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Billet de blog 30 juin 2014

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Juncker Président : la dérive de l'Europe

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La désignation de Jean-Claude Juncker pour la présidence de la Commission a vraiment quelque chose de surréaliste, d’indéfendable. Lors des élections européennes, tous les observateurs, quelle que soit leur grille de lecture, avaient conclu à  un désir de renouvellement profond. Le PPE avait gagné les élections comme en 2009, mais cette fois d’une très courte tête avec seulement 12% des inscrits, compte tenu du vote protestataire et des abstentions. Au sein même du PPE, un désir de renouvellement s'était exprimé. Face à Jean-Claude Juncker, Michel Barnier avait obtenu 39% des voix lors du congrès de Dublin.

Les dirigeants des Etats membres à qui il appartenait de choisir le président de la Commission en tenant compte du résultat des élections, comme le précise le Traité, ont fait le choix d’une parfaite continuité. Jean-Claude Juncker est le symbole même de cette continuité, lui qui a rédigé le Traité de Maastricht, qui a piloté les missions de la Troïka dans les pays en difficulté,  qui a défendu tout récemment encore le respect strict des critères budgétaires en dépit de la menace déflationniste et qui, bien que fédéraliste, s’est opposé à toute harmonisation fiscale.

Avec cette désignation, Angela Merkel vient de démontrer de manière éclatante son influence sur l’ensemble européen. Tout au long du processus de désignation, du congrès de Dublin au Conseil européen d’Ypres, sa main invisible a veillé à ce que demain rien ne change, à ce que l’homme en charge de la Commission soit un fidèle de la politique qu’elle défend en zone euro, la politique d’ajustement par les dévaluations internes.

Ceux qui se félicitent aujourd’hui de la défaite cinglante de David Cameron feraient bien d’y réfléchir à deux fois. Un départ du Royaume Uni de l’Union européenne, inimaginable il y a encore quelques années, aurait des conséquences très graves pour l’avenir de l’Union. Faut-il rappeler que deux pays, le Royaume Uni et la France, contribuent de manière déterminante à  la défense de l’Europe ? Faut-il rappeler qu’une finance peu régulée aux portes de l’Union créerait un appel d’air dévastateur avec la certitude de nouveaux excès ?

La nomination de Jean-Claude Juncker montre que l’Europe n’a rien appris de l’histoire récente, qu’elle refuse d’entendre l’appel des citoyens à une réorientation. Dans cette lente dérive fort peu démocratique, une petite lueur d’espoir apparaît toutefois. La France et l’Italie ont fait entendre leur voix à Ypres. Timidement.

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