Depuis la Libération, la politique familiale est une des composantes essentielles du modèle social français. Une « masse de granit » aurait dit Napoléon… Elle s’exprime à travers le versement des prestations familiales, la politique fiscale, le développement des crèches. Le dynamisme de la démographie française, dans un pays que l’on dit parfois dépressif, n’a pas d’autre explication. Les experts nous disent même que la population française pourrait rattraper la population allemande d’ici 2050. Nombre de pays évoquent ainsi la politique familiale française comme un modèle. Si l’on voulait bien accepter de regarder notre pays autrement que sous le seul prisme déformant des critères de Maastricht, on verrait que notre politique familiale est une force économique et sociale dans une Europe qui décline.
Dans ces conditions, la batterie de mesures que vient d’annoncer le gouvernement en matière de politique familiale est inquiétante. Faisant suite à d’autres mesures, c’est le modèle social français qui commence à être sérieusement ébranlé. Baisse d’un tiers du quotient familial en deux ans, réduction de moitié du congé parental pour la mère, division par trois de la prime à la naissance, toutes ces mesures et quelques autres relèvent davantage d’une offensive assez musclée que de petits coups de canifs. La méthode utilisée est habile car elle ne supprime rien mais réduit petit à petit les avantages. Il n’est pas sûr que les Français soient dupes de la manœuvre car à chaque fois c’est le pouvoir d’achat qui est atteint.
Ces mesures strictement financières ne sont pas vraiment des réformes de structure. Ce sont des mesures purement financières qui s’inscrivent dans le cadre de la politique de dévaluation interne mise en œuvre pour sauver la monnaie unique. A défaut de pouvoir dévaluer, la France traite son problème de compétitivité par la réduction des coûts salariaux et sociaux. Pour quel résultat ? Les déficits continuent à se creuser et la dette publique ne cesse d’augmenter. Lorsque la croissance s’approche de zéro les rentrées fiscales s’amoindrissent. Est-on bien sûr qu’il n’y a pas d’autre politique possible ?