est passé à TikTok, Facebook, YouTube, Netflix. Agravé par le COVID-19 avec sa distanciation sociale, on ne se touche plus, on ne s’embrasse plus, on ne se serre plus la main. On ne se regarde plus les yeux dans les yeux. On ne s’engueule plus. On ne réconcilie plus. On a peur de l’autre. On a peur de ne pas être à la hauteur. On craint de se prendre un râteau. Alors on fuit en se réfugiant dans le numérique. Parfois, la solitude affective est tellement insupportable que les applications de rencontres sont nécessaires et peuvent faire de jolies rencontres allant jusqu'à une longue histoire d'Amour dans 10 à 15% des cas.
En quarante ans, des queues devant les guichets, on est passé en trois clics à une livraison en 24 heures sur les sites de commerce en ligne. On clique, on like, on commente, on décoche, on recoche, on swappe sur Tinder, on ghoste et on valide sans bouger ni les lèvres ni le petit doigt.
Quel changement ! Tout est chamboulé, même les relations humaines.
Tout semble merveilleux et pourtant tout est faux. C’est du cinéma, du théâtre. Hélas, il y a tellement de fric derrière tout ce business que nous, les Gogo-consommateurs, sommes les vaches à fric. Nous sommes hypnotisés, les deux pieds collés dans cette bouillie médiatique. Sans prise de conscience, sans réflexion, vaquant à nos petites occupations, nous vivons heureux comme des poulets de bassecour.
De nos jours, sur les réseaux sociaux, concernant la place de l'Amour, quand on voit tous ces vidéos idylliques ces séries extraordinaires, on ne peut qu’être inquiet. Qu’on le veuille ou non, inconsciemment, on angoisse, on se compare et on se trouve nul, pas riche, pas beau, pas au niveau. Frustré, on déprime si l’on veut courir après cela. Alors on se refait les seins, les fesses et les abdos à grand renfort de botox, de prothèses, de compléments alimentaires.
L’Amour entre deux individus n’a rien à voir avec ce que l’on voit. La vraie vie, les vraies relations humaines sont à chercher ailleurs.
Nous devrions tous effectuer un travail sur nous-même, sur nos émotions, sur nos pulsions pour s’élever de la bêtise et de la connerie humaine.
Encore faut-il le pouvoir ! Encore faut-il le vouloir !
Pour Spinoza, l'amour est une forme de joie accompagnée de l'idée d'une cause extérieure. L’amour passif est trompeur. Par égocentrisme, par narcissisme, il nous fait nous mentir à nous-même et aux autres. L’amour actif est une émotion que nous construisons par notre propre compréhension et notre propre volonté.
Aujourd’hui, tandis que les difficultés sont ignorées, les couples exposent une image idéalisée de leur relation, avec des voyages sur des îles paradisiaques, des moments de joie figés, des corps de rêve rebuildés, les soirées jet-set à paillettes. Cette façade crée une illusion d'un amour sans effort, toujours parfait, qui peut être toxique. Les conflits et les doutes, qui font pourtant partie de toute relation, restent invisibles.
L’Amour, c’est le respect de l’autre, le partage complet sans réticence, sans soupçon.
L’Amour, c’est la discrétion bien loin des réseaux sociaux, l’intimité, la connivence, la complicité, la communication quotidienne vraiment totale.
L’Amour, c’est la réconciliation sur l’oreiller après une dispute ou un dérapage.
L’Amour, c’est se faire confiance mutuellement et totalement, c’est voir et encourager, sans jalousie, son partenaire heureux dans ses activités individuelles, dans ses relations personnelles, dans ses relations de travail.
L’Amour, c’est « 1+1=3 », c’est le renforcement de chacun qui, à eux deux dit-on, peut soulever des montagnes ou pour le moins faire de belles choses. On touche presque à une certaine l'intrication quantique.
L’Amour, malgré les échecs antérieurs douloureux, c’est du « tout ou rien » et pour le tout c’est à fond. L’Amour ne se construit pas à moitié dans les non-dits, les ressentis biens refoulés. Aussi voit-on souvent du « 1+1=1 ½ ». On sent qu’il y a quelque chose qui cloche.
L’Amour, c’est une construction lente et fragile, vieillesse après jeunesse, jour après jour, année après année, décennie après décennie. Elle demande du temps, du courage, de l’effort, une entraide, une joie d’être à deux. Elle réclame un échange, un partage continue de ses émotions, de ses envies, de ses blocages.
L’Amour, c’est la fusion même s’il existe de l’amour platonique. C’est du travail d’artistes dans la sensualité, la danse, la fusion des corps où chacun découvre et se donne à l’autre.
Pour nous, on tire sur nos 50 ans de vie commune. Sachant que l’amour est une construction fragile, on s’est promis qu’une seule chose, vraiment qu’une seule, et rien d’autres :
Ne jamais se mentir même par omission sous peine de séparation.
Et cela a fonctionné.
Ah ! J’oubliais. Petit conseil ! Quand c’est possible, il faut toujours aller se coucher ensemble. Ainsi, on peut échanger sur tout et n’importe quoi. Et évidement, au minimum un petit bisou pour s’endormir est obligatoire.
Chaque chemin de vie est différent, alors avec courage, construisez le vôtre !