Jean-Michel M. (avatar)

Jean-Michel M.

Abonné·e de Mediapart

21 Billets

4 Éditions

Billet de blog 8 octobre 2019

Jean-Michel M. (avatar)

Jean-Michel M.

Abonné·e de Mediapart

Accaparement de l'eau en France.

Abondante et facile d'accès il y a peu encore, l'eau tend à se raréfier et se voit accaparer de plus en plus, en été lors des périodes de sécheresse, par un lobby agricole tout puissant.

Jean-Michel M. (avatar)

Jean-Michel M.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'eau, condition de toute vie sur Terre, est un bien commun à l'humanité. Dans les régions désertiques, l'homme a appris à partager cette ressource unique et fragile afin que tous en profitent équitablement. En Europe et en France, l'impact du changement climatique se fait toujours plus cruellement ressentir en été. Entraînant des sécheresses catastrophiques. L'eau se fait donc accaparer à son tour pour l'usage exclusif d'un seul type d'agriculture.

2019 a connu un été particulièrement chaud, le troisième été le plus chaud depuis le début des mesures en France. Les cours d'eau et les nappes phréatiques ont atteint des niveaux historiquement bas et la nature en a souffert. 86 départements ont fait l'objet de mesures de restriction d'eau, des communes ont été approvisionnées en eau potable par des citernes.

Au plan national, les scientifiques annoncent que la ressource en eau sera globalement plus imprévisible, que nos cours d'eau verront leur débit diminuer de 10 à 40%, et que les précipitations se réduiront de 20% en période estivale d'ici 2050. leurs prévisions sont de plus en plus pessimistes.

En Nouvelle-Aquitaine, le rapport Acclima Terra prévoit une tension sur la disponibilité des eaux superficielles et souterraines sous l'impact de la hausse des températures, de l'air comme de l'eau, et une augmentation d'événements extrêmes comme les sécheresses de ces derniers étés et des précipitations incertaines.

Cette tension sur l'eau induit rareté certaine et pénurie chronique avec tous les risques que cela comporte. Nous devons dès aujourd'hui faire des choix afin de gérer cette rareté : économiser l'eau, prioriser ses usages et découvrir de nouvelles solidarités ou continuer de refuser de nier l'urgence en nous tournant vers des solutions bien peu durables qui mettent le bien commun qu'est l'eau sous la coupe d'intérêts particuliers.

C'est ce dernier choix que font des exploitants agricoles en construisant des "Bassines", pudiquement appelées retenues de substitution par leur promoteurs qui ne souhaitent en fait que préempter la ressource en eau pour l'usage exclusif de l'agriculture industrielle. Ces projets s'amoncellent dans les préfectures de Nouvelle-Aquitaine, Pays de Loire, Centre -Val de Loire et, depuis peu, en Bretagne. Le ministre de l'Agriculture veut multiplier leur nombre sur le territoire en l'espace de trois ans. Un chiffre hors-sol à la seule destination de la production intensive de maïs.

Or, ces "bassines", loin d'être de la taille de nos récipients de cuisine, sont des infrastructures géantes ayant chacune la taille de dix à vingt terrains de foot-ball. Elles sont remplies l'hiver en pompant dans les nappes phréatiques, seules garantes de nos approvisionnement et du cycle de l'eau. Là où elles existent déjà, les sécheresses arrivent plus tôt, les rivières se transforment en lits caillouteux et inertes sur des centaines de kilomètres.

Cette solution de court terme pour seulement un petit nombre d'acteurs privés rencontre un rejet grandissant sur les territoires au même titre que le modèle d'agriculture qu'elle pérennise. Une agriculture productiviste, industrielle, qui fait le choix du rendement que celui de l'humain et de l'environnement. Une agriculture majoritairement vouée à l'export dont la valeur ajoutée sur les territoires est minime. Et pourtant cette agriculture prétend s'approprier la première des ressources vitales de ces territoires.

Un système agricole complètement fou hérité de ce qui se fait aux USA...

Sources Reporterre dont je joins en lien l'intégralité de l'article.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.