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Billet de blog 15 novembre 2015

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La France doit faire évoluer sa politique au Moyen-Orient

Cette fois, on ne pourra plus se contenter de défilés. Au-delà de l’émotion et de la compassion, bouleversantes à Paris comme aux quatre coins de la planète, un débat doit s’ouvrir très vite sur la politique de la France au Moyen-Orient.

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Cette fois, on ne pourra plus se contenter de défilés. Au-delà de l’émotion et de la compassion, bouleversantes à Paris comme aux quatre coins de la planète, un débat doit s’ouvrir très vite sur la politique de la France au Moyen-Orient.

La politique de la France dans cette région du monde était d’une très grande clarté depuis un demi-siècle, du Général De Gaulle à Jacques Chirac, en passant par Giscard d’Estaing et Mitterrand. Une belle continuité de la part d’hommes d’Etat de tendances politiques différentes !

Cette politique est devenue totalement illisible.

Avec le recul des années, la prise de position de la France contre la guerre en Irak, si souvent évoquée ces dernières années, apparaît d’autant plus géniale et courageuse ! Pourquoi avoir abandonné ce cap d'une politique indépendante ? Alors que les initiatives américaines au Moyen-Orient ne cessent de déstabiliser la région depuis Bush et ses mensonges d'Etat sur les armes de destruction massives, pourquoi avoir rejoint ceux qui, sous couvert de vengeance et de leçons de démocratie, n’ont cessé d’installer la guerre et le chaos dans une région tellement complexe ?

En nous plaçant dans la roue de l’Amérique, en virant dans un antipoutinisme primaire, en choisissant de surcroît de nouveaux alliés  privilégiés pour des raisons économiques, Qatar et Arabie saoudite, nous nous sommes progressivement placés à l’opposé de la politique traditionnelle de la France. La réintégration de l’OTAN en avril 2009 n’y est pas étrangère, en contradiction avec la politique d’indépendance nationale qui était conduite depuis 1958.

Nous nous battons en Syrie contre deux ennemis à la fois, une situation inédite, et soutenons en plus des rebelles que l’on dit proches d’Al-Qaïda !  Comment nos frappes contre le terrorisme pourraient-elles être efficaces ? Si nous nous étions battus en même temps contre Hitler et contre Staline, nous n’aurions jamais gagné la guerre. C’est l’alliance avec l’URSS, notamment la victoire de Stalingrad, qui a permis de renverser le cours des choses et de vaincre le fascisme.

Pour lutter contre le terrorisme, la France doit faire évoluer sa politique au Moyen Orient, quoiqu’il en coûte à nos dirigeants. Parler aujourd'hui avec Bachar el-Assad n'interdit pas que demain les Syriens choisissent d'autres dirigeants. Les négociations internationales en cours visent à ouvrir la prespective d'élections. Mais ne perdons pas de temps. Plus le dialogue avec tous les opposants à Daesh sera intense, plus la lutte contre le terrorisme sera efficace. Et en Europe, la France doit dénoncer les Accords de Schengen, vieux de trente ans, totalement inadaptés à la situation présente.

La solidarité et l’émotion sont des réponses importantes au terrorisme, mais elles ne peuvent être les seules réponses.

On ne peut décréter l'unité nationale. Elle se prépare, s'organise. Elle ne doit pas interdire le débat. Celui-ci est plus urgent que jamais.

La vidéo suivante date de 2014. J’ai pensé qu’elle était d’une très grande actualité. Six minutes éblouissantes de Dominique de Villepin. Les propos tenus nous invitent à la réflexion, toutes tendances politiques confondues, au lendemain d’évènements dramatiques.

http://www.dailymotion.com/video/x26sp1d

PS Ce blog est réservé aux sujets économiques mais compte tenu de la gravité des évènements je m’autorise cette exception !

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